La tension est montée d’un cran ce lundi 3 juin 2025 sur le chantier de la cité administrative de Koloma. Plus de 2 500 ouvriers, toutes catégories confondues, ont cessé le travail pour dénoncer la précarité de leurs conditions salariales et exiger un meilleur traitement.
Sur le site, des slogans sans équivoque résonnaient : « Waligbo kobriribè » (On souffre avec la sous-traitance), « À bas la sous-traitance ». Les manifestants dénoncent un système qui, selon eux, creuse les inégalités et les maintient dans une instabilité financière malgré des journées de plus de huit heures de labeur.
Cette mobilisation, loin d’être spontanée, s’inscrit dans une dynamique de contestation déjà amorcée. Ibrahim Camara, porte-parole du mouvement, rappelle les démarches antérieures :
« Nous avons déjà tenté de négocier, mais aucune avancée n’a été enregistrée. Nous avons lancé un préavis de grève samedi dernier, resté sans réponse. Aujourd’hui, nous n’avons plus d’autre choix. »
Les ouvriers dénoncent des rémunérations qu’ils jugent indignes au regard de leur charge de travail et des risques encourus. Selon eux, la sous-traitance est l’un des principaux facteurs aggravants de cette situation. Gérés par plusieurs entreprises intermédiaires, notamment ARE, ITRAGEC et GTI, ils perçoivent des salaires fluctuants entre 60 000 et 75 000 francs guinéens par jour, sans grille salariale fixe ni perspective d’amélioration.
« Nous avons construit les plus grandes infrastructures du pays : le palais présidentiel, la Banque centrale, le Palais du peuple… Mais nous sommes traités comme si nous étions invisibles. Nous revendiquons simplement nos droits », insiste un ouvrier.
Si cette grève n’est pas la première sur ce chantier, elle montre une rupture plus profonde entre les travailleurs et l’entreprise Arabian Construction Co (ACC), en charge des travaux. Cette fois, le mouvement syndical affiche une position ferme : aucune négociation ne sera engagée en l’absence d’une intervention du président Mamadi Doumbouya.
Kerfala Bangoura, représentant syndical, est catégorique : « Nous n’accepterons plus de promesses non tenues. Tant que nous n’aurons pas de réponse concrète, les travaux ne reprendront pas. »
Sur le site, la direction du chantier s’est abstenue de tout commentaire, tandis qu’un dispositif de sécurité a été déployé pour éviter d’éventuels débordements.
Au-delà du chantier de Koloma, cette mobilisation soulève une problématique plus large : celle des conditions de travail et de la rémunération des ouvriers du bâtiment en Guinée. Une réalité qui, aujourd’hui, s’impose avec force dans l’espace public, posant la question des responsabilités et des réformes nécessaires.
Djouma Sacko