« Le mot panafricain est désormais partout, je l’entends à Lomé, en Ethiopie, à Conakry etc. » s’est réjoui Dr Cheick Tidiane Gadio, Vice-Président de l’Assemblée nationale du Sénégal. C’était à Nouakchott, à l’occasion de l’ouverture officielle du forum panafricain des leaders.
L’ancien Ministre des Affaire étrangères du Sénégal de 2000 à 2009, Dr Cheick Tidiane Gadio a donné des leçons aux jeunes leaders venus de 25 pays du continent pour participer audit forum. Dans son discours d’une heure d’horloge, il a dit : « Quand vous (jeunes) croyez à quelque chose de fondamentale, il faut absolument agripper à vos convictions, ne jamais regarder ni les rétroviseurs, ni ceux qui vous attaquent. Et plus les attaques sont fortes, sont importantes, plus vous vous rendez compte que vous êtes sur la bonne voie. Parce que, si vous ne dérangez personne, si vous êtes dans le statuquo et que vous dites ce qui arrange les élites dominantes, personne ne vous attaquera. Mais on ne vous attaquera que parce que vous constituez un danger pour le statuquo et le statuquo est mauvais pour l’Afrique, le statuquo nous fait mal, il nous maintien en arrière. Le statuquo fait de l’Afrique le continent le plus pauvre du monde ou habitent les plus pauvres populations du monde. C’est absolument incohérent. Les africains doivent changer leurs mentalités et avoir des convictions fortes », a-t-il souligné.
Parlant des causes de l’immigration irrégulière des jeunes, Dr Cheick Tidiane Gadio s’interroge : « Qu’est ce qui arrive à nos jeunes africains pour qu’ils quittent leurs pays sans savoir où ils vont, comment ils vont y arriver ? Mais il est hors de question de leur dire de rester. Certains chiffres font état de 30 à 40 mille morts, d’autres parlent de 20 mille morts dans la Mer Méditerranée et dans le désert. Et ceux qu’on ne retrouve pas sont plus nombreux selon certains. Aussi, l’écrasante majorité qu’on retrouve n’est pas identifiée ou identifiable. Donc, c’est une véritable tragédie qui se passe dans notre Continent.
En plus de cette migration se sont greffés deux autres grands phénomènes, qui sont le recrutement de ces migrants dans des mouvements criminels djihadistes ou autres et plus grave la vente dans certains marchés publics des africains noirs. Ce qui est un cauchemar qui date du 18ème et 19ème siècle aux Etats Unis, au Brésil et ailleurs. Mais on croyait que cette pratique est révolue. Mais l’esclavage des africains noirs ici dans le continent africain en Libye sur des marchés publics, ce problème de migration devient un problème plus grave qu’on le pense, c’est inacceptable », s’est-il indigné.
Parlant des statistiques, Dr Cheick Tidiane Gadio dira que : « la plupart des migrants sont des jeunes disposant d’un haut niveau d’éducation à la recherche d’un emploi ; près de la moitié sont des femmes. Environ 80% des migrations africaines sont motivées par l’espoir de meilleurs perspectives économiques », a-t-il dit.
Pour lui : « aucun pays africain n’a réglé les fondamentaux du développement, car le premier point du développement dans tous les pays qui ont réussi à savoir l’Inde, le Japon, la Chine est l’Agriculture. Quel est ce pays africain qui a réglé son agriculture quasiment à 100% ? Quel est ce pays africain qui a réglé le deuxième fondement du développement qui est l’Education ? Quel pays africain a réglé la Santé de sa population ? Ou encore ses infrastructures ? » S’interroge le vice-président de l’Assemblée nationale du Sénégal.
Pour mettre fin à l’immigration irrégulière des jeunes, Dr Cheick Tidiane Gadio propose quelques pistes de solutions si elles prises en compte par les dirigeants africains, les jeunes pourront rester et contribuer au développement du continent africain : « on peut réussir en Afrique pour cela, les Etats africains doivent avoir le temps de former les jeunes cadres et les jeunes cadres qui n’ont pas bougé peuvent faire des start-ups, comme ils le prouvent au Rwanda, ils peuvent développer les économies. La fonction d’un Etat n’est pas d’être chef d’entreprise ou de créer des emplois pour les jeunes ; la fonction d’un Etat, c’est d’être un facilitateur, d’être juste, d’être équilibré entre toutes les fractions de la société, entre tous les secteurs qui demandent le budget de l’Etat et l’Etat fait des arbitrages. Les Etats africains doivent donner des moyens aux Ministères de la Jeunesse, aider les jeunes à ne plus être demandeurs d’emplois mais créateurs d’emplois ; créer des banques nationales pour aider ces jeunes. L’Afrique ne peut pas sacrifier la ressource la plus fondamentale qui est la jeunesse ; l’Amérique vieillie, l’Asie vieillie, l’Europe vieillie il n’y a que l’Afrique qui se rajeunie. Donc, l’Afrique n’a que elle-même à se rattraper, l’Afrique n’a que elle-même à rattraper », a-t-il conclu.
Oumar M’Böh de retour de Nouakchott pour lavoidupeuple.info
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