Avec la profession de foi, la prière, l’aumône, et le pèlerinage à la Mecque, il est l’un des cinq piliers de l’islam. Le «ramadan», aussi écrit «ramadhan» au Maghreb, correspond au neuvième mois du calendrier musulman, calendrier lunaire dit «hégirien» (de l’arabe «hijra», «expatriation, exil»), qui fait référence au départ de Mahomet pour l’oasis de Medine, en 622 du calendrier chrétien.
Il s’agit de la période durant laquelle près d’un milliard huit cent millions de croyants dans le monde s’astreignent, du lever au coucher du soleil, à un jeûne rigoureux – manger, boire, fumer, se parfumer et avoir des relations sexuelles sont interdits. Et dont la fin donne lieu à une fête religieuse, appelée l’Aïd el-Fitr.
De la «chaleur» au «vacarme»
Le mot «ramadan» apparaît au XVe siècle en France, dans le Traité sur le passage en Terre sainte (1420) d’Emmanuel Piloti, marchand vénitien. Issu de l’arabe «ramadan», de même sens, le terme est lui-même dérivé de «ramida», «être chauffé par le soleil, être chaud», parce qu’à l’époque où il fut institué, avant l’adoption du calendrier lunaire, indique l’Académie française, ce mois était situé en été. C’est en 610 que l’ange Gabriel serait apparu au prophète Mahomet et lui aurait révélé le livre sacré du Coran. Comme l’expliquait au Figaro Maati Kabbal, responsable au département d’action culturelle de l’Institut du monde arabe (IMA) à Paris, «le ramadan renvoie à la canicule de l’Arabie. Il traduit donc à la fois une situation psychologique, mais aussi une situation géographique.»
C’est au XIXe siècle, avec le développement du mouvement littéraire et artistique de l’orientalisme, que le «ramadan» s’ancre dans la langue française. En 1829, dans Les Orientales, Victor Hugo utilise le mot sous sa forme turque: «A-t-il du ramazan rompu le jeûne austère?». De même, Guy de Maupassant écrit en 1884, dans Au soleil, son récit de voyage en Algérie: «Je fus stupéfait et je demandai: “Eh bien, qu’y a-t-il? − C’est ramadan”, dit-elle.»
C’est également à cette époque qu’apparaît en Algérie le «ramdam», variante de «ramadan». Dans le langage populaire, et ce par l’intermédiaire de l’argot militaire, le terme est devenu synonyme de «vacarme», «tapage». On peut lire dans le Trésor de la langue française que son sens vient du fait qu’aux yeux de nombreux non-musulmans, l’aspect le plus caractéristique du ramadan était l’intense et bruyante activité nocturne suivant les journées de jeûne durant ce mois.
In Figaro