Dr Almamy Camara, chef du Centre de santé de la commune urbaine de Dinguiraye a accordé, récemment, une interview à notre rédaction. Au cours de cet entretien exclusif, Dr Camara a énuméré les maux dont souffre ce centre. Parmi les difficultés figurent entre autres, le manque d’eau, d’électricité, du personnel soignant, d’ordinateurs, d’espace pour l’extension des salles etc. il a saisi l’occasion pour solliciter une aide de la part des ressortissants de la préfecture de Dinguiraye, des personnes de bonne volonté mais aussi le ministère de la santé. Lisez !!!
Lavoixdupeuple.info : Bonsoir Dr Almamy Camara, vous êtes le chef du centre de santé de la commune urbaine de Dinguiraye. Votre centre dispose de combien de sections ?
Dr Almamy Camara : Bonsoir monsieur M’Böh, notre centre de santé dispose de 8 sections au total. Il ya la consultation primaire curative pour des adultes et des enfants ; la section des soins, là où des injections et des pansements sont effectués ; il y’a la section de la consultation prénatale ; la planification familiale ; la vaccination ‘’PEV’’ entendez programme élargi de vaccination ; il y’a aussi le point de dispensation et pour manque de salles, nous faisons la prise en charge des malnutri aigu sévère au salon.
Ce centre de santé urbain reçoit combien de patients par mois et par jour ?
Le taux de fréquentation varie selon les saisons ici à Dinguiraye. En saison pluvieuse, je vous avoue qu’on travaille assez, nous accueillons entre 400 à 500 malades par mois, ce qui donne 10 à 15 malades par jour. Certains malades quittent jusqu’à Lansanaya, d’autres à Balagnoumaya un district qui se trouve à 45 kilomètres de notre centre de santé pour venir se faire traiter ; sinon ils sont à 5 kilomètres du centre de santé de M’Bonet. C’est parce qu’ils sont satisfaits de nos prestations. Et entre décembre et mai, les gens vont dans les zones minières. Donc, le taux de fréquentation baisse. Ensuite, pendant les périodes d’épidémies ou de pandémies, comme ce fut le cas avec COVID-19 et Ebola, certains disent que c’est en allant dans les hôpitaux qu’ils vont être contaminés par les virus et d’autres disent même que c’est les docteurs qui distribuent les maladies. Ces rumeurs-là font que les citoyens ont une certaine réticence vis-à-vis des structures sanitaires.
Que faites-vous pour empêcher la propagation de ces rumeurs ?
Nous faisons des sensibilisations notamment à travers la radio rurale et nos équipes font le porte à porte dans les familles aussi. Cela nous permet de toucher un large public.
Quelles sont les principales difficultés que vous rencontrez ici dans ce centre de santé ?
Pour rappel, ce centre de santé avait été construit lorsque la population était à 20 000 habitants. Et la taille de la population en 2021, est estimée à 57 929 habitants. Donc, il est devenu très petit par rapport à cette densité. Ensuite, il ne bénéficie pas de subventions ; son chef ne dispose pas de bureau ; nous sommes en manque d’un point d’eau ; le personnel qui est muté ici souvent ne reste pas. Par exemple en 2017, notre centre a reçu douze (12) agents, mais malheureusement seulement deux (2) qui sont avec nous présentement, les autres certains ont cherché leurs mutations et d’autres sont à Conakry et ils ne viennent pas à Dinguiraye pour servir. Nous sommes appuyés par des bénévoles et quelques stagiaires. Autre difficulté qui constitue un autre problème, c’est le manque d’eau. Car, le forage qui est à côté du centre appartient aux habitants du quartier, le centre de santé est venu trouver ce forage là ici et il ya une route qui sépare le centre audit forage. L’eau de la SEG ne vient que deux à trois fois dans le mois, là aussi, c’est pour quelques heures seulement. En ce qui concerne l’électricité, nous travaillons que la nuit quand l’EDG envoie le courant. Donc, nous nous conformons à leur programme, les panneaux solaires que nous avions installés ont fini par être ensevelis par la poussière, car, le centre de santé se trouve à côté de la route. Et nous n’avons qu’un seul ordinateur bureautique pour tout le personnel. Parlant toujours de nos difficultés, je dirais qu’au niveau de la salle d’accouchement, les femmes qui viennent pour accoucher, pendant leur travail, les urines, les sels tout se passent au salon devant les patients et aides malades, puis à la terrasse pour les toilettes qui se trouvent au dehors. Pourtant, il est recommandé de respecter l’intimité des personnes surtout les femmes, qui sont nos mamans, nos sœurs, nos épouses, nos sœurs.
Quelles solutions avez-vous envisagez pour corriger cet état de fait ?
Pour trouver une solution à ça, étant donné qu’il ya un espace derrière cette salle d’accouchement, c’est de trouver une issue par là-bas et même construire d’autres salles, il suffit seulement que des personnes de bonne volonté ou des ressortissants nous viennent en aide ou que l’état le fasse à travers le Ministère de la Santé. Cela permettra aux femmes d’accoucher en toute intimité.
N’avez-vous pas interpellé la Commune par rapport à ces difficultés ?
Nous avons bien sûr informé le conseil communal par écrit que nous avons déposé au siège de la mairie. Les conseillers avaient promis de faire quelque chose pour ce centre de santé, mais cette promesse tarde encore à se concrétiser. Nous allons quand même continuer à les rappeler.
Quelle garantie avez-vous à donner pour ceux ou celles qui viendront à votre secours pour le maintien des équipements offerts et leur utilisation ?
Je garantie à toute personne qui donnera une aiguille à notre centre trouvera cette aiguille ici sur place et elle servira aux malades. Ensuite, je tiens à rappeler que dans les centres de santé, il y a beaucoup de gratuités, notamment la vaccination, l’accouchement, la consultation prénatale, la prise en charge du paludisme. Donc, s’il n’y a pas un appui extérieur, ça serait difficile pour nous. C’est pourquoi, je saisi cette opportunité pour lancer un appel à l’endroit des ressortissants de la préfecture de Dinguiraye partout où ils se trouvent, des personnes de bonne volonté mais aussi le ministère de la santé de nous venir en aide. Nous sommes en manque de tout et pendant ce temps de nombreux malades viennent de partout pour des soins.
Merci Dr Almamy Camara d’avoir répondu à mes questions
C’est à moi de vous remercier et merci pour tout ce que vous êtes en train de faire pour la Guinée et particulièrement la préfecture de Dinguiraye.
Propos recueillis par Oumar M’Böh pour Lavoixdupeuple
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