Ce lundi 6 février 2023, à l’Hémicycle du Palais du Peuple de la République de Guinée, les présidents des conseils nationaux des transitions (CNT) du Mali, du Burkina Faso, du Tchad et de la Guinée étaient en débat sur les différentes transitions de leurs pays respectifs. C’était à l’occasion d’une plénière spéciale organisée à cet effet dont le thème était ‘’Débat Parlementaire’’ avec comme sous thème : « Parlement et Refondation de l’Etat ». Cette plénière d’une journée a été présidée par le président du CNT Guinée, Dr Dansa Kourouma.
Au cours des débats, chaque président de conseil national de la transition a justifié les raisons de la prise du pouvoir par l’armée dans son pays. Des raisons liées pour certains à cause : « de la non gouvernance, mauvaise gestion des ressources des collectivités » et « violations des constitutions malgré leur intangibilité et ou verrouillage par les législateurs » pour d’autres entraînant ainsi des mouvements sociaux et soulèvements populaires dans ces pays dont le seul rempart est l’armée.
Tous ces quatre pays (Guinée, Mali, Burkina Faso et le Tchad) sont en transition au même moment et à cause presque des mêmes réalités. Leurs présidents des CNT sont favorables à l’union sacrée pour mener à bien ces transitions. C’est pourquoi, dans les différentes interventions des uns et des autres, ils souhaitent formaliser ces liens de ‘’fraternités’’ et non ‘’d’amitiés’’ ce partage d’expériences de part et d’autre. Car, selon eux : « un seul pays ne peut pas réussir tout seul. Et plus les pays africains d’un même continent se donnent les mains, plus ils vont réussir et vont gérer leurs ressources ».
Les conseils nationaux de la transition étant des organes législatifs, qui jouent le rôle des parlements pendant cette période de transition, c’est le vote des lois, la ratification des Accords, conventions et traités, mais aussi du contrôle des actions des gouvernements. Raison pour laquelle, l’une des questions majeures abordée à l’occasion de cette plénière spéciale, par le vice-président du Parlement de la CEDEAO, appuyé par les présidents des CNT, est celle relative à non application des textes de Lois par les autorités. Pour eux, il ne s’agit pas de voter seulement les textes de Lois, mais il faudrait faire en sorte que les dirigeants appliquent correctement ces textes. Oui, « le Peuple est toujours le maître de changer les lois mêmes les meilleures. Mais lorsqu’une loi est votée, il faudrait qu’elle soit respectée dans toute sa rigueur » ont-ils souligné. Donc, pour cela, il a été demandé à toutes et à tous de voter des textes de lois qui répondent aux aspirations des peuples. « Il faut aller à l’écoute des citoyens à la base, prendre en compte leurs préoccupations et les traduire en textes de lois et pourquoi pas dans les langues nationales afin qu’ils s’approprient ces lois. En tout cas, notre cheval de bataille est le peuple. Aussi, n’oublions pas également au cours de l’élaboration de nos constitutions des personnes en situation de handicap » ont-ils indiqué.
Interpellé sur le silence de la CEDEAO sur le cas du Sénégal, où le Président Macky Sall est à son deuxième et ‘’dernier’’ mandat. Le vice-président du parlement de la CEDEAO a dit au nom de cette institution : « ne peut pas se lever d’abord. Elle est en train d’observer la situation. Mais faut-il d’abord savoir que dit la Constitution du Sénégal ? qu’est-ce que les populations du Sénégal veulent. La CEDEAO n’impose rien dans aucun des pays membres ; chaque pays est indépendant du choix de son peuple, nous à la CEDEAO, nous demandons aux dirigeants de respecter leurs Constitutions. Mais les hommes politiques nous font peur, ils sont favorables aux textes de lois jusqu’à ce qu’ils arrivent au pouvoir, ils changent selon ce qui leur est favorable. Donc, il faut changer les mentalités des africains » a-t-il recommandé.
Le président de la commission des Lois du CNT du Mali a partagé l’expérience de son pays, par rapport au choix des huit (8) personnes de l’organe devant organiser les élections dans ce pays. Ces personnes ont été sélectionnées par tirage au sort, dont quatre (4) venant des partis politiques, trois (3) de la société civile et un (1) de l’administration. Et, comme nous sommes en période de transition, il n’a pas été question de partis politiques de l’opposition ou de la majorité présidentielle, a-t-il informé.
Les questions de genre et d’équité ont aussi été à l’ordre du jour, et un plaidoyer a été fait à l’endroit des femmes, qui méritent un soutien et un accompagnement de la part des hommes, qu’ils soient leurs maris, frères, collaborateurs et ou collègues. Selon, une conseillère guinéenne : « une femme épanouie est une famille à l’abri des maux de la société. Son mari sera bien traité ainsi que ses enfants. Les femmes doivent être des modernes avec l’appui bien sûr de leurs époux ».
C’est par la remise de cadeaux aux hôtes que la cérémonie a pris fin dans la convivialité et l’entente.
Ils sont tous d’accord, que les militaires doivent quitter les palais présidentiels et aller dans les casernes. Mais ils doivent laisser qui aux commandes ? s’interrogent les conseillers nationaux. Car selon eux, les citoyens ont toujours été abandonnés et négligés par les dirigeants civils.
Oumar M’Böh
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