Les sociétés africaines dans leurs cellules de base c’est à dire: LES FAMILLES, font de plus en plus face à des crises de VALEURS MORALES ET SOCIÉTALES qui défient toute la DIGNITÉ autour de laquelle se construisait et se renforçait l’éducation et la socialisation qui maintenaient l’équilibre sociopolitique économique et culturel.
Il s’agit bien de la montée vertigineuse de déviances individuelles et collectives complexes et inquiétantes qui doivent faire l’objet de réflexions scientifiques des sociologues que nous sommes.
En observant la majorité des familles africaines élargies y compris la mienne, LA HAINE, LE MENSONGE ET L’OPPORTUNISME ont pris le devant dans la perception et le jugement des faits de famille.
Ces principales déviances fertilisées par la course aveugle vers l’enrichissement et le combat aveugle entre les frères ou les demi frères, les cousins, les oncles etc. pour le contrôle et la « MAÎTRISE SOCIO-ÉCONOMIQUE » ET LE « PRESTIGE DE LA DÉCISION » dans la famille ont fait éclater dans la plupart des cas le verrou du droit de naisse en laissant la place dans la plupart des cas à une compétition moderne sans aucune place aux coutumes et traditions.
Mon analyse a porté sur 2 cas de figures qui mettent en exergue les critères de:
1- La famille polygame avec plusieurs demis frères avec un pater fort et rassembleur ou faible avec le poids affirmée de chaque epouse-mère.
2- La famille monogame avec un père et une mère qui rassemblent autour des valeurs ou qui laissent aller aux volontés de chaque fils en fonction de son influence généralement économique.
Dans les unes comme dans les autres, les crises peuvent éclater ou rester à latentes selon les contextes.
Généralement, l’acuité des déviances citées qui existent toujours mais restent diffuses notamment, la haine, le mensonge et l’opportunisme sont l’œuvre de la rigueur de l’éducation familiale garantie par aussi bien le pater, la mère ou les mères et les enfants eux mêmes.
En s’appuyant sur le cas de figure considéré à tort comme le moins exposé aux querelles intestines graves qu’est la famille monogame, je dis que mon constat sur plusieurs cas a été surprenant et explosif.
Quand il arrive que la vérité et le droit de naisse ne soient pas imposés et organisés à tous et pour tous par les parents, les querelles peuvent éclater et avoir plus de ramifications et d’effets négatifs sur la cohésion familiale en pouvant faire tout exploser.
Quand l’orgueil s’empare d’un ou des enfants au point de penser qu’on est indubitablement le meilleur et par ricochet celui qui doit être au dessus de tous mais par finir que ce schémas mental initial tarde à venir, c’est la haine qui s’installe contre ceux d’entre les frères qui s’en sortent mieux.
C’est l’exacerbation d’une telle haine qui pousse à tous les scénarios pour déstabiliser ceux qui s’en sortent le mieux. Ainsi, toutes les occasions sont saisies pour créer et diffuser des mensonges et justifier l’avance d’un frère qui s’en sort mieux. Sa réussite en plus d’être combattue est savamment caricaturée ou diabolisée. Soit c’est une sorcellerie ou une franc maçonnerie etc pour simplement justifier l’immobilisme et l’incapacité des haineux à produire des promesses.
Les frères haineux et faibles travaillent généralement plus pour détruire et rassembler tous contre celui qui s’en sort le mieux. Dans une telle ambiance, tous ses efforts de réhabilitation de la famille globale sont peint en noir et l’objectif de tous est qu’il tombe.
En le combattant farouchement, la famille se plante et croupit sous le coup des mensonges.
A un stade élevé des querelles, même la réconciliation n’est plus possible ou du moins productive en raison des ramifications irréversibles.
Si celui qui s’en sort et qui sur la base de la haine et du mensonge a des antécédents de conflits dans sa famille, genre femmes divorcées, ses propres enfants peuvent être utilisés par la majorité négative pour non pas obligatoirement affaissée l’ennemi mais ses enfants qui ne comprendront pas tôt le scénario car aidés par une mère devenue aussi haineuse.
L’opportunisme béant et le mensonge érigé en système louche détruit la famille en l’adressant pour de bon.
Si non comment le fils qui a utilisé tous ses millions pour réhabiliter les acquis communs en ruine peut être combattu par les plus nuls qui ne se battent que pour eux-mêmes.
Comment le fils qui fait de gros investissements à coûts de centaines de millions dans le village commun peut être combattu ?
Comment le fils qui a aidé son frère à faire une promotion peut être accusé d’avoir tué celui-ci.
Comment peut-on passer par une femme divorcée pour récupérer et instrumentaliser les enfants contre leur père en feignant leur faire du bien ?
Comment peut-on envoyer en justice le fils qui est en train de réhabiliter les acquis communs ?
En passant en revue les autres cas de figures, les réalités sont plus explosives et plus catastrophiques.
Dans la plupart des cas , les familles africaines sont en elles-mêmes les vrais obstacles contre leurs membres.
La réalité du mensonge et de l’opportunisme béant s’est transformée en une véritable culture, mode de vie, de penser, d’agir, d’être ou en système de fonctionnement de la majorité des familles africaines, des collectivités et même des gouvernements.
D’aucuns parlent même de la «maladie du mensonge et de l’opportunisme familial», car le mal est tellement profond qu’il a atteint une dimension endémique.
Aucune couche et classe sociale ne semble être épargnée.
Les enfants, les jeunes, les personnes âgées, les hommes, les femmes, les personnalités politiques et même les hommes d’Église mentent. Il n’y a ni peur ni honte à faire de l’opportunisme et de mentir.
C’est un gagne-pain, un business florissant. Le mensonge et les contre-valeurs sont érigés en vérité.
On s’interroge sur les causes de ce fléau!
Est-ce un fait culturel, un problème d’éducation ou une conséquence de la civilisation moderne?
Si tous les secteurs de la vie sociale sont concernés par le phénomène du mensonge, la famille après le monde politique est celui qui est le plus épinglé et fait l’objet de plusieurs dégâts.
L’Afrique étant plurielle, avec des réalités diverses et complexes, nous ne pouvons prétendre maîtriser le phénomène du mensonge et de l’opportunisme dans nos familles respectives, ni en parler de façon générale, et encore moins de manière exhaustive.
Dans les limites de cette réflexion personnelle d’un sociologue victime dont je suis, je voudrai juste en tant que chercheur, praticien du développement et coach en développement personnel, évoquer quelques réalités du mensonge et de l’opportunisme familial qui sont depuis lustre à la base de la déconfiture et l’explosion de beaucoup de familles africaines. Et, avec elles, des potentialités énormes et des valeurs internes englouties par la haine et la fourbe des plus crétins, faibles et malhonnêtes contre ceux qui défendent simplement des valeurs profitables à tous.
Pour mieux aborder ce fléau qui me semble être plus africain qu’asiatique, américain et occidental, j’ai jugé opportun de partir de quelques cas vécus ici en Guinée avec des péripéties illustratives comme objet d’analyse scientifique pour aider les familles africaines à s’interroger, se remettre en cause et se réinventer pour éloigner les mensonges et l’opportunisme dans la perception et le jugement des faits à travers des raccourcis destructeurs qui sont l’œuvre des nuls généralement prêts à mobiliser pour détruire la vérité.
Ce qui étonne et surprend aussi bien les analystes que les Anciens (nos grands-parents) c’est le fait de rencontrer des personnes adultes, mûres, qui selon la tradition devraient être sages, honnêtes et modèles, mais malheureusement racontent ou soutiennent des mensonges en restant opportunistes à tout point de vue et sur tous les sujets concernant la vie et l’avenir de la famille et des individus qui l’a compose.
Comment ces personnes respectées pour leur âge et leur sagesse peuvent-elles être opportunistes et menteurs, sans honte, ni crainte, ni respect de la culture des ancêtres ?
En effet, un adage africain très partagé dit et c’était vrai dans un passé lointain mais rare aujourd’hui: «La bouche d’un vieillard sent, mais elle ne prolifère pas de mensonges».
Comment une telle déviance aux antipodes des traditions et coutumes africaines a pu se propager à tous les niveaux et dans toutes les circonstances?
Ce qui me semble aussi inquiétant et préoccupant, ce sont les effets multiplicateurs sur les enfants.
Aujourd’hui, les enfants mentent énormément et ceci devrait inquiéter tout le monde pour pousser chacun à une remise en cause de nos habitudes d’éducation.
Il en est malheureusement de même dans les familles, à l’école, dans la société, a-t-il poursuivi, se demandant où les enfants puissent avoir un tel courage pour mentir à leur âge.
Une Directrice d’orphelinat nous a raconté la semaine passée, comment une petite fille de onze ans s’est présentée à leur communauté comme orpheline: une histoire montée de toute pièce. Les communautés religieuses elles-mêmes ne sont pas épargnées.
Signalons enfin le phénomène des téléphones cellulaires ou portables. Autre source de mensonges. Au temps du téléphone fixe on était sûr que l’interlocuteur se trouvait là où on l’avait appelé. Aujourd’hui, les téléphones portables mentent sans vergogne; ils vous trompent sur l’endroit où devrait se trouver celui ou celle à qui vous parlez.
Ces scènes sont fréquentes dans les transports ou lieux publics et donnent lieu à des réactions amusantes ou violentes. De bonnes histoires de ce genre courent dans tout le pays.
En Guinée, il se remarque que «flatteries, opportunisme et mensonges sont tellement répandus qu’ils devraient mobiliser sociologues, communicologues, psychologues et politologues pour être compris en Guinée.
En effet, en Guinée et ailleurs en Afrique, mentir, flatter et endormir n’épargnent ni les familles, l’école, les religions encore moins les milieux politiques.
D’ailleurs, le contexte de pauvreté aidant, même pas les religions, «flatter devient ainsi une nécessité, mentir un art ». Survivre est la règle et s’enrichir une obsession.
En Guinée, que ce soit dans les familles et dans la société en général, le mensonge et l’opportunisme matériel et financier sont des sujets qui devraient faire couler beaucoup d’encre et de salives mais notre société semble se confirmer et même en faire de façon diffusé des valeurs morales qui comptent pour progresser dans la société.
Le mensonge et l’opportunisme sont devenus une culture, une mentalité, un style de vie et un mode de contenance, de gestion et de convenance pour mieux exister dans nos sociétés.
Il me semble très difficile d’expliquer les causes d’un phénomène aussi complexe que le mensonge et l’opportunisme généralisé des guinéens.
Le mensonge est certes une réalité humaine mais, quelle que soit son ampleur, il ne pourra jamais et indéfiniment triompher la vérité.
La transformation des mentalités et la promotion d’une culture de la vérité passent par une bonne éducation et par le témoignage de vie lumineux de nos ancêtres qui misaient et se battaient pour la vérité qui était le symbole de la dignité.
En dépit de tout ce qui précède, la vérité finit toujours par triompher et les haineux finissent toujours par tomber plus bas car rien de grand ne se construit dans le mensonge et l’opportunisme.
Bravo les vrais car une majorité négative dans une famille, c’est la masse du coton sans poids.
Par Aimé Stéphane MANSARE
EXPERT CONSULTANT EN SCIENCES SOCIALES DU DÉVELOPPEMENT.
DG de L’IPCJGUINEE