L’Inde a pris une décision majeure en matière de souveraineté alimentaire ce vendredi 25 août 2023. Le pays, premier exportateur au monde de riz, vient d’interdire les exportations de cette céréale afin d’assurer la stabilité des prix dans le pays, au tout moins d’éviter leur envolée.
Rappelons le contexte : des élections doivent se tenir début 2024, et le Premier ministre indien, Narendra Modi, veut absolument éviter tout dérapage des prix sur ce qui constitue la base de l’alimentation de la population indienne. Des prix qui ont d’ailleurs déjà progressé de 11,5 % sur un an et de 3 % le mois dernier, à la suite de fortes moussons ces dernières semaines.
Une précision importante : cette interdiction ne concerne pas le riz basmati, mais les conséquences à attendre n’en restent pas moins inquiétantes car la décision de l’Inde englobe environ un quart de ses exportations.
Les tensions sur le marché mondial du riz inquiètent, mais ce ne sont pas les seules….
Cette décision intervient dans un contexte global de grande fragilité pour la sécurité alimentaire mondiale, notamment du fait des menaces russes sur les importations de blé ukrainien. Il n’a pas fallu trois jours après la décision russe de fermer le corridor de la mer Noire, pour que les prix du blé bondissent de 13 %.
Et comme une catastrophe n’arrive jamais seule, il faudra aussi compter en 2024, avec les effets dévastateurs d’El Nino, ce phénomène météorologique qui va à nouveau entraîner des épisodes de fortes chaleurs et de sécheresse en fin d’année, notamment dans la région indo-pacifique.
Ce sera, on s’en doute, l’un des grands sujets de débat de la réunion qui s’ouvre ce lundi à Rome à la FAO, l’organisation de l’ONU pour l’alimentation et l’agriculture, et où se trouvent réunis plus de 160 pays.
Faut-il craindre que d’autres pays suivent l’exemple de l’Inde ?
Cette crainte est déjà une réalité. La Guinée a décidé le 19 juillet de bloquer elle aussi ses exportations de riz, de pomme de terre et d’huile de palme, pour préserver là encore sa souveraineté alimentaire. Et l’Inde avait déjà procédé à un blocus de ces exportations en septembre 2022.
On le comprend, le plus gros risque, qui pourrait conduire à des famines dans certains pays, est que ce repli sur soi se généralise au nom d’une souveraineté alimentaire qui ne fait qu’aggraver les tensions sur les prix au niveau mondial. Une certitude se dégage de tout cela : la mondialisation que l’on disait « heureuse » est bien derrière nous / place à la souveraineté économique, pour le meilleur, mais peut-être aussi pour le pire.
Source : radiofrance.fr