L’existence du monde a toujours été le théâtre d’agitations dues au grandes puissances qui se bousculent. Chacune voulant faire valoir et étendre son influence au fur et à mesure que le temps passe et la nécessité l’impose.
Cette confrontation à plusieurs casquettes et dont la plus redoutable est le recours à la guerre au nom d’un certain égo masqué dans les aspirations au développement et à la sécurité nationale n’est qu’une approche biaisée de la vie. Car elle plonge chaque jour l’humanité dans une spirale de violences inouïes aux conséquences imprévisibles.
Quand les Etats-Unis déploient leur arsenal militaire en Irak le 20 mars 2003 pour supprimer le régime de Saddam Hussein et faire disparaître son commandant, l’argument invoqué fut la crainte de voir ce pays se doter de l’arme atomique. La suite a été un fiasco, plongeant l’Irak dans un perpétuel recommencement alors même que le constat n’avait finalement révélé aucune trace d’uranium dans ce pays.
Un peu plus tôt en 2001, la première puissance militaire mondiale, au nom de la sécurité intérieure s’est déportée en Afghanistan suite à l’attentat contre l’ancien World Trade Center. Deux décennies plus tard, les Américains battent en retraite et laissent la voie libre au Taliban, les nouveaux maîtres de l’Afghanistan dont le désormais ancien président Ashraf Ghani se voit contrait à l’exil après avoir été lâché par ses mentors aujourd’hui essoufflés.
Au Mali et au Niger sur le continent africain, la France occupe le terrain depuis quelques années. Au nom de la lutte contre le “fléau jihadiste”, la guerre se prolonge et les deux nations sont plus que jamais plongées dans la dépendance vis-à-vis de la France, de ses alliés et leur puissance de feu. Jusque-là, pas l’ombre d’une solution pérenne.
En Centrafrique, quand la France fait signe de fébrilité après tant de revers, c’est la Russie qui prend le relais, donnant lieu à une guerre sans fin face à une rébellion plus ancrée dans l’insurrection armée que dans les vertus de la paix. Là aussi la guerre s’éternise devant une Afrique servile, plus encline à la problématique de la succession au pouvoir qu’à la lutte pour les vraies questions de développement. Il en est de même du Tchad, de la Libye et d’autres parties du monde.
Les exemples sont légion et partout, la volonté des super puissances de s’affirmer en voulant protéger coûte que coûte leurs intérêts nationaux, donne lieu à une scène de désordre dans le monde. Dans tous les pays où cette occupation se poursuit ou a viré à l’échec, les conflits armés s’éternisent. En cela un vrai problème demeure : l’incapacité des États sous tutelle à s’affranchir et d’explorer les voies et moyens d’une paix durable avec ses atouts de développement.
C’est autant dire que la paix n’est pas l’apanage de la guerre. Elle doit être le résultat de la négociation, d’une entente où toutes les parties prenantes tirent leur épingle du jeu. Il ne s’agit pas d’entraîner un État vers sa propre destruction quand ses propres ressources spoliées suffisent pour l’aider à s’élargir, quittes à ne jamais se lasser de l’encourager à de meilleures pratiques envers les hommes et les femmes qui le composent.
Faire la guerre pour gagner la paix est une vision surdimensionnée si ce n’est qu’une simple approche qui cache des ambitions ou des velléités expansionnistes. Le monde doit demeurer cet espace où interdépendent les nations, où dialoguent les États et où chaque partie s’emploie à la sécurité de son voisin immédiat et lointain. Sans le moindre effort dans cette direction, loin des égos et des rêves hégémoniques, l’humanité court tout droit vers son autodestruction. Le monde est en pleine ébullition et tout porte à croire que ça ne fait que commencer. Bonjour l’Afghanistan !
Habib Thiam