Dr Banah Sidibé a rendu l’âme ce dimanche 16 février 2025 à Conakry. La perte de cette icône est immense pour la Guinée et pour son village Foussén ( au sein duquel il est difficile de distinguer sa propres famille du reste).
Ancien ministre charismatique de l’habitat et l’urbanisme, puis des Travaux publics de notre pays, le schéma directeur urbain qui a tracé les transversales T1 à T10, la route Le prince à Conakry sont, entre autres, ces œuvres immortelles.
Mais c’était pour construire la remarquable école primaire de son Foussén natal, situé à 9km de la ville de Kankan, juste après Karifamoriah sur la RN 8 Kankan – Siguiri que mon chemin se croisa en 2006 avec celui de cet homme de rigueur et de constance qu’il fut, lorsque j’étais depuis 9 ans déjà le principal entrepreneur de l’ambassade du Japon en Guinée dans ses projets APT. Depuis cette date, entre nous, l’estime était devenue réciproque y compris avec les habitants de son village, pour deux causes:
D’une part, parce que j’avais réalisé dans les règles de l’art leur école et ses annexes. En effet, l’ambassade du Japon avait pris l’initiative de relancer avec moi dans certaines parties de la Haute Guinée le style architectural << soudano – sahelien >>. C’est ainsi qu’avant cette école à Foussén, j’avais construit déjà avec mon entreprise plusieurs édifices financés par l’ambassade du Japon en Guinée suivant ce style architectural, notamment de 2002 à 2005: le marché aux poissons à Dibida (Kankan); l’école primaire de Sanfina sur la RN 6 Kankan – Mandiana; le marché aux poissons de Kouroussa; la rénovation et l’extension de l’école primaire Tinkisso à Dabola et le centre de recherche et de vulgarisation de l’olacodiculture (agouti) de Bordo à Kankan.
D’autre part, Dr Banah Sidibé était à la fois un éminent technicien et profondément conservateur de ses valeurs traditionnelles. Cela faisait de lui un homme qui était réellement intégré dans les deux cultures. Pour témoignage, lors de notre première rencontre, il m’avait expliqué les fondements de l’amitié entre les Sidibé et les Konaté du village Foussén qui remonte de la période Samorienne, à travers deux vaillants guerriers: Banah Sidibé et Banah Konaté qui s’étaient jurés amitié et fidélité. Fier de cette valeur, feu Dr Banah Sidibé m’avait rassuré de bénéficier de ce lien inoxydable qui demeure entre nos deux familles à Foussén. Ce fut dit et accompli.
Feu Dr Banah m’avait affirmé un jour devant les siens qu’il me faisait profondément confiance à cause de l’harmonie et la constance entre mes dits et mes faits >>. Je savais qu’avec lui, c’était le prix à payer.
Feu Dr Banah Sidibé, architecte urbaniste aguerri, durant votre séjour ici-bas, vous avez bossé laborieusement pour arriver au sommet de la montagne où vous observiez à la fois plus loin et plus bas de vous, pour le bonheur de tous.
Vous vous êtes éteint, pas avec vos œuvres qui vous perpétueront parmi vos compatriotes.
Dormez en paix éternelle dans le paradis firdaws.
Balla Moussa Konaté, Ingénieur, chef d’entreprise en B.TP