Au 36ème sommet de l’Union l’Africaine, la Communauté des Etats Économiques de l’Afrique de l’Ouest a opposé son veto à nouveau à la demande de levée de sanctions contre la Guinée. Une décision qui a suscité assez de commentaires et d’analyses dans d’épars milieux.
Pour certains, l’accommodement de la junte guinéenne des juntes militaires au pouvoir au Mali et au Burkina Fasso serait à l’origine de cette fin de non-recevoir. Pourtant, ce qui était par ailleurs normal, parce qu’au-delà des spécificités propres à chaque pays, les trois traversent des transitions et sont frappés par les mêmes sanctions.
Donc, l’idée d’aller en rang serré est un choix diplomatique sous-tendu par le poids et l’influence qu’auraient eu le bloc des trois face au poids individuel, qui ne paie pas très souvent pas dans les prises de position internationale.
Alors que pour d’autres, la situation sociopolitique interne de la Guinée pourrait expliquer les raisons de ce verdict. Et étrangement, toutes les raisons convergent vers la même finalité qui est que, la diplomatie du gouvernement de la transition aurait échoué à Addis-Abeba. Hélas !
Toutes ces critiques sont dignes d’être pardonnées par endroit, à cause de leur caractère profane d’une part, et de leur candeur face au contexte sous-régional d’autre part.
Car en diplomatie, l’analyse des actes posés doit s’arc-bouter plus sur les acteurs qui les posent que, sur les actes eux-mêmes.
En sociologie des relations internationales, les États, les institutions internationales, les firmes internationales, les ONG internationales et les hommes d’Etats sont les principaux acteurs qui animent leur flux et reflux. Soit avec objectivité, soit avec subjectivité surtout en politique étrangère; tout dépend des intérêts en jeu.
Dans le cas guinéen par exemple, il est prouvé qu’au sein de la CEDEAO, il y a des chefs d’Etat qui ne cachent plus leur aversion pour le pouvoir de Conakry. Ironie du sort, c’est l’un d’entre eux qui siège au perchoir de l’institution sous-régionale.
Sans occulter les intrigues des opposants à la junte; qui ignore à date la sortie du président Umaru Embalo Sissoko sur le dialogue inter-guinéen ?
Ce dernier, loin de chercher s’imprégner des réalités sociopolitiques actuelles à l’interne, le président en exercice de la CEDEAO, à cause de sa proximité avec un camp, avait exprimé ses désidératas de manière officielle. Ce sont des subjectivités inéluctables en diplomatie.
Il convient également de rappeler intelligiblement que, toute transition intervenue suite à un coup de force cohabite avec les sanctions. Raison pour laquelle, la priorité diplomatique de toute transition est comment les esquiver. Et lorsqu’elles tombent, tout l’arsenal diplomatique est déployé pour leur levée.
A l’inverse de ce que pensent certains, la diplomatie n’échoue jamais, ce sont les tentatives diplomatiques qui se heurtent aux incompréhensions. Par conséquent, ce ne sont que des parties remises. En ce sens que, les négociations peuvent s’interrompre mais ne s’enterrent jamais. Elles sont pour la diplomatie comme le sang est pour le corps humain.
Le ministre Morissanda Kouyaté qui exécute la politique étrangère définie par le président de la transition, a tout de même de quoi s’enorgueillir.
-Réussir à faire éviter à la Guinée, l’isolement total est un franc succès diplomatique;
-Parvenir à faire accepter à ce jour, la nomination de plus d’une dizaine d’ambassadeurs guinéens, dans les 5 pays membres permanents du conseil de sécurité des Nations Unies;
-Réussir à garder les relations avec les institutions économiques et financières internationales pour maintenir à flot les financements extérieurs;
-Faire accréditer des ambassadeurs des pays de tous les continents en Guinée, est une prouesse diplomatique;
-Rajeunir et féminiser le personnel diplomatique guinéen en rappelant tous les retraités est une première sous les cieux de la Guinée du 2 octobre 1958.
Bella Kamano