C’est comme une réponse du berger à la bergère. Dans la soirée du 10 janvier 2022, le Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD) s’est fendu d’un comité au ton tout nouveau et tout beau. Face à la décision incongrue issue de la réunion à huis-clos des dirigeants d’Afrique de l’Ouest à d’Accra la veille, annonçant la fermeture de toutes les frontières des pays membres de la CEDEAO avec le Mali, la réplique de Conakry n’a pas tardé.
La junte militaire guinéenne qui dit n’avoir pas été consultée lors des dernières résolutions visant l’isolement du Mali, s’est voulue claire sans gronder ni frémir. Elle vient d’affirmer à la face du monde que le couple Guinée-Mali reste et demeure une entité globale qui ne saurait se couper.
Comme pour dire que toutes frontières entre les deux pays resteront ouvertes. Cette expression de solidarité à l’endroit d’un voisin qui n’est autre que l’un des poumons d' »un même corps » traduit la robustesse et le caractère quasiment inébranlable des liens d’amitié historiques unissant les deux pays frères.
Tous d’ailleurs membres d’une CEDEAO qui pour nombre d’observateurs avertis ne tient plus la route parce qu’ayant la triste réputation de soutenir la cause des Chefs d’États en lieu et place de celle des Peuples de plus en plus martyrisés par des dirigeants obnubilés par le pouvoir.
Derrière cette décision courageuse du CNRD qui réaffirme sans ambages la solidité du cuirassé Guinée-Mali, il y a un contexte politique d’une grande similitude qui appelle les deux États à s’unir davantage. En effet les oiseaux du même plumage s’assemblent, dit un proverbe anglais.
Pour devenirs plus forts les militaires au pouvoir au Mali comme en Guinée savent qu’ils sont condamnés à conjuguer le même verbe. C’est d’autant plus nécessaire que le CNRD et la Guinée qui s’isoleraient du Mali, ne sont pas eux aussi à l’abri de nouvelles sanctions disciplinaires plus sévères et même préjudiciables.
En attendant de connaître la suite de ce rapport de force Guinée-Mali et CEDEAO, il convient de noter que les dés sont desomais jetés.
Devant son incapacité à batir et consolider l’union monétaire, la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) peut à tout moment voler en éclats. L’environnement y est très favorable au regard de la déception quasi-généralisée des mandants.
Les pays membres de l’organisation sous-régionale ont encore le temps de parer à sa désintégration. Mais les Peuples n’en n’ont cure, se sentant abandonnés par ceux qu’ils espéraient les protéger il y a bien des années. Pendant ce temps les deux régimes militaires s’avancent doucement et la majorité les acclame.
Quittes à eux d’écourter la transition autant que possible et favoriser l’émergence d’un véritable Etat démocratique de chaque côté de la frontière.
Habib Thiam