Depuis le 7 octobre 2025, un silence inhabituel plane sur les plantations de Diécké et Bignamou, dans la préfecture de Yomou. Les camions ne circulent plus, les hangars sont vides, et les palmiers ploient sous le poids de régimes mûrs, faute d’être cueillis. Les planteurs de palmier à huile et d’hévéa ont décidé d’arrêter toute livraison à la SOGUIPAH. Leur mot d’ordre : tant que les arriérés ne sont pas payés, aucune production ne bougera.
Joint par téléphone, Yonh Joël Mahomy, président de l’Union des planteurs de Diécké, ne mâche pas ses mots :
« Cela fait maintenant une semaine que la grève se poursuit. Personne ne travaille, c’est le calme total. Les consignes sont claires : quiconque tente d’envoyer des productions à l’usine va à l’encontre de la décision collective. »
Les planteurs réclament le paiement intégral de cinq mois d’arriérés, le règlement des ristournes impayées depuis 2013, mais aussi une participation directe à la fixation des prix, la révision de la convention entre la communauté et la SOGUIPAH, et la suppression de certains prélèvements jugés injustifiés.
À Bignamou, la tension est palpable. Apollinaire Kpoghomou, membre de l’Union locale, estime que la situation n’est plus tenable :
« Nos familles vivent au rythme de ces cultures. Nous avons tout donné pour que les usines tournent, mais nous, producteurs, nous sommes laissés pour compte. »
Pendant ce temps, à Dinguiraye, une autre affaire retient l’attention : celle de la carrière de Helleyabhe, exploitée par une société chinoise.
Mamadou Aliou Traoré, propriétaire du terrain, affirme détenir un certificat de propriété datant de 2006, prouvant son droit sur le site. Après plusieurs démarches infructueuses, il a choisi de barricader la route menant à la carrière. Son interpellation par la gendarmerie a provoqué une vive indignation.
À la barre, le Directeur préfectoral des Mines, Mamoudou Ousmane Tounkara, a reconnu ne pas avoir respecté la procédure d’exploitation. L’affaire, impliquant également le préfet et le Directeur de l’Environnement, a été renvoyée au 21 octobre 2025.
Deux affaires, deux colères, mais un même écho , celui d’une population qui réclame simplement que justice soit faite, que le travail retrouve sa valeur, et que les droits des citoyens soient respectés.
La Guinée, dans ses terres les plus fertiles, attend des réponses.
Djoumè SACKO