Les violences basées sur le genre deviennent de plus en plus récurrentes en République de Guinée mais aussi ailleurs dans le monde. Cette situation inquiète des acteurs et activistes de la société civile, c’est le cas de la présidente de l’ONG dénommée Amical des Femmes et Filles pour le Développement de l’Afrique (AFFDA), Kadiatou Damaro Camara. Une ONG qui a pour objectif ”promouvoir le genre pour une égalité de chances entre fille et garçon, l’homme et la femme ; de lutter contre toutes formes de violence envers les femmes, filles et enfants en Afrique”.
Pour aborder quelques questions concernant la situation actuelle du pays et surtout de son organisation, notre rédaction l’a rencontré. Interview !!!
Lavoixdupeuple.info : Bonjour mademoiselle Kadiatou Damaro Camara, veuillez vous présenter à nos aimables lectrices et lecteurs.
Kadiatou Damaro Camara : Bonjour, je suis Kadiatou Damaro Camara, étudiante en Licence de l’Economie finance à l’université Général Lansana Conté de Sonfonia. Directrice Exécutive de l’ONG dénommée Amical des Femmes et Filles pour le Développement de l’Afrique (AFFDA). Également porte-parole du parlement des enfants de Guinée qui est une tribune d’enfants qui a pour but d’assister les pouvoirs publics dans le cadre de la mise en œuvre des politiques nationale et internationale de protection et de promotion des droits des enfants
Qu’est-ce qui vous a motivé à créer cette ONG et quelle est sa mission ?
Ce qui nous a poussé à créer cette organisation est parti du constat qu’il existe une recrudescence de la violence basée sur le genre, à savoir : Le mariage précoce et forcé, empêchant certaines jeunes filles à arriver au bout de leur rêve qui est celui d’étudier et avoir un emploi décent, un métier pour se prémunir contre ses violences ; la violence physique, est devenu très récurrente, plus de 241 cas recensés en 2020 et seulement 130 ont été déférés ; la violence économique, où on constate que certaines femmes sont empêchées d’exercer le commerce et souvent accuser d’infidèles et leur argent détourner par leurs époux etc. ; la violence sexuelle, qui salit la dignité de la femme et traumatise tout son corps. A date, plus de 370 filles et femmes sont victimes de violence avec 350 cas déférés selon les statistiques annuelle de l’OPROGEM en 2020.
Assez de défis à relever, vous venez de rappeler des cas de violence faites aux filles et aux femmes.
Oui, oui. Selon, la présidente du Comité Directeur de l’Africa Tomorrow lors d’une foire à Ouagadougou, elle a dit, je cite : « l’Afrique perd plus de 90 milliards de dollars de manque à gagner, en négligeant l’apport de la femme au développement dans la société ». Certaines raisons sont dues à la faible implication de la femme dans l’entreprenariat moderne ou numérique et généralement dans des secteurs invisibles appelés secteur informel où cette moitié de la population croupisse. Voilà ce qui nous a amené à prendre les choses en main pour ne plus qu’on parle de distinction entre les hommes et les femmes mais plutôt des défis de développement et de transformation de nos pays respectifs.
Quels sont les domaines d’intervention de votre ONG ?
Nous intervenons dans le domaine du genre et de la protection des enfants.
Quel est l’objectif de départ ?
Nous avons pour objectif de promouvoir le genre pour une égalité de chances entre fille et garçon, l’homme et la femme ; de lutter contre toutes formes de violence envers les femmes, filles et enfants en Afrique, d’encourager des initiatives favorisant l’autonomisation de la femme et de la jeunesse africaine.
Quelle est votre vision ?
Notre vision c’est de vivre dans une société où le genre et les droits des enfants sont promus.
Parlez-nous des activités menées depuis sa création ?
De sa création jusqu’aujourd’hui nous avons réalisé assez d’activités dont entre autres : La formation des membres sur les techniques de communication et d’animation ; l’organisation de conférence débats sur la responsabilité de la femme dans l’inégalité du genre à l’occasion du mois de la femme ; Gestion de deux cas de violence conjugale dont un cas à Mafreinya dans la préfecture de Forecariah et à l’autre à Conakry ; la sensibilisation sur les réseaux sociaux par la publication des textes et vidéos expliquant l’importance de la lecture à l’occasion du mois du livre et l’importance de l’application des métiers traditionnels réservés aux hommes ; la distribution gratuite des couvres nez et sensibilisation sur des mesures sanitaires et des risques de contamination de COVID-19, dans le cadre de la lutte contre cette pandémie ; la réalisation des émissions radios et télés sur l’importance de la scolarisation de la jeune fille ; offre de dons d’habits et d’argent à “l’orphelinat des sans voix ” à l’occasion du mois de l’enfant ; l’organisation des causeries éducatives sur l’éducation sexuelles des enfants à l’orphelinat Hakuna Matata. Voici en résumé, les quelques activités que nous avons menées.
Quel est le bilan à mi-parcours ?
Comme je le disais tantôt nous avons réalisé plusieurs activités et au jour d’aujourd’hui nous pouvons estimer à 45% malgré la présence de la covid-19.
Quelle est l’ambition pour la suite ?
Notre ambition est de renforcer les capacités techniques des membres de l’ong à travers des formations ; rechercher des financements pour la réalisation de nos objectifs ; de couvrir totalement le pays et poursuivre la mise en place des antennes dans la sous-région ; adhérer à des réseaux similaires pour avoir plus d’impact ; former des jeunes engagés contre le sexisme et pour l’égalité dans leur famille, leur lycée, leur collège, leur quartier…
Quels sont vos rapports avec les autres ONG similaires ?
J’avoue que ce sont des rapports de bonne collaboration, par exemple la fondation de Bénie Kouyaté ‘’Bénie Fondation’’ a assisté une victime de violence conjugale à travers les soins médicaux et une enveloppe symbolique grâce à notre partenariat, AVIPA a donné des formations gratuites à nos membres sur les techniques d’animation et de communication, sur la justice transitionnelle, make every women count nous a aussi formé sur le protocole de Maputo….
Quels sont vos partenaires ?
Nos partenaires pour le moment sont le Ministère de l’Action sociale et des personnes vulnérables, le Ministère de l’Autonomisation et des droits de la femme, CASPAH, AVIPA, PRONG, club des jeunes filles leaders de Guinée, Espace Elle, Make Every women count, Unicef, Plan International, UNFPA, coalition des jeunes ambassadeurs…
Quels sont vos rapports l’OPROGEM ?
L’Oprogem est un partenaire direct, très clé à notre ONG parce qu’à chaque fois qu’une fille est victime de violences qu’elle soit physique ou sexuelle c’est par eux qu’on passe pour le gérer. Donc, nous travaillons ensemble.
Quel accompagnement souhaiteriez-vous bénéficier et par qui ?
Nous souhaitons être accompagnés techniquement et financièrement par le gouvernement et d’autres institutions qui évoluent dans les mêmes domaines que nous.
Avez-vous élaboré votre plan d’action opérationnel pour les prochaines années ?
Si oui, quelles sont les grandes lignes ?
Oui, notre plan d’action est élaboré, nous continuons à réaliser des activités malgré la présence de Covid-19, nous avons créé un groupe Whatsapp où nous discutons de certaines thématiques comme entrepreneuriat féminin, leadership féminin, violences conjugales, autonomisation des femmes, émancipation des femmes. Aussi, nous avons prévu d’organiser des formations sur le changement social, de réaliser des émissions radios et télés sur la promotion du genre, de faire des plaidoyers sur l’application des textes de lois qui ont été votés par l’Assemblée nationale et qui protègent les jeunes filles et les femmes contre les violences faites aux femmes.
Merci beaucoup madame la présidente.
C’est à moi de vous remercier
Propos recueillis par Oumar M’Böh pour Lavoixdupeuple
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