Que les guinéens objectifs réfléchissent et sachent dès maintenant que cette transition est tout de même la 3ème que le pays a connu de 1984 à nos jours.
Que les guinéens se souviennent du 1er coup d’Etat militaire du 3 Avril 1984 qui avait été perpétré par le CMRN à sa tête le colonel Lansana CONTÉ.
En 24 ans de pouvoir, les espoirs des guinéens avaient-ils été comblés ?
Qu’est-ce qui n’avait pas marché pour qu’en 2009 dès la mort du général Lansana CONTÉ, le CNDD à sa tête le capitaine Moussa DADIS CAMARA reprenne le pouvoir pour susciter d’autres espoirs du peuple martyr de Guinée ?
Comment de DADIS à KONATÉ, une transition de 2 ans environ a permis d’élire démocratiquement un Président civil et que celui-ci après 2 mandats est renversé par le CNRD dirigé par le colonel Mamadi DOUMBOUYA tout au début d’un 3ème mandat controversé ?
Pourquoi les guinéens doivent analyser et revoir systématiquement l’option transitionnelle à choisir au-delà des seuls indicateurs liés à la DURÉE et aux OBJECTFS assignés ?
En effet, la DURÉE peut être longue ou COURTE sans résultats probants de développement en termes d’amélioration des conditions de vie des populations.
Le CMRN a passé près de 9 ans avant de passer subtilement à l’ordre constitutionnel en maintenant le général au pouvoir pour une durée cumulée de 24 ans.
La Guinée n’a pour autant pas pu relever le défis du développement tant reproché au régime précédent de AST.
Il faut donc rechercher les causes de ce Fiasco historique ailleurs que dans la durée !
Le CNRD après le passage éclair de DADIS a eu avec KONATÉ la plus courte transition avant de passer à l’ordre constitutionnel où un civil et d’ailleurs un opposant historique a accédé au pouvoir et a exercé 2 mandats et quelques avant d’être renversé de son vivant et en plein exercice du pouvoir.
Le résultat n’a toujours pas été à la hauteur des attentes car la lassitude et le désespérément du peuple ont fini par occasionner un coup de force pour un autre cycle de transitions.
Le problème serait-il au niveau de la justesse et de l’efficacité des stratégies utilisées ou au niveau des objectifs qui doivent soit être concentrés sur les réformes profondes ou même la refondation de l’Etat où les secteurs vitaux sont déliquescents ?
Les hypothèses contradictoires soulevées pour aider à comprendre l’avalanche des échecs se situent entre 2 conceptions:
√ D’abord la conception de ceux qui rejoignent la communauté internationale et la majorité des acteurs sociopolitiques. Pour celle-ci : UNE TRANSITION C’EST POUR UNIQUEMENT ET PRIORITAIREMENT ORGANISER LES ELECTIONS ET PASSER RAPIDEMENT À L’ORDRE CONSTITUTIONNEL EN 6 MOIS, 1 OU 2 ANS AU MAXIMUM.
Aux yeux de ces acteurs, une transition réussit quand elle passe vite à l’ordre constitutionnel.
Pourtant beaucoup de spécialistes des questions de développement transitionnel estiment que: POUR LES ETATS OÙ TOUS LES SECTEURS VITAUX SONT DELIQUESCENTS SOUS FOND DE CORRUPTION GÉNÉRALISÉE AUX EFFETS MULTIPLICATEURS NEFASTES QUI BLOQUENT ET ALTERRENT LES DYNAMIQUES DE DÉVELOPPEMENT, PASSER DIRECTEMENT AUX ELECTIONS EST LA MEILLEURE VOIE OUVERTE SUR D’AUTRES CYCLES DE TRANSITIONS MILITAIRES.
Dès lors, la problématique du choix d’une approche transitionnelle adaptée au contexte guinéen et pourrait réussir à la fois le développement et la vraie démocratie irréversible (devient encore plus difficile à explorer pour en sortir une démarche transitionnelle adéquate qui pourrait par des réformes durs et douloureuses baliser le chemin d’une démocratie de développement rapide et irréversible) se pose avec acuité aux intellectuels guinéens.
Peut-on objectivement déduire que jusque-là, aucune approche transitionnelle n’a réussi à opérer des changements sociopolitiques et économiques irréversibles en instaurant un système démocratique qui résistent aux tentations des hommes?
Pourtant les exemples de réussite transitionnelles existent en Afrique et dans le monde pour servir de repères aux leaders guinéens qui doivent absolument élaborer et exécuter des programmes transitionnels cohérents qui posent les jalons d’un développement et d’une démocratie guinéenne irréversible.
Alors le débat sur les options transitionnelles à prendre en Guinée ne peuvent plus se limiter aux questions simplifiées de durée, d’organisation unique des élections, de réformes ou non à entreprendre lors d’une transition militaire.
La vraie question que les guinéens doivent se poser restent et demeurent celle-ci:
EN DEPIT DES DIFFICULTÉS SYSTÉMIQUES ACTUELLES QUE CONNAIT CETTE AUTRE TRANSITION GUINÉENNE DONT LES EFFETS MULTIPLICATEURS RISQUENT D’ENGENDRER DES CRISES IRRÉVERSIBLES, QU’ELLE DEMARCHE DE CHOC POUR RENVRRSER LES TENDANCES ET PERMETTRE A CETTE TRANSITION D’OPERER LES CHANGEMENTS NECESSAIRES AU DEVELOPOEMENT DÉMOCRATIQUE DU PAYS?
En analysant les points communs des transitions guinéennes qui ont du moins tous échouées, il est possible de proposer une démarche de choc pour que la 2 ème phase de cette transition en cours puisse redresser la barre et offrir en fin aux Guinéens un pays propre prêt à amorcer un développement démocratique solide comme un roc et irréversible.
Au titre de quelques points communs à toutes ces transitions guinéennes, il y a entre autres :
- Les espoirs déçus d’un peuple martyr de Guinée par rapport au développement du pays au prorata de ses immenses potentialités.
- L’incapacité des guinéens et des différentes autorités transitionnelles de transformer ces périodes exceptionnelles en véritables opportunités de développement.
- L’incapacité des différents leaders concernés d’avoir une vision grande, précise et claire qui puisse changer les paradigmes et Booster le développement rapide du pays.
- L’incompétence des différents leaders en termes d’expérience, d’intégrité et de connaissance académique irréprochable.
- L’incapacité des différents leaders de constituer des équipes harmonieuses et compétentes autour d’eux pour dérouler les meilleures actions induites au plan élaboré.
- L’incapacité de conduire les réformes difficiles à termes par l’infiltration du SYSTÈME dont on parle tant.
- Le refus des guinéens à accepter les contraintes et les évidences du changement pour s’accrocher toujours aux choses non essentielles.
Bref, le très faible quotient d’intelligence des guinéens qui ne favorisent pas toujours la lecture, l’appropriation et l’application des évidences de développement dictée par les contextes.
Pourquoi aux antipodes de l’histoire des transitions guinéennes, d’autres transitions militaires ou civiles ont pu être transformées en opportunités de développement dans des délais raisonnables ?
Avec PAUL KAGAME, le Rwanda est passé d’un pays pauvre et sinistré par le génocide à une Nation développée et enviée par le monde y compris l’occident qui est hostile aux restrictions des droits de l’homme.
Le SINGAPOUR avec le leader indépendantiste leen koyoo a fait passé son pays d’Etat et de populations pauvres à une nation développée au-dessus de la plupart des pays occidentaux.
Le Ghana avec la vision et les mesures de redressement du leader Jerry RAWLINGS a mis le pays sur la voie du développement avec une meilleure gouvernance etc.
Parmi tant d’autres à travers le monde les performances réalisées par ces pays sous la direction des leaders cités ne relèvent point de la métaphysique.
Au crible d’une analyse comparative des fondements de la réussite de ces transitions, il ressort aussi des évidences et contraintes communes qui devraient inspirer les autorités transitionnelles guinéennes dont notamment :
- La compétence acquise ou à acquérir par le leader c’est à dire le niveau de son savoir sur les stratégies transitionnelles gagnantes et les points communs des échecs du passé, son expérience et son intégrité.
- La grandeur et la précision de la vision du leader pour son peuple avec des services appropriés, des agents compétents, et un programme ficelé de la façon la plus concertée.
- . La constitution d’une équipe de travail compétente moins portée sur l’acquisition de richesses personnelles partageant dans l’âme les idéaux du leader.
- Avoir un organe suprême de décision ouvert aux meilleures compétences du pays à l’image du CND du SINGAPOUR.
- Donner mandat à cet organe d’identifier les vraies priorités à donner à la transition ainsi que les problèmes et solutions de choc.
- Informer suffisamment le peuple des contraintes et défis pour les changements envisagés et dire clairement la part de sacrifice de chaque citoyen dans le temps et l’espace pour réussir le changement souhaité.
- Contrôler strictement les libertés fondamentales aussi bien socio politiques que celles de la presse avec un éditorial partagé et strictement centré sur le programme transitionnel accepté par la majorité du peuple etc.
Concernant spécifiquement la transition guinéenne et à ce stade des difficultés récurrentes, il y a lieu de prendre et imposer aux Guinéens UNE PAUSE STRATEGIQUE pour réorienter la démarche transitionnelle suivie de réformes de choc qui rassurent encore une fois la population.
Il faut en substance, changer l’équipe actuelle dans sa majorité avec de nouvelles compétences et de nouveaux défis pour d’abord rassurer le peuple mais aussi affronter les nouvelles contraintes.
Il faut immédiatement transférer au CNT de nouvelles prérogatives de négociation pour assoir une nouvelle solidarité agissante autour de cette formule 2 de la transition en cours.
Je pense quant à moi du haut de mon expérience que les guinéens peuvent tout envisager sauf l’échec de cette transition soit par le biais d’une instabilité politique ou socio-économique ou même par une accélération indue de la transition en allant directement à des élections de débarras pour contenter les acteurs politiques et la communauté internationale.
En réalité, si cette transition échouait, la démocratie souhaitée ne se porterait pas mieux et la voie risque d’être largement ouverte à un cycle infernal de transitions militaires.
La raison de cette évidence reste en partie la fragilité du système politique actuel sans aucune capacité pour les partis politiques de mobiliser les militants sur la base de la pertinence de leurs programmes de société.
Pire, ces partis dits grands de par leur capacité de mobiliser les 2 communautés majoritaires du pays.
Comment un parti politique avec une mauvaise gouvernance interne qui tire sa majorité par le prisme de discours ethnique peut accéder au pouvoir et diriger sans frustrer les autres communautés ?
L’évidence c’est que le produit d’une démocratie inachevée c’est la d’échéance de l’exercice décent du pouvoir.
Dans le contexte actuel et avant une véritable refondation réussie des institutions de l’état guinéen assortie de l’instauration d’une gouvernance parfaite, l’issue de toute élection qui porterait un civil au pouvoir serait l’avalanche d’un cycle de transitions militaires.
Presque tous les partis politiques proches du pouvoir en Guinée sont décadents, car ils sont en majorité adossés aux communautés et par ricochet ne mobilisent pas sur la base de la pertinence des programmes de société soumis au peuple.
Indubitablement, les guinéens doivent absolument œuvrer pour saisir ces difficultés et crises en gestation pour revisiter et réviser cette transition à travers un dialogue franc et bénéfique pour le peuple de Guinée.
Le CNRD doit reprendre ses forces avec l’appui du peuple conscient de Guinée pour s’évaluer et ajuster les réformes pour les continuer et offrir en fin une nouvelle version du pays avec une démocratie de roche irréversible à jamais.
En dépit de tout ce qui précède, il ne faut surtout pas que les crises actuelles amènent les guinéens à souhaiter le bâclage de la transition car les conséquences seront très fâcheuses en termes de recul démocratique et de développement pour les décennies à venir.
Aimé Stéphane MANSARE.
SOCIOLOGUE.
Expert consultant en sciences sociales du développement.