À Lountou, un petit hameau isolé de la sous-préfecture de Diatiféré, préfecture de Dinguiraye, la voix d’un vieil homme continue de porter. Thierno Macky Lountou Touré, âgé de 111 ans, est considéré comme le doyen du district, voir même de la sous-préfecture.
Cultivateur de toujours, ancien chasseur respecté, il vit entouré de ses enfants et petits-enfants. Aujourd’hui, il n’a plus la force de marcher sur de longues distances, ni même d’entendre distinctement, mais son esprit reste lucide et son cœur tourné vers l’essentiel : sa terre natale.
« Mon père est toujours parmi nous. Malgré son âge, il s’active dans le champ à sa manière, aux côtés de ses enfants. Il a eu douze enfants, dont quatre filles, et de nombreux petits-enfants. Il n’entend plus bien, mais il tient bon », confie Noumoukè Touré, son fils aîné. Assis sous un arbre, à l’ombre d’un soleil rude, le vieux Thierno garde les yeux fixés sur le lointain, là où la poussière s’élève au moindre passage, là où la route s’arrête depuis trop longtemps.
Ce que l’ancien exprime est clair : Lountou a besoin d’eau potable et d’une route. Le bétail est décimé faute de points d’eau, les habitants marchent des kilomètres pour s’approvisionner, et l’enclavement isole les familles pendant la saison des pluies. « Mon père nous répète souvent qu’il veut voir Lountou changer, ne serait-ce qu’un peu, avant de fermer les yeux. Il rêve de voir une route traverser le village et un forage alimenter les foyers », explique son fils.
Ce vœu, il ne l’adresse pas seulement à sa famille. C’est un message pour l’État, pour les élus, pour quiconque peut encore entendre une parole qui vient de loin, d’un siècle de vie. Celle d’un homme qui, après 111 ans, ne demande rien pour lui-même. Juste un peu d’eau, un chemin praticable, et de la dignité pour ceux qui restent.
Oumar M’Böh