Du 21 au 23 octobre 2025, la capitale guinéenne, Conakry, accueille la troisième édition du Dialogue Afrique de l’Ouest (DASAF), organisée par le Centre ODAS. Un événement régional d’envergure, placé sous le thème : « Unifier nos voix et s’engager pour des choix reproductifs en Afrique francophone ».
Dans son discours d’ouverture, Cécile Thiombiano, présidente du Conseil du Centre ODAS, a rappelé l’évolution rapide du mouvement depuis la création du Centre en 2021. « En quelques années, nous avons su fédérer une diversité d’acteurs autour d’une conviction commune : les femmes et les filles d’Afrique francophone ont droit à la dignité et au choix. »
Face aux nombreux défis, ODAS s’engage désormais dans une phase de transition institutionnelle. « Nous construisons une gouvernance féministe, inclusive et transparente. C’est dans cette perspective que le Conseil Consultatif a été mis en place, que j’ai l’honneur de présider », a-t-elle ajouté.
Mohamed Ly, représentant des partenaires, a quant à lui souligné l’importance d’une réponse collective et coordonnée, face à la montée des oppositions aux droits sexuels et reproductifs à l’échelle internationale : « Nous n’avons pas d’autre choix que de privilégier la collaboration et des partenariats équitables. C’est à ce prix que nous aurons un impact durable. »
Il a tenu à saluer l’engagement constant des partenaires financiers, malgré un contexte de raréfaction des ressources. « Grâce à eux, nous construisons des alliances solides avec des organisations dirigées par des jeunes, qui deviennent les porte-voix de ce combat pour les droits reproductifs. »

Pour Kadiatou Sow, directrice du Centre ODAS, la tenue de cette édition en Guinée est hautement symbolique. « Après Abidjan et Cotonou, nous sommes honorés d’accueillir près de 400 participants venus de 22 pays d’Afrique francophone et du monde entier. »
Elle a salué l’implication du gouvernement guinéen, à travers le Ministère de la Promotion Féminine, pour son parrainage et son appui logistique : « Cela prouve que les droits et la santé reproductive sont devenus une priorité nationale en Guinée, et s’inscrivent dans une dynamique régionale forte. »
Depuis sa création, le Centre ODAS anime un mouvement intersectionnel regroupant activistes, professionnels de santé, jeunes, universitaires, ONG et partenaires autour d’un objectif commun : réduire la mortalité et la morbidité maternelles liées à des causes évitables, dont l’avortement non sécurisé.
Les chiffres présentés lors du forum sont alarmants. Selon l’Institut Guttmacher :
En 2019, 15,4 millions d’avortements ont eu lieu en Afrique subsaharienne.
77 % ont été pratiqués dans des conditions non sécurisées.
Plus de 1,7 million de femmes sont hospitalisées chaque année pour des complications liées à ces pratiques.
Environ 16 000 femmes en meurent chaque année.
Près de 60 % des femmes concernées ont moins de 25 ans.

Présente à l’ouverture, Charlotte Daffé, ministre guinéenne de la Promotion féminine, de l’Enfance et des Personnes vulnérables, a réaffirmé l’engagement de son gouvernement : « Le gouvernement soutient toute initiative visant à garantir aux femmes et aux filles un accès à des soins de santé respectueux, sûrs et fondés sur les droits humains. »
Elle a toutefois rappelé les spécificités du cadre légal guinéen, fondé sur le Protocole de Maputo, ratifié et domestiqué par le pays. L’avortement y est autorisé uniquement en cas de viol, d’inceste, ou lorsque la grossesse met en danger la santé mentale, physique, ou la vie de la mère ou du fœtus.
Cette troisième édition du DASAF s’inscrit dans une dynamique d’engagement collectif pour un avenir où chaque femme et chaque fille pourra faire des choix éclairés et sécurisés concernant sa santé reproductive. Le Centre ODAS et ses partenaires entendent continuer à fédérer les énergies, renforcer les capacités locales et plaider sans relâche pour la reconnaissance de l’avortement sécurisé comme un droit fondamental, une nécessité de santé publique et une question de justice.
Abou Camara










