Le Gouvernement guinéen à travers le pool financier présenté ce vendredi, 22 décembre 2023, le projet de Loi de Finances initiale 2024. C’était à l’occasion de la plénière consacrée à cette présentation qui a eu lieu dans l’hémicycle du Palais du Peuple à Conakry. Outre les conseillers nationaux, la rencontre a connu la présence du Premier Ministre, chef du gouvernement, Dr Bernard Goumou, des membres du CNRD et du gouvernement, des ministres et leurs cadres, des représentants des partis politiques, d’acteurs de la société civile etc.
Dans son discours d’ouverture, le président du conseil national de la transition CNT, Dr Dansa Kourouma a exprimé son souhait de voir : « Plus de recettes, pour plus de dépenses, car nos ambitions doivent s’inscrire, de plus en plus, sur la voie de la souveraineté budgétaire. Nous devons dépendre, de moins en moins, de l’aide publique au développement et nous devons compter, de plus en plus, sur nos seules forces et ressources. A cet égard, nous avons pour mission d’imaginer le présent et l’avenir, de les façonner et, par-là, de les transformer constamment en profondeur ».
Donc pour lui : « en cette séance plénière, qui inaugure l’examen de la Loi de Finances Initiale 2024 et au regard de tous les défis qui nous attendent, vous conviendrez avec moi, chers collègues, que notre tâche sera très laborieuse. En cette circonstance donc, en plus de notre mission régalienne consistant à légiférer, il nous faudra nécessairement veiller à l’orientation, au contrôle et au suivi-évaluation de la feuille de route de la Transition, à travers l’analyse du budget qui nous est soumis » a-t-il souligné.
Pour sa part, le premier ministre Dr Bernard Goumou dont l’intervention n’était pas dans le programme a quand même eu un temps pour s’adresser aux conseillers nationaux en cette période de crise liée à l’incendie majeur, qui s’est produit au principal dépôt pétrolier. Selon lui :
https://lavoixdupeuple.infoexplosion-du-principal-depot-petrolier-nous-avons-enregistre-une-tragedie-affirme-dr-bernard-goumou-devant-les-conseillers-nationaux-du-cnt/
De leur côté, les ministres du pool économique ont dans leurs communications respectives déplorés le drame survenu au principal dépôt pétrolier, dont les conséquences seront énormes dans le cadre de la mobilisation des recettes et faire face aux dépenses de l’Etat. Tout de même, ils ont rassurés de leur engagement à œuvrer davantage pour des réformes budgétaires qui pourront soutenir l’économie guinéenne en cette période de crise.
Etant donné que le projet de budget de loi de finance initiale 2024 était déjà préparé par le pool financier avant le drame de Kaloum, les ministres étaient obligés de le présenté chacun en ce qui le concerne, tout en indiquant qu’ils tiendront compte de cette catastrophe pendant les débats avec les conseillers nationaux en commission et en inter-commissions avant le vote dudit projet.
Le ministre du budget, Dr Lancinet Condé, a indiqué que les dépenses du budget général augmentent de 929, 28 milliards par rapport à la LFR 2023. Tandis que les charges des budgets d’affectation spéciale enregistrent une baisse de 12, 41% par rapport à celles de la LFR 2023.
Poursuivant, il a tenu à préciser que les dépenses passent de 37 249,45 milliards dans la Loi de Finances Rectificative 2023 à 38 030.22 milliards en 2024, soit une augmentation de 780.77 milliards (+2.10%), rapportées au PIB. Les dépenses s’établissent à 18.72% et s’inscrivent dans la recherche d’une plus grande efficacité dans la gestion axée sur les résultats, afin d’assurer un service public de qualité, a-t-il précisé.
Parlant de l’incendie, Dr Lancine Condé dira que : « l’incendie tragique du dépôt de carburant à Coranthie, après la transmission du Projet de Loi de Finances 2024 ne permettait pas de prendre en compte cet évènement dans le projet. La construction rapide d’un nouveau dépôt, la prise en charge des effets de la tragédie, la maîtrise des fragilités identifiées pendant la catastrophe s’imposent comme une priorité stratégique que l’audience contribuerait à structurer pendant les travaux en commission » a-t-il conclu.
Pour sa part, le Ministre de l’Economie et des Finances Moussa Cissé dira que : « l’expansion économique enregistrée par l’industrie extractive et les activités agricoles ont contribué à améliorer le solde global de la balance des paiements qui est ressorti excédentaire de 701,3 millions de dollars US, soit 3,2% du PIB, stabiliser le taux de change et comprimer le niveau général des prix malgré un contexte mondial inflationniste ». Et que : « L’enveloppe globale du Budget d’investissements Publics 2024 se chiffre à 14 216,15 milliards de GNF dont 6 734,15 Mds sur ressources propres, soit 47.4% y compris les droits et taxes et 7 482 Mds sur financement extérieur (Finex), soit 52.6%. La répartition sectorielle se présente comme suit : Développement rural et environnement pour 1 343 Mds, soit 9,45%: Mines, énergie, industrie et services pour 1 729.9 Mds, soit 12,47%: Infrastructures et équipements pour 3 970,6 Mds, soit 27.93%; Secteur Social pour 3 424.2 Mds, soit 24,09% : et Décentralisation, défense et sécurité pour 3 289,45 Mds. soit 23,14% », a-t-il énuméré.
Dr Karamo Kaba, Gouverneur de la Banque centrale de la République de Guinée (BCRG), a affirmé que l’incendie du principal dépôt pétrolier aura une ‘’répercussion économique très importante’’ sur l’économie nationale, car le secteur des transports, du commerce etc. sont affectés. Déjà, les flambées des prix sont constatées. Il y’aura une hausse des dépenses sociales et de la baisse des recettes.
Pour Dr Karamo Kaba : « Soyons clairs et lucides, je ne vais pas vous mentir, cet incendie aura des répercussions économiques et sociales importantes. Monsieur le ministre de l’économie et des finances, au plan économique, la croissance sera affectée. En effet, si la destruction des installations de la SGP entraîne à moyen terme une rupture de l’approvisionnement en carburant, cela risque de perturber les activités dans le secteur des transports, de l’industrie, du commerce, des services. L’UMS en trouva déjà une baisse des importations de pétrole raffiné pour le reste de l’année 2023 de -4,2% et un ralentissement des activités de transport d’environ 2% par rapport à une situation normale. Dans ce contexte, nous estimons que la croissance économique pourrait être amputée de 0,7% en 2023. Au niveau de l’inflation, cette perturbation pourrait vraisemblablement occasionner la flambée des prix à la consommation »,
Oumar M’Böh