Les organisations de la société civile ont fini par se dévoiler. Il ne leur reste plus aucune possibilité de rassembler. Elles s’éloignent de leurs objectifs. Lorsqu’elles se créent, elles disent toutes vouloir participer au développement du pays en sensibilisant sur les questions diverses. L’éducation, l’environnement, l’eau, la santé, la jeunesse entre autres. Elles prennent des engagements. Parfois auprès de l’État qui délivre les agréments, mais surtout auprès des institutions internationales qui les financent. Les institutions donnent de l’argent, souvent les yeux fermés. Elles attendent juste des rapports qui n’iront certainement pas dans tous les détails. Les organisations de la société civile, n’ont pas de temps pour s’occuper des questions qui les concernent.
Nous sommes en Guinée et depuis la transition de 2010, les ONG locales ont changé de vocations. Elles sont devenues toutes combattantes pour dit-on, l’instauration de la démocratie. Et il n’y a de démocratie pour elles, que lorsque les uns quittent le pouvoir pour les autres. Tant pis pour les questions de gouvernance. C’est pourquoi les ONG qui disent lutter pour la santé, ne sont visibles sur aucun terrain de sensibilisation sur les maladies qui font d’énormes victimes en Guinée. Celles qui évoluent dans l’éducation connaissent très peu les réalités du système scolaire guinéen. Elles ne connaissent pas la situation des écoles délabrées. Donc elles ne cherchent aucun fond pour améliorer les conditions d’accueil des apprenants.
Nos ONG se sont spécialisées dans la facilité : la politique politicienne. C’est le secteur qui les met facilement en lumière et leur donne le loisir de critiquer sans rien faire. Et puisque leurs démarches riment avec celles de ceux qui sont en politique pour de vrai, alors elles cherchent à appartenir à des coalitions, qui disent la même chose. Elles mentent au nom du peuple qui ne les connait même pas. Elles se font manipuler par ceux qui les nourrissent et leur promettent des positions dans l’administration. Toutes les organisations de la société civile ou presque sont désormais politisées pour ce fait. Et elles ne s’intéressent qu’aux questions électorales.
Dans le cadre de la moralisation de la vie publique, toutes les ONG guinéennes devraient s’expliquer. Elles devraient s’expliquer sur la gestion des fonds qui leurs sont alloués par l’État et les institutions, en vue de développer plusieurs projets en faveur des populations guinéennes. Des milliards qui auraient dû servir à la construction des écoles, des centres de santé et des points d’eau, transitent par les comptes bancaires des personnes qui sont à Conakry et dans les médias, pour ne parler que des questions d’élections politiques. La campagne de la moralisation de la vie publique, doit absolument aider à assainir le monde des associations et ONG.
Les guinéens se perdent en écoutant les discours des uns et des autres. Certains activistes sont jugés à raison, proches de ceux qui dirigent le pays. D’autres sont accusés à raison aussi, d’être proches des politiques qui semblent opposés à la lutte contre la corruption. Tout est question d’intérêt. Seul le peuple est berné.
Jacque Lewa Leno, Journaliste