Les écoles privées semblent avoir pris sinon, ont pris le pas, sur le service public. C’est le moins qu’on puisse dire. Car dans de nombreux quartiers de la ville de Conakry, pas une seule école publique n’y soulage les souffrances des parents d’élèves. Partout, les écoles privées s’érigent en véritables donneuses de leçon. Et pour cause, elles remplacent largement le service public à divers endroits où l’État devait marquer sa présence. Si fait, qu’elles dictent leurs lois aux parents d’élèves dont les revenus ne sont toujours pas à la hauteur de leurs exigences. Chacune d’elles fixe ses critères d’admission en son sein selon le bon vouloir de son fondateur et au gran-dam des autorités en charge de l’enseignement avec à leur tête, le département de tutelle.
Ce qui fait dire à nombreux observateurs que ces écoles sont devenues un fonds de commerce pour les fondateurs. Et pour preuve, les frais de mensualité ne répondent à aucune réglementation nationale. Elles sont devenues si exigeantes, qu’elles indisposent les parents à payer régulièrement des montants dont les retombées dans la formation des élèves restent à prouver.
Comme illustration, les fameux frais d’inscription et de réinscription. Nombreux de parents se demandent à quoi ils servent. Dans certains pays, les parents d’élèves paient ces frais pour être épargnés de nombreux autres paiements qui jalonnent l’année scolaire. Notamment le paiement des rames de papier, les maillots de sport, de la craie ou d’un certain nombre de matériels didactiques etc. Malheureusement le constat est amer à Conakry. Les écoles privées sont devenues des suçoirs. Non contentes de fixer la scolarité de façon fantaisiste sans être inquiétées, elles multiplient les cotisations à n’en point finir : tantôt achat de brochure, organisation de séances de révision ou encore achat de maillot de sport et kermesse de fin d’année. Cette litanie de requêtes épuise les parents. On avait cru à moment, que l’État s’élevait contre ces pratiques qui, si elles ne sont pas réglementées, risquent d’affaiblir le système éducatif guinéen.
Il est compréhensible que pour une simple réinscription, une école demande 170.000 GNF et pour l’inscription environ 200.000 GNF pour les cycles préscolaire, élémentaire et secondaire, sans système d’internat. C’est dommage et frustrant. Quand on sait que les autorités du département de l’éducation se déplacent en permanence pour des rencontres internationales, relatives aux questions d’école. Mais sans jamais épouser le bon exemple des autres. À comprendre aussi, parfois, ces mêmes autorités ont le pied dans le privé. Elles sont soit fondatrices soit actionnaires dans les écoles privées. Comme on le dit « un démon ne peut chasser un autre démon ».
Le souhait des parents d’élèves est que le CNRD se penche immédiatement sur cette question vacillante du système éducatif avant la rentrée des classes. Ainsi, les nouvelles autorités de la transition auront freiné une arnaque institutionnalisée des lobbys de l’enseignement privé en Guinée.
Sékou Fernand Kourouma
622747987