Au terme d’une randonnée professionnelle, produit d’un turn over qui m’a conduit dans les méandres du Ministère de l’Information et de la communication de la République de Guinée et en ma qualité de haut cadre de l’administration publique au niveau central, ma vision et ma perception, au-delà de l’effectivité de la notion de liberté de presse, mon souci et mon attention ont toujours porté sur l’environnement nécessaire pour la promotion sociale des acteurs qui l’incarnent.
Il est indéniable qu’au sein de tout ce beau monde de la presse, le JOURNALISTE reste la figure tutélaire. Il le symbolise si bien que sa vie reste le parfait baromètre.
Aujourd’hui, de tous les challenges qui interpellent le monde de la presse, le sous emploi chronique caractéristique de plusieurs secteurs ou branches d’activités économiques en Guinée est un mal devenu gangrène . A cet égard, une attention particulière doit non seulement être portée sur le seul Syndicat d’employés de la branche professionnelle mais des différentes organisations patronales à travers les associations professionnelles de presse qui constituent les différents partenaires ou interlocuteurs de l’Etat.
Il ressort des analyses que le plein emploi passera inéluctablement par la création d’entreprises de presse performantes constituées par des investisseurs sérieux et attirant suffisamment de capitaux pour faire face non seulement à la concurrence infernale imposée par les enjeux liés au développement exponentiel du numérique mais capables d’offrir du travail et une vie décente aux multiples catégories socioprofessionnelles employées y opérant. Pour atteindre ce cap, un choix rigoureux sur les aspects qualitatifs devrait être vite fait. Pour y parvenir, renforcer davantage le dispositif d’octroi d’agrément à partir des cahiers de charges aurait dû être opéré très tôt.
Par ailleurs, l’État lui-même dans son soucis constant d’impacter positivement un environnement substrat des libertés fondamentales a déjà pendant mes services, réussi à anticiper par la mise en place d’un Fonds de Développement des Médias pour non seulement venir en soutien ( financement d’appoint ) à tout l’écosystème des médias du service public d’une part et d’autre part, par un appui durable et substantiel à certains maillons non négligeables de la presse privée au travers du cadre de concertation créé à cet effet dans le cadre des réformes conduites réussies sous la direction du Ministre sortant Monsieur Amara Somparé ( auquel j’exprime mes profondes gratitudes).
La présente opportunité offerte par la mise en place du Conseil National de la Transition (CNT) est l’occasion rêvée de prendre en compte quelques réformes tant au niveau des textes législatifs, réglementaires qu’au niveau institutionnel. Une relecture des Lois Organiques « 02 » sur la liberté de la presse et celle L/2010/003/CNT/ du 23 juin 2010, portant Attributions ( recentrer l’organe essentiellement sur sa fonction regularisatrice des médias et expurger ce qui paraît superfétatoire ou déjà conféré à d’autres instances ou entités administratives ), organisation, Composition ( retirer certains représentants dont les activités dans la pratique, intéressent peu la HAC et en intégrer par exemple: le Syndicat et des associations professionnelles outre que celles des journalistes, tout en tenant compte de toutes les catégories socioprofessionnelles énumérées et prise en compte dans la délivrance de la carte de presse) et fonctionnement de la Haute Autorité de Communication (HAC).
Enfin, la question centrale de la publicité vitale pour les médias a été réglée lors de mon passage. Désormais, est disponible, sous le leadership toujours du Ministre sortant Monsieur Amara Somparé, une avancée majeure, la finalisation de la rédaction sous ma présidence d’un avant-projet de code de la publicité qui comble des lacunes juridiques récurrentes de l’indépendance de notre pays jusqu’à nos jours. Cette réforme administrative est d’autant cruciale et historique qu’elle procure un réel environnement protecteur à toute la game variée d’acteurs qui pullulent le domaine très lucratif de la publicité, autrefois laissée pour compte en proie à une concurrence déloyale empêchant la constitution d’une expertise nationale pour une quelconque labellisation. Les recettes publicitaires et la redevance audiovisuelle étant des sources de mobilisation sûres et pérennes capables de soutenir la presse locale ont des orientations légitimes qui fondent leur justesse. Les médias eux-mêmes étant régie publicitaire par essence trouvent prochainement leur compte. Il reste cependant à trouver de solutions idoines, pour un soutien massif et réel à la presse écrite fortement menacée par un monde numérique sans cesse croissant et qui a tendance à rendre obsolète « la mère de la presse »!
Je termine ces lignes par déclarer haut et fort : pas de liberté d’expression pour une presse alimentaire! Et, régler les questions de survie de la presse guinéenne ne sont pas une sinécure mais plutôt un engagement sans conditions et un pari à réussir non seulement pour notre ancrage démocratique et pourquoi pas notre développement.
Souleymane Doumbouya Consultant Socioéconomique