Le tournant du 28 décembre
Le 28 décembre 2025 ne sera pas une date ordinaire. Ce jour-là, la Guinée ne choisira pas seulement un président. Elle décidera du visage moral, intellectuel et social de son avenir.
Cette élection ne doit pas être un concours de foule, de danse ou de slogan. Elle doit être une compétition d’idées, de projets et de compétences. Le pays a déjà payé trop cher le prix des improvisations, des egos et des fanatismes.
Pour la première fois depuis longtemps, la société civile, la jeunesse et les intellectuels doivent imposer le ton, le niveau et les thèmes du débat national. La politique n’est pas un carnaval, c’est la gestion du destin collectif. Et cette fois, la Guinée doit se comporter comme une nation adulte.
- Une campagne civilisée et moderne
Nous voulons une campagne civilisée, apaisée et intelligente. Pas une guerre de communication ni une foire à la démagogie. Les meetings sans contenu, les invectives et les fausses promesses ne nourrissent plus personne.
Les citoyens veulent comprendre, pas s’enflammer. Ils veulent des explications, des chiffres, des plans.
Chaque candidat doit savoir parler au pays entier, pas seulement à son ethnie, à sa région ou à ses partisans.
La communication politique doit devenir une science, pas un spectacle. Les candidats doivent préparer des discours structurés, des programmes chiffrés et des débats thématiques filmés pour chaque grande question nationale : emploi, santé, justice, éducation, environnement.
Finies les promesses creuses. Les citoyens doivent exiger des engagements mesurables et des contrats sociaux.
- Les grands thèmes à imposer dans le débat national
- Jeunesse et emploi
La jeunesse guinéenne n’a pas besoin de discours, elle a besoin d’opportunités. Les candidats doivent présenter des plans d’emploi réels : création d’incubateurs régionaux, financement de start-ups locales, modernisation de la formation technique.
L’État doit devenir un catalyseur, pas un obstacle. Chaque jeune diplômé doit avoir accès à une plateforme nationale d’opportunités, avec un suivi concret.
- Femme et leadership
La Guinée ne progressera pas en laissant la moitié de son peuple en marge du pouvoir. Les femmes doivent être au cœur des décisions, pas dans les décorations de campagne.
Chaque parti doit publier son plan d’accès des femmes à la direction publique, à la gestion des collectivités et à l’entrepreneuriat.
- Gouvernance et transparence
Assez de flou, assez de deals.
Chaque candidat doit publier sa déclaration de patrimoine, son financement de campagne et son équipe économique. Le peuple ne veut plus de mystère, il veut des comptes.
Une charte nationale d’éthique politique doit être signée publiquement. Quiconque ment ou manipule doit être disqualifié moralement par le peuple.
- Éducation et innovation
L’école guinéenne doit être reconstruite de fond en comble.
On ne prépare pas l’avenir avec des manuels du passé. Les candidats doivent présenter un plan décennal d’éducation : digitalisation des cours, réhabilitation des écoles rurales, formation continue des enseignants, et partenariats universités-entreprises.
Une nation ne se développe pas par la chance, mais par la connaissance.
- Économie et numérique
L’économie guinéenne doit sortir du modèle de rente et de survie.
Le futur est numérique, industriel et créatif.
Des zones économiques spéciales doivent être dédiées à l’agro-industrie, à la transformation locale et au digital.
Les candidats doivent aussi proposer une fiscalité simplifiée pour les PME, et un plan de transition numérique nationale, reliant les régions et modernisant l’administration.
- Environnement et urbanisation
La Guinée étouffe sous les ordures et perd ses forêts.
Il faut une politique verte nationale : gestion durable des ressources, reboisement obligatoire, énergies renouvelables dans les campagnes, et programmes éducatifs sur le climat.
Chaque ville doit disposer d’un plan d’urbanisme intelligent pour les vingt prochaines années, avec un contrôle citoyen.
- Cohésion nationale et réconciliation
Aucune réforme n’aura de sens si le pays reste divisé.
La Guinée a besoin d’une vérité nationale. Il faut parler des blessures, des injustices, des victimes et du pardon.
Un Conseil de réconciliation nationale, indépendant et inclusif, doit être créé, pour refermer les plaies du passé et restaurer la confiance.
III. Les propositions innovantes pour une campagne du XXIᵉ siècle
- Plateformes numériques de débat citoyen
Chaque candidat doit disposer d’un site interactif où les citoyens peuvent poser des questions, voter sur des thèmes, et suivre les engagements pris. Les campagnes doivent passer de la rue au numérique.
- Contrats de performance
Les candidats doivent signer avec la jeunesse des contrats de performance politique, fixant des indicateurs précis : emplois créés, routes construites, hôpitaux rénovés. Chaque année, un rapport public devra être publié.
- Écoles politiques régionales
Il faut former une nouvelle génération de cadres. Des instituts politiques régionaux doivent voir le jour pour enseigner la gouvernance, la diplomatie et la gestion publique. La politique doit redevenir un métier noble.
- Forums citoyens Jeunesse-Femmes-Candidats
Des débats régionaux doivent être organisés avant le scrutin, réunissant les candidats, des jeunes entrepreneurs, des syndicalistes et des chercheurs.
Ce ne sont pas des shows, mais des laboratoires d’idées.
- Applications d’évaluation citoyenne
Une application mobile nationale pourrait permettre aux citoyens d’évaluer les programmes, de suivre les promesses et de signaler les dérives. La démocratie numérique peut commencer ici.
- Communication responsable
Chaque équipe de campagne doit avoir un code de conduite numérique : interdiction des fausses informations, des discours haineux et des campagnes de diffamation.
Le civisme doit être la base du débat, pas une option.
- La responsabilité de la jeunesse
La jeunesse guinéenne a toujours été au cœur des grands tournants de l’histoire. Mais elle doit maintenant passer de la rue à la table des décisions.
La politique n’est pas un spectacle, c’est une bataille intellectuelle.
Ne soyons plus spectateurs. Soyons l’arbitre de la crédibilité.
Cessons d’applaudir ceux qui nous mentent avec charisme. Écoutons ceux qui proposent avec clarté.
Voter, c’est un acte de dignité.
Refuser le chantage ethnique, c’est un acte de courage.
Interroger les candidats, c’est un acte d’amour pour la Guinée.
Conclusion : L’intelligence au service du peuple
Le 28 décembre, le choix ne sera pas entre des hommes, mais entre deux routes. Celle du désordre et de la répétition, ou celle de la conscience et du progrès.
La Guinée mérite mieux que le tumulte et la flatterie. Elle mérite une élite honnête, une jeunesse exigeante et une société qui pense avant d’applaudir.
Ce scrutin doit être un baptême de maturité.
Les Guinéens doivent prouver que leur démocratie n’est pas un cirque, mais une école du sérieux, du respect et de la raison.
Que cette campagne soit notre miroir.
Et que dans ce miroir, la Guinée voie enfin un pays debout, fier, lucide et responsable.
Kaba 1er
Natif de kankan