Dans une synthèse intitulée ‘’Les Mines dans l’Économie Guinéenne : Quel rôle pour une croissance forte et résiliente’’, présentée par Dr Lanciné CONDE, Ministre guinéen du Budget lors du symposium minier en novembre 2022, le potentiel minier impressionnant que dispose la République de Guinée a été ressorti à cette occasion. Il a été rappelé que les gisements de bauxite en Guinée sont les plus vastes et ont la plus haute teneur du monde. Le plus grand gisement non développé de minerai de fer s’y trouve, dans le massif du Mont Nimba. Il faut ajouter à ce potentiel l’Or, les diamants et d’autres pierres et métaux précieux.
Par rapport, à l’apport du secteur minier dans l’économie nationale, il reste encore le premier avec une contribution d’un niveau de croissance très élevé dans le cadre de l’employabilité et au financement du budget national du pays. Par exemple, en 2021, la part des exportations totales a été de 83,4%. Parallèlement, la part de la valeur ajoutée du secteur minier a été de 24% en 2021, tandis que les revenus miniers ont représenté en moyenne 6,6 % du PIB au cours des trois dernières années.
L’économie Guinéenne est fortement concentrée et dépendante de sa production minière qui représente 90 % des exportations totales du pays et procure 60% de sa croissance. La croissance du secteur a été le principal moteur de la croissance économique du pays avec une croissance de 11%. En 2021, la croissance globale a été de 4,9% avec une contribution de 2,8% du secteur minier. Quant à l’emploi, le nombre d’employés enregistré au sein du secteur minier a été de 50 854 salariés en 2019, contre 19 016 employés en 2010. Aussi, en décembre 2021, les recettes minières collectées ont été de GNF 3 303,52 milliards contre GNF 2 294,1 milliards en 2020.
Cette réforme s’est élargie jusque dans le secteur de l’orpaillage où le Ministère de tutelle a appuyé et accompagné la nécessité de profonde réorganisation pour la mise en place de l’Union Nationale des Orpailleurs de Guinée (UNOG), dont l’objectif étant de faire profiter au mieux l’exploitation artisanale de l’Or aux orpailleurs et aux populations locales.
En 2022, pour la période de janvier à juin, le secteur artisanal a exporté 1 198577 onces d’Or, contre 415 454 onces et 17 968 onces respectivement pour les secteurs industriel et semi-industriel.
S’agissant des montants collectés en CDL au FODEL au titre de 2015 à 2020, un montant de 304 725 854 936 GNF a été mobilisé. Dans cette somme, un montant de 134 milliards a été orienté pour la réalisation de 1 411 projets répartis en des : « projets économiques des communes ; projets sociaux des communes ; des micro-projets individuels des groupements d’intérêts économiques et petites et moyennes entreprises (PME) des jeunes et des femmes ».
Pour rappel, conscient de l’importance du secteur minier, les autorités guinéennes d’alors ont accordé en 2013, une exonération à 100% de l’impôt sur les sociétés pendant la phase d’exploration. Alors, que les pays miniers de la CEDEAO ne prévoient pas une telle exonération dans leurs codes miniers dans la phase d’exploitation ou la limite dans le temps ou à une proportion définie. Par ailleurs, l’Or artisanale est taxé ad valorem à l’export dans la sous-région, la Guinée ne prélève qu’un montant forfaitaire par kg (USD 200).
En 2022, en dépit des conséquences de la guerre en Ukraine et de l’incertitude politique, le taux de croissance est resté stable à 4,3%, soutenu principalement par la production d’or et de bauxite. En 2023, avec l’augmentation de la capacité de production du secteur extractif, d’investissements continus dans de nouvelles mines et de la demande de bauxite chinoise, le taux de croissance devrait enregistrer un rebond à 5,6% selon le FMI.
Etant donné que les projections de recettes liées aux activités minières sont substantielles, l’anticipation de ce changement soudain et la transformation des ressources nouvelles en investissement pour la diversification économique, l’amélioration du capital humain, la lutte contre la pauvreté et la préparation de la phase après le boom minier sera critique pour renforcer la résilience économique et soutenir la transformation du potentiel économique en bien-être pour les populations.
En tout cas, le Programme de Référence Intérimaire (PRI) du Gouvernement de transition met l’accent sur le développement des infrastructures économiques et sociales pour soutenir le secteur économique, en cohérence avec les efforts d’investissement des dernières années et la vision 2063 de l’Union Africaine et les Objectifs de Développement Durable.
Il est temps que des infrastructures nécessaires à l’exploitation minière rapprochent les zones de production de ceux de consommation, afin de soutenir les investissements et améliorer les perspectives de diversification et de croissance. Car, le secteur minier occupe encore la première place dans le cadre du développement de la Guinée, un pays qui possède les plus importantes réserves mondiales de bauxite dans le monde.
La Guinée abrite plus du quart -voire même du tiers selon certaines sources-des réserves mondiales de bauxite, dont la production nationale est passée de 20 millions de tonnes en 2016 à plus de 72 millions de tonnes en 2022. Les réserves guinéennes de bauxite sont estimées à plus de 40 milliards de tonnes, dont 23 milliards de tonnes localisées dans la région de Boké au nord-ouest du pays selon le ministère guinéen des Mines et de Géologie.
La Guinée est aujourd’hui le deuxième producteur mondial derrière l’Australie et le premier fournisseur de la Chine, le plus important producteur d’aluminium au monde. Ce petit pays de l’Afrique de l’Ouest « détient plus d’un quart des réserves mondiales de bauxite et a de grandes quantités de réserves de minerai de fer de haute qualité avec, pour la plupart, une teneur supérieure à 60%. Ces gisements sont largement inexploités et représentent ainsi une opportunité majeure pour les sociétés minières », selon le Guide sur le secteur minier en Guinée.
Oumar M’Böh, Journaliste