Les pratiques de dilapidation et de détournements des ressources financières continuent de plus belle en Guinée, particulièrement à l’intérieur du pays et singulièrement dans la préfecture de Dinguiraye. Parmi de nombreux détournements de fonds issus des taxes minières de la société minière de Dinguiraye (SMD) depuis des années, figure l’argent destiné à la réalisation d’un projet piloté par le ‘’Groupement BOUKA’’ relatif à la valorisation d’un champ de riz à Bambadala d’une valeur de 100 hectares. Jusque là impossible de connaitre le montant exact. Il serait entre 1 milliard et 1 milliard 700 millions de francs guinéens.
Selon le président dudit groupement, monsieur Moustapha Thiam : « notre groupement est composé de dix (10) membres dont quatre (4) femmes. Les négociations pour l’obtention du financement du projet d’aménagement du champ de riz de Bambadala d’environs 100 hectares ont commencé au mois de février 2020 et le financement n’a pu être obtenu que le 11 juillet 2020. Mais malheureusement il n’ya pas eu de récolte, le service du comité d’appui à la gestion du fodel est venu faire le constat, dont la conclusion a été dit que, notre site a enregistré une calamité naturelle ».
Et que sur les 100 hectares annoncés préalablement, 80 ont pu être aménagés. Cela après le décaissement de 60% du montant global du contrat. Un montant reparti comme suit : « J’ai reçu 20 % en tant que propriétaire du domaine, 30% sont revenus au FODEL et les 50% pour le fonctionnement », a-t-il souligné sans pour autant donné un montant.
Mais malheureusement, aucune graine n’a pu être récoltée dans ce champ de 80 hectares, parce que tout simplement le délai de semence n’a pas été respecté. C’est plutôt le partage de l’argent qui intéressait les différents acteurs de ce fameux projet. Moustapha Thiam confirme : « pendant plus de 30 ans j’exerce dans le domaine de l’agriculture. J’ai même bénéficié d’une décoration du feu Président guinéen Lansana Conté. Donc, la période à laquelle le financement a été obtenu n’était pas du tout propice pour faire la semence, j’avais bel et bien alerté les uns et les autres, mais personne ne m’a écouté. Moi je voulais qu’on s’atèle à la clôture d’abord pour mieux se préparer pour l’année prochaine. Voila maintenant ce qui est arrivé avec une inondation extrême de 2 mètres, c’est même mentionné dans le rapport de … qualifiée de ‘’calamités naturelles’’. Notre parrain c’est le Préfet de Dinguiraye le lieutenant colonel Mamadou Lamarana Diallo», a-t-il ajouté.
Parrain du ‘’Groupement BOUKA’’, oui répond le préfet qui a été joint au téléphone par notre reporter, mais affirme qu’il ne s’intéresse à rien pour ce qui est de la gestion du FODEL. « Je suis le parrain de toutes les activités au niveau de la préfecture de Dinguiraye (rires). Mais par rapport aux financements du FODEL, ça je n’en sais absolument rien ; il y’a un comité qui est installé et c’est ce comité qui gère et non moi. Donc, referez-vous à ce service qui est comité d’appui à la gestion du fodel », a-t-il laissé entendre.
Parmi les membres du FODEL se trouve, le maire de la commune rurale de Banora, zone d’exploitation par excellence de l’Or, dans laquelle exerce la SMD. Mais à en croire Alhassane Barry, il ne connait absolument ce que fait cet organe dans le cadre de la gestion des fonds de Dinguiraye : « depuis que nous avons été installés au mois d’août 2020, je n’ai été informé de rien. Personne ne me rend compte de ce qui s’y passe, c’est pourquoi à chaque fois que les habitants de ma commune me demandent sur les fonds de notre commune je leur dit tout simplement que je ne suis au courant de rien. Le moment venu les habitants s’auront la vérité », a-t-il alerté.
De son côté sous couvert d’anonymat, un des responsables du comité permanent de suivi basé dans la commune urbaine de Dinguiraye, nous informe que leur organisation depuis sa mise en place au mois d’Août 2020 ne fonctionne presque pas : « il y’a un manque de réunions, pas de consensus entre les membres du comité de Dinguiraye pour les orientations de fonds. Jusqu’à présent nous n’avons pas signé nos contrats. C’est un petit groupe qui est en train de travailler avec la préfecture sans aucun rapport », a-t-il dénoncé.
Un autre acteur de la société civile a dit tout simplement qu’il n’ya eu aucune étude de faisabilité n’a été mise en place pour l’exécution dudit projet. Quant à un membre de la famille Thiam, aussi cultivateur depuis plusieurs années dans la zone de Bambadala : “les acteurs de ce projet doivent être poursuivis pour détournement de fonds publics, parce qu’ils savaient que le moment n’était du tout propice pour faire la semence. Nous nous étions à l’attente de l’année prochaine pour pouvoir faire du bon travail, mais avec cette situation nous risquons de ne rien bénéficier. Car, j’entends les acteurs réclamer le reste de leur argent, je ne sais pas nous sommes dans quel Etat, tu fais un travail avec aucun résultat positif tu réclames autre chose” a t il regretté.
Pendant ce temps, ce sont les présidents du Conseil Local des Jeunes et président des bureaux de jeunesse de la sous préfecture de Banora, qui adressent une lettre au Directeur des Mines de Dinguiraye. Dans laquelle, ils demandent ‘’l’éclaircissement autour du Fonds FODEL’’. Etant donné qu’il y’a un manque d’informations sur la gestion dudit fonds, ils demandent ceci : « dans le souci du développement de notre commune comme dans toutes les autres communes concernées par le FODEL, nous avons la soif et la curiosité de savoir les raisons du grand silence qui règne autour du virement aux comptes des différentes CR et la gestion suivant les différentes clés de répartition de ce fonds annoncé depuis des mois et dont plus de 3 milliards pour Banora », ont-ils indiqué.
Selon ces deux responsables, un ultimatum est donné au directeur préfectoral des mines pour faire cet éclaircissement : « la suite favorable est attendue au plus tard le 30 novembre prochain. Parce que les autres communes de Siguiri se développent et Banora n’a rien à part quelques motos sans aucune explication sur leur provenance. Pourtant, notre commune avait recensé les différents groupements et associations de femmes et de jeunes dans le cadre du financement de leurs activités. Ceux-ci réclament ce financement qui leur a été promis », ont-ils rappelé.
Affaire à suivre…
Oumar M’Böh pour Lavoixdupeuple
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