Le premier ministre guinéen, Amadou Oury Bah était l’invité de nos confrères de la radio mondial Rfi. Au cours de cet entretien, le premier ministre n’a pas communiqué une date précise pour la fin de la transition en République de Guinée. Mais pour lui, les autorités de la transition sont à pied œuvre pour l’organisation du référendum en cette fin d’année 2023.
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Monsieur le premier ministre bonjour. Les militaires du CNRD se sont d’abord engagés à rendre le pouvoir à la fin de cette année mais il y a trois mois vous nous avez dit sur Rfi que ce serait reporté à l’année prochaine est ce qu’aujourd’hui vous avez plus de précisions ?
Amadou Oury Bah : vous savez que le retour à l’ordre constitutionnel est conditionné principalement par l’établissement d’un fichier électoral fiable. C’est la raison pour laquelle nous avons adossé l’établissement du fichier sur la base du fichier d’État civil.
Rfi: alors un fichier d’Etat civil ça nécessite qu’on fasse un recensement général et ce recensement va prendre combien de temps ?
Amadou Oury Bah : le fichier d’état civil c’est un long processus, mais puisque le Président a indiqué qu’il faut nécessairement le référendum à la fin de l’année 2023, il va de soi que nous aurons une masse suffisamment représentative du corps électoral et à partir de là, le fichier électoral sera établi pour permettre de tenir cet engagement présidentiel.
Rfi: Et ce retour à l’ordre constitutionnel aura-t- lieu quand ?
Amadou Oury Bah : bon pour ne pas donner une date précise de manière précise ce que je peux dire à partir du moment où nous aurons le référendum constitutionnel tout le reste pourra se faire parce que les conditionnalités les plus difficiles seront derrière nous.
Rfi : il y a trois mois vous nous avez dit que le retour à l’ordre constitutionnel en 2025 est ce que vous confirmez aujourd’hui ou bien vous envisagez un report à 2026 ?
Amadou Oury Bah : bon, l’essentiel dès que le référendum constitutionnel sera établi tout le reste du chronogramme pourra être envisagé de manière certaine.
Rfi: êtes-vous certains que ce référendum aura lieu avant le 31 décembre ?
Amadou Oury Bah : c’est l’objectif que le Président nous a fixé. Et c’est un objectif que le premier ministre est en train de veiller à ce que cela soit même s’il faut travailler 25 heures sur 24 pour que l’agenda fixé par le président soit respecté.
Rfi: que répondez-vous à votre ancien compagnon politique Cellou Dalein Diallo, aujourd’hui chef de l’opposition qui dit que les principales décisions ne sont pas prises à la primature et que vous faites l’avocat des militaires du CNRD ?
Amadou Oury Bah : il doit savoir que je ne suis pas le genre de personne qui avalise n’importe quoi. J’agis en conscience et dans le contexte actuel on ne peut pas dissocier l’action du CNRD qui est l’organe d’orientation du premier ministre chef du gouvernement et du gouvernement dans sa globalité.
Rfi : Donc, vous n’êtes pas un premier ministre potiche ?
Amadou Oury Bah : ce n’est pas mon genre, je jouis de la confiance du Président, Général Mamadi Doumbouya et je jouis de la confiance de l’écrasante majorité de la population guinéenne pour permettre à la Guinée d’avancer.
Rfi : quelle est votre réaction à la poussée électorale de l’extrême droite en Europe et en France ?
Amadou Oury Bah : je ne me mêle pas de la politique intérieure française, mais avec cette montée du populisme, cette radicalisation contre les populations immigrées est une question qui nous interpelle. Nous avons des populations africaines qui sont en Europe. La situation nous préoccupe, d’où l’indispensable nécessité pour les dirigeants africains de créer des conditions pour que leurs ressortissants puissent travailler dans leurs propres pays. Et que notre gouvernance soit une gouvernance vertueuse.
Rfi : Et si le mois prochain le leader du Rassemblement national, Jordan Bardella devient premier ministre de la France, est-ce que cela changera quelque chose dans les relations entre Paris et ses partenaires africains ?
Amadou Oury Bah : vous savez, devant l’épreuve du pouvoir, le réalisme finit toujours par l’emporter. Donc, ça ne nous inquiète pas et nous savons que nous traiterons avec n’importe quel gouvernement de la République Française et voir même de l’Europe.
Rfi : Donc, pour vous Emmanuel Macron ou Marine Le Pen c’est pareil ?
Amadou Oury Bah : vous savez entre le bleu clair et le bleu ciel ce n’est pas tout à fait la même chose mais en fonction des couleurs vous allez porter des verres teintés ou pas.
Rfi : et là vous porterez des verres teintés ?
Amadou Oury Bah : j’espère une avancée démocratique, je sais que la société française est très ouverte sur les réalités du monde et je ne suis pas pessimiste outre mesure.
Monsieur le premier ministre merci
Entretien réalisé par Rfi