La crise de liquidité que traverse la Guinée n’est pas qu’une affaire de chiffres ou de taux, c’est une question de confiance. Et c’est là que se trouve le cœur du problème. Aujourd’hui, les citoyens n’ont plus confiance au système bancaire. Beaucoup préfèrent cacher leur argent sous les matelas, dans les caves ou dans les murs de leur maison, plutôt que de l’y déposer. Ils savent que chaque retrait est une épreuve, que la banque risque de leur dire qu’il n’y a pas assez de liquidités ou encore un problème de connexion.
Le pire, c’est que ce manque de confiance ne s’arrête pas aux simples citoyens. Les cadres les mieux placés, les autorités elles-mêmes, ceux qui devraient donner l’exemple, fuient le système bancaire. Par peur de traçabilité, ils amassent leurs fortunes dans des bunkers, loin des radars. Comment demander au peuple d’y croire, quand ceux qui gouvernent s’en méfient autant, sinon plus.
Et les banques primaires ne sont pas en reste. Elles hésitent à placer leurs avoirs à la Banque Centrale la banque des banques. Pourquoi? Parce qu’elles redoutent de ne pas pouvoir récupérer à temps ce qui leur appartient. Résultat, la circulation monétaire s’étouffe. Le taux de retrait bancaire explose. Chaque semaine, c’est un volume immense de liquidités qui sort du circuit officiel, aggravant encore plus le vide dans les caisses.
On se retrouve alors dans un cercle vicieux. Pas de confiance, donc pas de dépôts. Pas de dépôts, donc pas de crédits. Pas de crédits, donc pas de croissance. Et plus la méfiance s’installe, plus la monnaie perd son rôle de moteur économique.
La Guinée vit aujourd’hui une situation où l’argent existe, mais il dort. Il dort dans les maisons, dans les coffres privés, dans les poches d’un petit nombre. Le pays manque de souffle, non pas parce qu’il n’y a pas de ressources, mais parce qu’il n’y a plus de confiance. Tant que la confiance ne sera pas restaurée entre l’État, les banques et les citoyens, aucune réforme monétaire ne pourra résoudre ce blocage.
Ce n’est donc pas qu’une crise de liquidité, c’est avant tout une crise de confiance. Et tant que les Guinéens, du simple citoyen aux plus hautes autorités, continueront de fuir le système bancaire comme on fuit un piège, aucune économie digne de ce nom ne pourra s’installer. Les entrepreneurs qui avaient cette habitude d’attendre de gros montants deposés par des clients des banques sont aussi affectés. A quand la fin de cette situation? C’est la question qui taraude les esprits.
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