L’Institut d’Art Oratoire de Guinée est situé à Tombolia dans la commune de Matoto précisément à Conakry. Notre reporter est allé à la rencontre du Directeur général dudit institut, Nero Lancinet Camara. Objectif, connaitre entre autres, la genèse dudit institut, ses programmes de formation et les perspectives. Dans un ton dépourvu de la langue de bois, N.L. CAMARA a accepté de nous accorder cet entretien exclusif, au cours duquel nous avons suivi quelques cours en développement personnel. Lisez !!!
Lavoixdupeuple.info : Qui est Nero Lancinet Camara ?
Nero Lancinet Camara est spécialiste de l’art oratoire, professeur d’éloquence à l’université française de Guinée. Mon métier consiste à aider les entrepreneurs, décideurs politiques, salariés, étudiants, activistes et autres, à développer leurs compétences oratoires afin d’être à la fois capables de convaincre et de persuader leur public. Je suis fondateur et directeur général de l’Institut d’Art Oratoire de Guinée, une première école spécialisée dans l’enseignement de la prise de parole en public dans ce pays de l’Afrique de l’Ouest.
D’où est venue cette initiative de créer un Institut d’Art Oratoire ?
Au plus profond de moi. De mes expériences. De ma passion pour la parole. Tout jeune déjà, j’étais quelqu’un de très persuasif. Cela est connu de tous mes amis d’école. Du collège au lycée, je fus Vice-président puis président des élèves. A notre époque, il fallait impérativement savoir convaincre les autres pour qu’ils votent pour toi et c’est comme ça que j’ai obtenu la majorité des suffrages.
Pour certains, mon art oratoire était un don. Pour d’autres, le fruit de la lecture. Entre ces deux suppositions, il y a une similitude de réalité. En outre, révéler l’idée de mettre en place cet institut serait de le rendre moins utile dans la mesure où l’on ne peut vraiment donner à la parole sa valeur intrinsèque. Imaginez-vous que serait la vie sans la parole ? A la maison on parle, à l’école on parle, au bureau on parle etc. On ne peut donc malheureusement pas retrancher la parole dans nos rapports ; c’est notre alliée fétiche. Bref, c’est surtout à cause de mon amour indescriptible pour mon pays car je me suis dit eu égard aux écoles d’art oratoire dans d’autres pays, qu’il était en tant que spécialiste du domaine et après tant d’années d’exercice du métier de formateur en art oratoire , impératif de créer aussi chez moi en Guinée un institut d’art oratoire.
Quelles sont les matières qui sont enseignées au sein de cet institut ?
Sachez en deux coups de cuiller à pot qu’à l’Institut d’Art Oratoire de Guinée, ce sont 14 modules enseignés et qui s’articulent tous autour de la parole et du leadership.
Quelle est la composition de votre siège ?
Nous avons, comme vous le voyez, un espace convivial composé d’une salle d’accueil, d’une salle de formation totalement climatisée, d’une cuisine pour la bouffe (rires), d’un studio qui porte le nom d’une personnalité médiatique guinéenne, de mon bureau et des toilettes. Et nous disposons de tous les matériels relatifs à une meilleure formation de nos orateurs.
Premier institut en art oratoire, quelle autre particularité de votre Institut ?
La particularité de notre institut se situe d’abord dans notre façon de faire, nos expériences et l’adaptabilité de nos formations à nos cibles. Chaque personne qui vient à l’institut repart complètement fière d’elle. D’après notre récent sondage, 98% de nos étudiants affirment entre le deuxième et troisième jours de la formation avoir atteint l’objectif pour lequel ils se sont inscrits à notre école. Vous demandez-vous comment ? Le secret de ce score est lié à notre méthode : beaucoup de pratique et un peu de théorie. Avant que nous ne venions en formation, je dis à mes collègues ceci : les gars, le miracle se passe ici en formation, pas chez eux ; donc faisons tout pour que leurs désirs soient exaucés.
Quels sont vos points forts au travail ?
La bienveillance, un savoir-faire à la hauteur de la rigueur, l’exemplarité. Le respect de ces choses fait que nos clients repartent foncièrement satisfaits.
Qu’avez-vous fait qui démontre de l’initiative ?
Avec notre partenaire le cabinet Orenx, c’est plus de 5.000 personnes évoluant dans divers secteurs que nous avons formés en Guinée au développement personnel et à la prise de parole.
Où vous voyez-vous dans 3 à 5 ans ?
Oh ! Que je suis rêveur ! Avec certitude, une référence en Afrique.
Quel accompagnement souhaiteriez-vous obtenir avec le gouvernement pour atteindre votre objectif ?
Pas spécifiquement un accompagnement comme vous le croyez, mais une collaboration. L’Etat doit contribuer à la formation de ses fonctionnaires et nous sommes là pour les aider dans ce sens. Il y a des centaines de milliers de gens au sein de la fonction publique qui peinent à dévoiler leurs idées dans leurs services respectifs et l’Etat doit leur venir en aide parce qu’un fonctionnaire qui ne sait pas exprimer clairement ce qu’il pense et avec une certaine structure est un risque pour la croissance du pays. La parole est à l’instar des autres sciences un art qui s’apprend. L’Institut d’Art Oratoire de Guinée est en tout cas ouvert à toute collaboration avec l’Etat.
Quel regard portez-vous sur les discours des leaders politiques guinéens ?
J’ai un regard sans concession sur les interventions des leaders politiques. Parfois, je suis contrarié quand j’écoute les discours de certains hommes politiques guinéens ; ça ressemble à un coup de fusil devant un jeune-homme de l’axe Hamdallaye-Bambéto-Cosa. Aucun effet exercé sur le public et en carence totale d’un body-language à la hauteur de la dignité de la cause. C’est une nécessité pour eux qui ambitionnent de gouverner de se faire former en technique de la prise de parole aujourd’hui. L’institut d’Art Oratoire de Guinée délivre dans ce sens des formations de grands maîtres de discours susceptibles de permettre à n’importe quel politicien de soulever les foules.
S’il y a deux choses à apprendre pour devenir un bon orateur, que nous donnerez-vous comme conseils ?
Premièrement, c’est d’arrêter de croire que ceux qui sont bons à l’oral le sont de façon innée, ça s’apprend. A Athènes, il y avait un homme qui écorchait les mots, il est connu de tous : Démosthène. A force de s’entrainer à mieux articuler les mots admirablement avec des galets dans la bouche, il s’est immergé dans le panthéon de l’art du discours.
Deuxièmement, c’est d’éviter le bavardage. Isocrate disait ceci : « L’éloquence est le refus de la grandiloquence ». Donc, faites-en sorte que ce que vous dites soit intéressant.
Votre mot de la fin !
La parole est devenue l’unité de mesure de compétences. On est évalué sans cesse à l’oral. Quand vous partez pour trouver un travail, on vous soumet un test que l’on appelle « entretien d’embauche »… il n’y a pas un domaine qui faisait exception à cette règle. Il faudrait donc que les gens assainissent d’urgence leur éloquence et vous savez quel est l’endroit idéal. C’est sans détour à l’Institut d’Art Oratoire de Guinée, situé à Tombolia près de la station BTN. Contact : +224 627 59 59 47.
Propos recueillis par Oumar M’Böh pour Lavoixdupeuple.info
+224 622 624 545