La Société Turque ‘’Albayrak’’ Turizm Seyahat Insaat Ticaret SA a signé le 10 août 2018 avec l’Etat guinéen un contrat de : « cession pour la réhabilitation, l’extension, la gestion, l’exploitation, de l’entretien et assurer la maintenance du Port de Conakry pendant 30 ans (2018 – 2047) ».
Ce contrat qui a fait couler assez d’encres et de salives, continue également à faire du bruit après que le régime du président, Pr Alpha Condé a été renversé par le CNRD, dirigé par le colonel-président, Mamadi Doumbouya.
De nombreux observateurs estiment que ce contrat mérite une révision, car estiment-ils, à : « L’état actuel, il n’est pas bénéfique pour la Guinée ».
Pour rappel, dans une lettre d’informations de cinq (5) pages adressée au Ministre d’Etat, ministre des Transports d’alors, dont Lavoixdupeuple détient copie et signée de l’ancien Directeur financier et comptable du Port autonome, monsieur Ibrahim Kalil Keita le 18 septembre 2018. Ce dernier avait dénoncé ce contrat qui selon lui n’est pas avantageux pour la Guinée. Il a justifié en ces termes : « Un montant de 200 millions de dollars d’investissements en 3 ans a été annoncé mais il n’est indiqué nulle part dans le contrat ; aussi, avec la privatisation des activités auxiliaires le Port perd, c’est le cas en 1987 il a perdu au niveau de la manutention 60 % des recettes… Le périmètre concédé à Albayrak lui donne le titre d’Autorité portuaire. A ce niveau, l’on constate qu’une société privée étrangère remplace l’Autorité portuaire parce qu’elle prend tous les actifs du PAC sans le passif y compris son siège. Ensuite, le contrat accorde l’exclusivité sur les 1092 hectares à Albayrak, mais son business plan d’avril 2018 porte sur les recettes du PAC et non l’intégralité des redevances activités concédées ; il y a là une estimation d’un manque à gagner sur ce contrat de 649,103 millions d’euros contre un investissement prévu de 505,730 millions de dollars. Autre chose, le cédant (PAC) reconnaît au concessionnaire (Albayrak) une entière liberté dans l’embauche et le licenciement de son personnel dans le respect du droit applicable…Sans oublier que la société Albayrak n’a pas présenté de références en matière de gestion de concession ni en Turquie, ni en Afrique ni dans le monde » avait-il dénoncé avant d’être éjecté.
PAC MT ALBAYRAK DFC INFORMATIONS SEPT 2018
NB: Les autres documents sont avec nous pour toute fin utile…
Autres avantages qui y figurent dans le contrat de la société Albayrak, c’est : « L’exonération de taxes, de droits de douane, de 10 ans pour l’impôt sur le revenu et doit bénéficier de privilèges (douanier, fiscal et salarial) pour toutes les importations, les activités, les équipements, les matériaux et investissements », avec un périmètre à concéder, littérairement non défini et apport de capitaux, non indiqué.
Notre rédaction qui détient la copie du contrat de concession de la société Albayrak qui est de 173 pages dont 66 pour le contrat et 107 pour les annexes, de la lettre de diagnostic dudit contrat par un cadre du PAC en l’occurrence l’ancien directeur financier et comptable, mais aussi du document synthèse relatif aux remarques et suggestions sur le contrat qui est de 11 pages adressé à l’ancien Président de la République, Pr Alpha Condé, a décidé d’aller à la rencontre des autorités du PAC, où de nombreuses interrogations sont posées par des travailleurs sur ledit contrat mais aussi de la gestion du PAC, par l’actuelle Directrice Générale, Mme TOURE Aissata Aribot. Où l’on parle d’une affaire de 98 000 tickets de carburant par mois, de la gestion des redevances portuaires en passant par des factures de surestations et de financement d’un mouvement de soutien au CNRD…
Ce mercredi 10 novembre 2021, notre reporter a été reçu successivement par le Directeur de la Coopération, monsieur Lounceny Camara et la Directrice Générale du Port Autonome de Conakry (PAC), Mme TOURE Aissata Aribot.
C’est le Directeur de la coopération, qui nous a introduit chez madame la Directrice Générale du Port Autonome, Mme TOURE Aissata Aribot dès l’entame a dit que : « Le Port Autonome de Conakry est une société nationale dotée de la personnalité morale, de l’Autonomie financière et de Gestion. Il a pour mission : de gérer le domaine mobilier et immobilier du port ; d’assurer la maintenance, la police, le Gardiennage et l’Exploitation du Port. L’Organisation et le Fonctionnement du PAC sont régis par des Lois et Décrets, notamment par les Lois portant Gouvernance Financière des Sociétés et Établissements Publics de 2016 et 2017, et le Décret d’application de 2018 » a-t-elle rappelé.
Pour elle : « Le Port n’est pas une régie financière, mais plutôt un établissement public. Donc, nous n’avons pas de recettes, le Port est un organe de contrôle auprès des différents groupes qui disposent désormais des concessions et non des conventions avec l’Etat guinéen. Le PAC a enregistré une série de mutations institutionnelles sur le rôle de l’Autorité Portuaire en tant qu’organe de régulation, suivi et de contrôle des concessions et des activités portuaires. Cette mission constitue l’épine dorsale de notre activité. Nous en tant qu’entité nous ne faisons qu’appliquer les décisions prises par nos autorités supérieures ».
S’agissant du ‘’fameux contrat’’ dont il est question, Madame la Directrice a dit tout simplement que : « Ce contrat, dont il s’agit, n’a pas été élaboré par le Port Autonome de Conakry, mais plutôt par la société Albayrak et nous venons de faire un rapport sur le même contrat et soumettre à l’autorité. Nous nous ne faisons que ce que l’Etat nous demande de faire en tant qu’entité. Donc, j’aimerais bien que vous vous dirigez vers cette société pour en savoir davantage sur le contenu du contrat. Ce que je peux ajouter ce qu’Albayrak paie nos redevances conformément audit contrat », a-t-elle demandé.
Parlant de ces redevances, comment elles sont gérées ? Car certains nous disent que la gestion n’est pas aussi claire que ça. Quelle est votre réaction ?
Elle répond : « En ce qui concerne la destination de ces redevances, c’est l’autorité du Port qui décide là où il faut les orienter. Car nous sommes une institution autonome, qui a un Conseil d’Administration, des contrôleurs internes et externes qui disposent également des outils nécessaires par rapport à la gestion ; nous contrôlons nos dépenses et charges, notamment le traitement et salaires des fonctionnaires qui sont payés par le Port. Car ils ne sont pas des fonctionnaires de la fonction publique, ils relèvent du Port. Pour ceux ou celles qui parlent de fonds, ils doivent comprendre qu’au jour d’aujourd’hui nos comptes sont gelés par les nouvelles autorités. Nous sommes sur les démarches pour leur dégel parce que les services doivent continuer à fonctionner normalement » a-t-il ajouté.
Des informations nous ont été rapportées, celles relatives au retrait de la gestion des factures de surestations du Port Autonome de Conakry (PAC) dans les mains de Monsieur Telly Béavogui au profit de son fils. Elle répond en disant que : « Les gens racontent du n’importe quoi, aujourd’hui le cas des surestations beaucoup de conteneurs sont épargnés du paiement de cette taxe, car ils sont déclarés deux semaines avant leur arrivée. Je ne suis pas le directeur à ce niveau ni l’adjoint, donc pas signataire. Il y a des gens qui racontent des choses sur moi parce que tout simplement, j’incarne une autorité au niveau du Port Autonome de Conakry (PAC), ils essaient toujours de me traîner dans la boue. Mais ils ne pourront pas, car je fais mon travail correctement et je respecte les décisions de ma hiérarchie, des autorités, c’est tout. Ils doivent comprendre que je représente également, une autorité au sein des femmes de la Commune de Kaloum où je suis la coordinatrice des femmes de toute obédience politique confondue » a laissé entendre Mme Aissata Aribot.
S’agissant de cette quantité de 98 000 litres en tickets de carburant par mois dont elle gèrerait avec un petit groupe selon nos informateurs au PAC. La Directrice Générale nie en bloc cette autre information qu’elle qualifie d’accusation gratuite. « Actuellement, tous nos comptes sont gelés par les nouvelles autorités. Comment puis-je avoir un tel nombre de litres de carburant à mon niveau. C’est archi faux » dément elle.
L’organisation d’un grand événement de soutien à l’endroit du CNRD avait été annoncée récemment par un groupe d’individus. La mobilisation devrait avoir lieu au stade du 28 septembre à Dixinn. Mais qui a fini par être interdit par le ministre de l’administration du territoire et de la décentralisation. Là aussi, le nom de la directrice générale du PAC a été cité comme un des bailleurs de fonds pour la réussite de l’événement.
« C’est archi-faux, je ne suis impliqué ni de près ni de loin dans ce mouvement. Comment puisse être quelqu’un qui financerait un tel mouvement, alors que nos comptes sont gelés. D’où proviendrait cet argent d’un rassemblement ? S’interroge-t-elle
Notre reporter a saisi l’occasion pour demander à la Directrice les différentes réalisations et la performance du PAC.
En réponse, Mme Aissata Aribot a dit que : « L’année dernière, nous avons enregistré 1077 navires avec onze millions (11 000 000) de tonnes de marchandises. Nous avons fait un aménagement d’un parking de camions où 1500 camions sont garés et attendent chacun son retour avant de quitter le parking. La aussi, une brigade est mise en place pour le contrôle de chaque camion qui avant de bouger doit être muni d’une autorisation ».
En ce qui concerne les défis du Port Autonome de Conakry (PAC) à court, moyen et long terme.
Elle a énuméré ce qui suit : « l’Augmentation de la capacité d’accueil des navires ; la création d’une liaison ferroviaire entre le Port Maritime et le Port sec de Kagbelen situé à 36 kilomètres. Un chemin qui nous permettra de transporter les matières premières, les véhicules venus de l’extérieur, et même les marchandises des Maliens qui pourront se limiter à Kagbelen et récupérer leurs marchandises et repartir vers le Mali sans pour autant venir à Kaloum. Donc, nous voulons beaucoup plus de fluidité dans la capitale. C’est pour cette raison que nous voulons une harmonisation entre le Port Autonome de Conakry (PAC), qui travaille 24 Heures sur 24 et 7 jours sur 7 et la Douane qui arrête le service à partir de 19 heures. Donc, nous voulons que les douaniers fassent la même chose afin que les conteneurs puissent être transportés. Aussi, au niveau du marché de madina, il faudrait que les autorités notamment celles en charge de la sécurité et de la protection civile qu’elles nous aident pour la sécurité des boutiques et magasins des commerçants de ce grand marché où plus de 60 % des conteneurs sont orientés. Car, même si les camionneurs chargent les conteneurs au Port la nuit, ils sont obligés de passer la nuit à côté du Port où ils se sentent beaucoup plus en sécurité que d’aller à madina dans une obscurité ».
Selon nos sources auprès du Port Autonome de Conakry : «90% des aspects du contrat ont été imposés à la Guinée à travers le Port à l’époque par la société Albayrak. C’est pour cette raison que les nouvelles autorités du pays à leur tête le colonel-président, Mamadi Doumbouya ont demandé de faire un rapport détaillé des manquements de ce contrat. Lorsque la demande de faire une relecture et d’identification des manquements dudit contrat ont été faite, la direction était obligée maintenant de partager le contrat avec tous les services pendant des semaines. Dans ce rapport, les documents que monsieur Ibrahim Kalil Keita, l’ancien Directeur financier a adressé au ministre et au président à l’époque ont été pris en compte. Ce rapport a été traité et scellé puis déposé au niveau des autorités. Les responsables sont à l’attente de la réponse des nouvelles autorités, car elles sont suffisamment informées de la situation qu’elles connaissaient avant qu’elles prennent le pouvoir le 5 septembre dernier, car il y a eu assez de bruit sur ce contrat » a expliqué notre informateur qui est suffisamment imprégné du dossier.
Enquête réalisée par Oumar M’Böh pour lavoixdupeuple.info
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