Dans une tribune, Aïssatou BAH a attribué de mauvais qualificatifs à l’administration guinéenne qui selon elle est caractérisée par l’arrogance et le mépris que certains agents vis-à-vis aux citoyens qui sollicitent le service public. Elle n’oublie pas non plus les dérives (harcèlement sexuel, pot-de-vin) qui découlent très souvent d’une lenteur qui semble entretenue à dessein au sein de cette administration dont elle souhaite un changement.
L’administration publique guinéenne souffre de beaucoup de maux parmi lesquels la lenteur administrative combinée au manque de professionnalisme du personnel.
Le constat sur lequel tout le monde peut être unanimement d’accord, c’est la carence du service public rendu par l’administration guinéenne. Que vous soyez salarié, fonctionnaire, un citoyen lambda, pour obtenir un document administratif signé, une légalisation, recueillir des informations ou remplir des formalités, il vous faudra attendre des heures et des jours pour ceux-là qui sont chanceux et bénéficient d’une recommandation du haut sommet. A défaut, il faudra patienter des semaines et des mois. C’est un sempiternel défilé.
Dans ce chemin de croix, les secrétaires administratifs, les assistants de directions reçoivent les bonnes gens en fonction de leurs humeurs avec un mépris sans égal. Ils/elles sont à longueur de journée accrochés à leurs téléphones, à des occupations extraprofessionnelles ou à jouer à autre chose que de répondre aux attentes de visiteurs qui ont tout laissé pour être-là.
Le comble, si vous avez de la chance qu’on vous réponde c’est pour vous dire que le Directeur est absent et revenez après pour vérifier un simple numéro d’enregistrement. Chaque petit commis veut jouer au cadre important qui n’hésite pas à vous inviter à son deuxième bureau, mais OÙ? Là, tout peut se signer et se négocier pour certains esprits faibles. C’est cela aussi les marques honteuses de notre administration aux responsables sans morale, sans éthique, ni vergogne.
Cette administration censée être au service du public est caractérisée par cette grande lenteur avec tout son cortège de frustrations, lot d’arnaques et le manque de professionnalisme de son personnel paresseux et arrogant. Ils ne sont ni accueillants, ni compétents moins encore serviable. Et ce, au su et au vu de leurs hiérarchies respectives. Ils sont là en permanence, astucieux à toutes les conditions de passe-passe, de pots-de-vin qui équivaut à votre urgence. A vous de les comprendre pour être satisfaits à temps ou de choisir d’être réglo pour attendre et faire les va-et-vient interminable. Eux, ils n’en ont rien à cirer.
Au regard de ce constat aussi choquant qu’écœurant qui n’honore pas notre administration à toutes les échelles, il est important de la réformer pour l’adapter aux exigences de notre temps. Ce qui devrait déboucher sur la mise en place d’une administration de pointe et proactive. Il faudrait pour cela lui doter de secrétaires de directions, agents et assistants bien formés et qualifiés aux missions de services publics.
En outre, il faut encourager l’excellence, la culture du résultat et le savoir-être dans les services. Aussi, la probité et le sens du devoir accompli. Informatiser notre administration à travers un système de gestion et traitement des demandes à distance afin d’éradiquer les pratiques corruptives demeure par ailleurs une nécessité absolue. Le tout dans un cadre d’esprit de travail avec des responsables à l’exemplarité irréprochable.
En tout état de cause, la lenteur administrative est devenue une gangrène le service public dans notre pays. Une infection qu’il convient de traiter de toute urgence, en s’attaquant à la racine du mal. Mais en attendant que cette réforme ne voie le jour, jouir d’un document administratif officiel en Guinée relève du parcours de combattant. Un calvaire sans fin. Pauvre de nous.
Aïssatou BAH
Universitaire et femme politique