Mamadou Péthé Diallo, un nom synonyme d’intégrité et de dévouement, a parcouru un long chemin depuis ses jours en tant que représentant du Fonds des Nations Unies au Mali et en Sierra Leone, coordonnateur humanitaire en Érythrée, directeur régional pour l’Afrique de l’Ouest et centrale du programme de l’ONU pour le VIH/SIDA, jusqu’à son rôle dans la MONUSCO en République Démocratique du Congo. Ce parcours illustre un engagement sans faille envers les causes humanitaires et le développement international.
Cependant, son retour en Guinée, marqué par un service public au sein du ministère de la Santé et de l’Hygiène Publique, s’est terminé de manière abrupte et symptomatique des maux qui rongent notre chère Guinée. Ce cas n’est pas isolé. Il représente le sort de nombreux intellectuels et professionnels intègres, confrontés à un système où la corruption est monnaie courante et où la justice est souvent biaisée.
La Guinée, terre de contrastes aigus, célèbre les faucons tout en humiliant les colombes.
Les élites sont réduites au silence par un système de deux poids, deux mesures, où la corruption règne sans entraves. L’histoire de Mr Yaya Sow, autre cadre éminent, jeté dans le tourbillon de la diffamation puis obtenu un non-lieu, soulève une question douloureuse : peut-on se relever dans une société où les stigmates collent à la peau ?
Les événements historiques, depuis le règne de Sékou Touré jusqu’aux récents troubles sous Alpha Condé, révèlent un schéma récurrent de répression et de marginalisation des voix intellectuelles et progressistes. Les coups d’état, les fraudes électorales, et les répressions sanglantes sont autant de témoignages d’une instabilité chronique et d’une lutte pour le pouvoir qui éclipse souvent les intérêts de la nation.
Le système judiciaire guinéen, criblé d’inégalités, applique souvent un double standard.
Des accusations sans fondement et des décisions de justice arbitraires ont détruit les carrières et les réputations de nombreux cadres éminents. Cette pratique a non seulement des conséquences personnelles dévastatrices mais sape également la confiance du public dans les institutions censées incarner la justice et l’équité.
En septembre 2021, avec la prise de pouvoir par les forces spéciales dirigées par M. Mamadi Doumbouya, beaucoup espéraient un changement. Mais cette promesse s’est avérée être une autre décep3on, une arnaque dans l’histoire de notre république.
Dans ce contexte, servir la Guinée devient un dilemme moral. Peut-on vraiment contribuer au bien de ce pays sans sacrifier son honneur et sa dignité ? Est-il possible de naviguer dans ces eaux troubles sans se perdre ? Ces questions restent sans réponse, laissant un sen3ment de désillusion et de crainte. Face à ce panorama, nombreux sont ceux qui craignent de servir leur pays. La peur de perdre leur honneur et leur dignité dissuade de nombreux citoyens talentueux et intègres de contribuer au développement de la Guinée. Cette culture de la peur et du silence est peut-être la plus grande tragédie, empêchant la nation d’atteindre son plein potentiel.
Face à cette réalité, l’appel à la réforme et à la justice est plus urgent que jamais. Nous avons besoin d’un système où l’intégrité et la compétence sont valorisées, où la justice est équitable et impartiale, et où servir son pays ne se traduit pas par un sacrifice de l’honneur et de la dignité.
Ma Guinée, je t’aime et aspire à te servir, mais à quel prix ? Pour l’honneur et la dignité, certains sont prêts à donner leur vie. Mais devrait-ce être le coût de servir son pays ?
Ibrahima Diallo
Conseiller en financement, Ministère de la sante, Gouvernement du Québec, Canada