Sous pression pour honorer une dette de 2,5 milliards de dollars envers les producteurs d’électricité, le Ghana teste une nouvelle approche : confier le recouvrement des factures au secteur privé. Une réforme que le président John Mahama souhaite accélérer d’ici fin 2025.
Alors que les dettes énergétiques menacent l’équilibre du secteur électrique ghanéen, le président John Dramani Mahama a annoncé, mardi 13 mai, vouloir impliquer le secteur privé dans le processus de facturation de l’électricité. Le dirigeant veut ainsi améliorer la collecte des recettes et réduire les pertes chroniques de la compagnie publique de distribution d’électricité (ECG), qui ne recouvre que 62 % de l’électricité qu’elle achète auprès des producteurs indépendants.
« Je suis certain que d’ici l’année prochaine, nos partenaires seront satisfaits, car nous aurons traité de manière appropriée le problème du surendettement », a déclaré M. Mahama lors de l’Africa CEO Forum en Côte d’Ivoire.
La mesure s’inscrit dans un effort plus large pour apurer une dette énergétique estimée à 2,5 milliards de dollars envers les producteurs indépendants et les fournisseurs de gaz, dont 1,6 milliard fait déjà l’objet d’une tentative de restructuration depuis 2024. À terme, un appel à manifestation d’intérêt sera lancé pour identifier un ou plusieurs partenaires privés chargés du recouvrement. Le gouvernement précise qu’une participation locale sera exigée.
Les autorités justifient cette décision par l’inefficacité du distributeur public qui enregistre des pertes de l’ordre de 40 %, dues aux défauts de paiements ou aux fuites commerciales.
Cette initiative intervient dans un contexte de tensions persistantes avec les producteurs privés qui assurent 60 % de la demande de pointe du pays. L’année dernière, plusieurs d’entre eux avaient menacé de quitter les négociations sur la dette, accusant le gouvernement de ne pas tenir ses engagements malgré les concessions déjà faites (réduction des tarifs ou acceptation de décotes).
Le fournisseur turc Karpowership, qui alimente le réseau ghanéen à hauteur de 450 MW, a entre autres brandi la menace d’un arrêt de ses opérations si la dette de plus de 370 millions de dollars qu’il réclame à ECG n’était pas réglée. Lors d’une rencontre avec le ministre de l’Énergie en février, ses responsables ont exprimé leur incapacité à maintenir le service sans paiements urgents. L’entreprise avait reçu un paiement partiel fin 2024, mais reste exposée à des risques financiers critiques.
En confiant partiellement le recouvrement au secteur privé, le gouvernement cherche une solution pragmatique pour sécuriser les revenus et relancer la chaîne de paiement. Mais rien ne garantit à ce stade que cette mesure suffira à restaurer la confiance des producteurs et à stabiliser durablement les finances du secteur. Pour l’heure, la réussite de cette initiative dépendra de son exécution, de la volonté politique de s’attaquer aux fraudes, et de la capacité des acteurs publics et privés à collaborer dans un climat de transparence.
Agence Ecofinance