Le Ministre de la Jeunesse, de la Culture et des Sports de la Guinée Bissau, Augusto Gomez a bien voulu accorder à notre rédaction, le vendredi 23 Décembre 2022, une interview. Au cours de cet entretien exclusif réalisé dans son bureau sis au Palais du Gouvernement, monsieur Gomez qui dit être soutenu par le Président Umar Cissoko Embalo et de ses collègues ministres, a abordé les questions relatives au fonctionnement de ce département qui englobe trois principaux secteurs essentiels dans la vie d’une nation à savoir : « la Jeunesse, la Culture et le Sport », dont il dit en être conscient et déterminé à atteindre les objectifs. C’est pourquoi, sans hésitation aucune, il a expliqué les actions menées par son équipe depuis leur arrivée à la tête de ce département, celles en cours et les perspectives. Malgré le faible budget alloué à ce département, il reste optimiste et compte utiliser d’autres créneaux pour la réalisation de leurs plans d’actions à la satisfaction des différents acteurs déjà identifiés.
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Bonjour monsieur le Ministre de la Jeunesse, de la Culture et des Sports, de la Guinée Bissau et merci d’avoir accepté notre sollicitation pour cette interview.
Bonjour monsieur le journaliste, je vous remercie pour cette opportunité et de votre déplacement et je suis à votre écoute.
Monsieur le Ministre pour commencer, pouvez-vous nous rappeler quand est-ce vous avez été nommés à la tête de ce département ?
Merci. Nous sommes là depuis janvier 2022. Mais j’étais déjà dans le gouvernement. J’ai été d’abord, ministre des Transports et de la Communication, mais avant j’étais Secrétaire d’Etat à la Coopération Internationale au Ministère des Affaires Étrangères.
Bien, vous ferez bientôt une année à la tête du Ministère de la Jeunesse, de la Culture et des Sports. Pouvez-vous nous dire quelles sont les actions que vous avez réalisées depuis votre nomination en janvier 2022. Puisque nous tendons vers la deuxième année ?
On a commencé notre mission ici en remplaçant le Secrétaire d’Etat à la Jeunesse et des Sports. Il a fait ici un très bon travail. C’est ce travail qu’on a continué. Dans un premier temps, on a fait un diagnostic du secteur pour mieux connaître la maison, puisque c’est un Ministère très vaste avec trois casquettes. La Culture, la Jeunesse et les Sports, c’est l’essentiel du pays. Donc, pour travailler dans ces trois sous-secteurs, il fallait se rapprocher des compétences. On a organisé plusieurs rencontres partout à travers le pays dans le secteur de la jeunesse, on a visité des structures, les sièges des associations de jeunesse, on a parlé avec des leaders pour comprendre dans quelles conditions ils travaillent et quels sont leurs principaux défis. Ensuite, on a essayé d’établir avec eux, un compromis de travail visant à partager toutes les informations et travailler dans une seule Direction pour établir ce qui à mon avis est le plus important, la Paix, l’environnement de la Paix dans les institutions et le renforcement de la confiance entre les décideurs politiques et les structures de jeunesse, notamment des leaders de cette jeunesse ; mettre sur la table toutes les situations et travailler de façon concertée pour y faire face. Nous avons fait la même chose avec le secteur des Sports. On est parti jusqu’à organiser une conférence nationale sur les sports fédérés. On a recensé les problèmes, car partout il y avait des soucis et on a profité de cette conférence, on peut dire de ce dialogue national pour reconnaître et rendre hommage à tous ceux qui ont travailler dans ce secteur, parce que vous n’êtes pas sans savoir que le pays a connu aussi du succès dans le football, où l’équipe nationale a participé à trois successives au championnat d’Afrique et elle se prépare pour participer au championnat de 2023 qui se jouera en Côte d’Ivoire. Et, cette équipe est deuxième dans son groupe après le Nigéria. Malgré ces résultats, il y a des difficultés qu’il ne faut pas occulter. On a fait la même chose dans le secteur de la Culture. Les musiciens, les artistes. On s’est rapproché de tous ces gens-là pour travailler, avoir leurs expériences au sein du ministère de la jeunesse, de la culture et des sports, où des décisions politiques sont prises afin d’améliorer tous ces secteurs.
Au jour d’aujourd’hui, on peut dire que dans le secteur de la culture, on a pu travailler jusqu’à arriver à une perspective, à un résultat qui va nous amener à la candidature de la ville de Bissau au réseau des villes internationales créatives de musiques au niveau de l’UNESCO. Et faire aussi le recensement de notre patrimoine culturel immatériel pour le valoriser. Ça va beaucoup changer dans le secteur de la culture, du tourisme, c’est toute une économie qui va connaître des améliorations. Donc, c’est un dossier qu’on vient de valider au niveau du Conseil des Ministres, on va l’implémenter. Dans un mois déjà, on aura le carnaval de Bissau. Ce sera un grand rendez-vous culturel pour notre pays. Ce carnaval sous régional connaitra la participation de plusieurs pays ; à cette occasion, la gastronomie africaine, européenne, américaine sera également partagée. Dans la jeunesse, nous sommes toujours dans la dynamique chaque jour de travailler pour renforcer la capacité des jeunes à participer au développement de notre pays. Premièrement, participer à l’amélioration de l’environnement politique du pays, en mettant en valeur le dividende démographique et en même temps travailler pour l’établissement et la fidélisation de la Paix. C’est une ressource, c’est-à-dire la pérennisation de la Paix en Guinée Bissau. La ressource la plus importante que le pays doit essayer de valoriser, c’est la Paix. Le pays ne pourra nullement se développer sans la paix et c’est la jeunesse qui a cette responsabilité de chercher, garder et fidéliser et valoriser la paix qui règne dans notre pays et partager cette paix avec la jeunesse des autres pays notamment de la même Afrique que nous avons ensemble, en commençant par les pays voisins de la sous-région à savoir, le Sénégal, la République de Guinée, la Gambie. Parce que vous n’êtes pas sans savoir que notre Président Umar Cissoko Embalo est le président en exercice de la CEDEAO, et il se bat pour la Paix, donc, la jeunesse de la Guinée Bissau doit accompagner leur président dans cette mission qui est une mission très importante. Nous souhaitons qu’avant la fin de sa mandature à la tête de cette institution, qu’une dynamique soit implantée en Guinée Bissau qui pourra influencer positivement toute la population en matière de Paix.
Donc, d’où l’acceptation de la tenue de la 4èmE édition du forum du Mouvement Panafricain des Leaders (MPL), dont le thème est : « Paix et Sécurité en Afrique, la contribution de la jeunesse » ?
Effectivement, on vient de recevoir ce forum très important qui j’espère que ça va améliorer la façon de faire de notre jeunesse et renforcer leur volonté de travailler. Et nous sommes derrière cette jeunesse pour l’accompagner dans ses projets. Le but c’est de travailler avec eux et par eux pour la continuité de notre futur. Les jeunes de la Guinée Bissau veulent la qualification, de l’emploi et une meilleure vie dans leur propre pays, ces besoins de la jeunesse constituent les défis du gouvernement. Car, la jeunesse d’un pays doit toujours être la priorité et cette priorité ne doit pas rester dans les discours, elle doit être mise en pratique à travers des actions concrètes en faveur de cette jeunesse ; montrer la volonté politique du gouvernement envers cette jeunesse, faire en sorte que cette jeunesse participe de façon directe dans les activités économiques du pays en lui donnant de l’emploi, l’espace, des moyens nécessaires pour développer leurs activités. Car, cette jeunesse est aujourd’hui capable surtout avec l’avènement des nouvelles technologies qui gouvernent le monde. C’est pourquoi, nous nous sommes impliqués au côté de cette jeunesse pour recevoir toutes les délégations des pays qui ont bien voulu venir partager leurs expériences avec notre jeunesse. Une jeunesse que nous avons pu accompagner durant tout le forum malgré les crises économiques que traversent le monde. Et nous sommes satisfaits des résultats obtenus.
Monsieur le Ministre, vous gérez un département à trois casquettes, est-ce qu’on peut avoir une idée du budget alloué à ce département ?
C’est très faible. Ce n’est même pas la peine de le dire. C’est presque oublié dans l’ensemble. Mais on est quand même fier avec l’accompagnement du gouvernement, on sait que notre réalité économique était très compliquée. Le gouvernement a besoin de faire un financement à l’économie, mais de l’autre côté, on a des problèmes : comment peut-on avoir des garanties pour avoir ces financements ? Donc, nous avons en ce moment l’accompagnement du Fonds Monétaire International (FMI) et on espère que d’ici fin janvier 2023, on aura un programme fini et validé avec eux. Ce programme va permettre au pays d’accéder à des financements lourds pour l’économie. Donc il faut qu’on incite l’économie à produire la richesse. Et nous allons structurer des projets dans les secteurs de l’agriculture, de la pêche et du tourisme. Et si le gouvernement arrive à organiser des coopératives de jeunes dans la production, le transport et la transformation et la vente, toute la jeunesse de la Guinée Bissau trouvera de l’emploi et on fera appel aux jeunes de la sous-région pour être employés ici en Guinée Bissau. C’est cette idée que j’ai proposée en Conseil des Ministres, et je suis convaincu qu’elle sera prise en compte, parce que j’ai un accompagnement et la solidarité du gouvernement et de l’accompagnement très proche de son Excellence, le président Umaro Cissoko Embalo qui considère le secteur de la Jeunesse, comme secteur prioritaire.
Vous avez parlé de la phase d’identification assez de défis, est-ce que vous avez déjà recensé le nombre de groupes de jeunes avec lesquels vous allez travailler ?
Non, nous avons une structure de la jeunesse du pays, qui est le Conseil National de la Jeunesse (CNJ), avec lequel nous travaillons pour être proche de tout un réseau national de la jeunesse. Ce conseil est allé dans tout le pays, ses membres ont recensé tous les défis, besoins, tous les problèmes et toutes les potentialités des jeunes. C’était au mois d’août 2022. On a organisé aussi une rencontre nationale avec les différents réseaux de jeunes. Les jeunes se sont rassemblés aussi à l’occasion du 5 décembre, la Journée internationale de Volontariat et on a parlé sur les stratégies de valorisation et le renforcement des capacités des jeunes pour participer au développement de notre pays. Donc ça, il y a déjà une voix. Nous pensons continuer à travailler avec eux, jusqu’à arriver à un résultat satisfaisant. Est-ce qu’on peut avoir une idée du nombre de jeunes employés au sein du gouvernement ? Je n’ai pas ce chiffre. Mais je sais que cet aspect est un véritable problème dans notre pays. On peut affirmer que la plupart des jeunes n’ont pas d’emplois. Tout ce que les jeunes ont aujourd’hui comme emploi, ce sont des emplois politiques. Ils sont partout dans les Ministères, parce qu’ils faisaient la campagne des leaders de partis politiques, mais ils ne sont pas quand même enregistrés comme des employés et qui sont payés, ce sont des assistants sans aucun salaire donc pas des fonctionnaires. Il faut que le gouvernement renforce la capacité du secteur privé à travers des jeunes. Le pays a besoin de renouveler son paysage d’entrepreneuriat et ça on doit le faire avec les jeunes que nous avons en leur créant un fonds de garantie dans les différents secteurs que j’ai cité ci-haut.
Une grande vision de votre part pour le Ministère de la Jeunesse, de la Culture et des Sports. Quel est votre plan d’action opérationnel à court, moyen et long terme ?
Nous avons un programme dit programme d’émergence. Nous attendons des élections législatives d’ici juin2023, le gouvernement est en train de structurer un programme. On prépare un cadre jusqu’aux élections. Le gouvernement qui va sortir des élections va avoir un programme. Mais déjà pour la jeunesse, il y a un programme au niveau de notre Ministère, nous pensons continuer accompagner les jeunes à travers la création des conditions d’échanges entre eux, mais aussi renforcer la capacité des jeunes en leur donnant des formations sur le plan local, tout comme en les envoyant à l’étranger pour apprendre les expériences d’autres jeunes. Je pense le faire avec la Côte d’Ivoire, la Turquie, et la Corée du Sud. J’ai déjà parlé avec mes homologues de ces pays. Une dizaine de jeunes iront dans ces pays pour apprendre et revenir partager ces expériences avec leurs frères et sœurs de la Guinée Bissau. Une manière de donner la possibilité à nos jeunes de pouvoir développer leurs idées pour participer au développement de notre pays.
Développement, Paix et Jeunesse, quel message à l’endroit de cette couche juvénile pour la promotion de la Paix et le développement de votre pays ?
La jeunesse c’est la garantie du développement du pays. La jeunesse c’est le facteur principal pour la Paix. La jeunesse doit vivre la Paix. Donc, ça se fait avec les actions. Je demande aux gens d’arrêter de réclamer, mais de venir sur le terrain, de travailler dans le sens qu’on ait des élections dont les résultats produisent des institutions telle que l’Assemblée nationale qui va travailler à ce que les jeunes soient une priorité, parce que c’est la population qui choisisse ses dirigeants et la majorité de cette population-là c’est la jeunesse. Donc, elle doit participer au processus de ces élections législatives prochaines. La jeunesse doit travailler dans le volontariat. Le premier emploi d’un jeune, c’est sa disponibilité à participer de façon pratique dans son quartier, dans sa famille ou dans la ville où il est, participer aux travaux de développement social de son environnement ; participer aux discussions des principaux sujets du pays. Donc, la jeunesse doit toujours être un citoyen actif et se coller à la vérité, se coller à ce qui est structurant. La jeunesse doit renoncer elle-même pour participer à l’édification du pays ; être cette jeunesse panafricaine, celle qui travaille pour son frère, pour son pays, pas une jeunesse d’individualisme avec des opportunités.
Nous sommes au terme de cette interview, votre mot de la fin monsieur le Ministre ?
Pour terminer, je vous remercie pour l’opportunité et pour votre disponibilité, votre appui à l’endroit de la jeunesse de la Guinée Bissau, votre appui au gouvernement en me donnant cette possibilité de s’exprimer sur nos relations avec les jeunes. Nous sommes conscients qu’il y a des difficultés, certes mais nous travaillons pour améliorer les conditions de vie et de travail des jeunes de la Guinée Bissau et de l’Afrique. Donc, nous vous remercions encore une fois pour votre travail remarquable durant tout le forum sur la paix et la sécurité, l’espoir est toujours là et bonne chance à tous.
Merci monsieur le Ministre.
Propos recueillis par Oumar M’Böh et transcrits par Ahmed Sékou Camara +224 622 624 545
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