Ce samedi 23 juillet 2022, les ministres en charge du pool économique étaient face aux conseillers nationaux du CNT, à l’Hémicycle du Palais du Peuple. Objectif : « présentation du document de programmation budgétaire pluriannuelle cadre budgétaire à moins terme, cadre de dépense à long terme 2023-2025 ». Cela, Conformément à l’article 15 de la Loi organique relative aux finances, instituant le débat d’orientation budgétaire. C’était à l’occasion d’une plénière organisée à cet effet qui a connu la présence des membres du gouvernement à leur tête le premier ministre par intérim, des présidents d’institutions républicaines des représentants diplomatiques et organisations internationales, des représentants du secteur privé, des organisations syndicales, des maires des six communes de Conakry, des représentants de la société civile, mais aussi de la presse.
Dans son discours de circonstance, le président du conseil national de la transition ‘’CNT’’, Dr Dansa Kourouma a justifié le bien fondé de ces débats d’orientation qui : « porteront sur les prévisions mais aussi en mettant le curseur sur des hypothèses d’évolution qui permettront d’élaborer notre projet de budget notamment en matière de concours financier et subvention ». Selon lui, ces débats interviennent au moment où les conseillers nationaux ont suivi il ya quelques semaines (29 juin au 2 juillet 2022) un atelier de renforcement de leurs capacités relatives à la connaissance sur le processus budgétaire avec les hauts cadres du ministère du Budget. C’est pourquoi, il a exhorté ses collègues à suivre ses débats d’orientation budgétaire : « afin qu’ils puissent jouer pleinement leur rôle parlementaire et d’être en mesure d’apporter une analyse objective sur les politiques budgétaires lors de la session budgétaire sur les orientations budgétaires en fonction des préoccupations de nos concitoyens ; de maîtriser les concepts du budget… » a-t-il ajouté.
De son côté, le ministre de l’Economie, des Finances et du Plan, Lanciné Condé a expliqué des nouveaux principes de base. Tout en indiquant que la crise en Ukraine, la persistance de la pandémie COVID-19 ont impacté négativement les prévisions optimistes de croissance de 2022 et des années suivantes. Et qu’au lieu que la Guinée enregistre une hausse de 4,5% n’aura que 3% à cause des situations de crise économique mondiale liée non seulement à l’Ukraine mais aussi à la COVID-19. Tout de même dira-t-il, qu’en Guinée, les perspectives de résiliences sont autour de 5,1% pour 2022 contre 4,9% en 2021.
Parlant des apports des différents secteurs à l’économie nationale, le ministre de l’Economie, des Finances et du Plan soutient que : « la valeur ajoutée du secteur primaire pourrait se situer à 4,5% en 2022 contre 5,6% en 2021 ; le taux de croissance du secteur secondaire atteindrait 7,5% en 2022 et de 6,1% en moyenne annuelle ; la croissance du secteur tertiaire soutenue par tous les secteurs économiques. Cette évolution s’expliquerait en partie par la réalisation des actions publiques prévues dans les différents documents de politique sectorielle ainsi que par la reprise de l’activité dans tous les secteurs suite à la fin de la pandémie espérée du Covid-19. La valeur ajoutée du secteur primaire devrait croître de 4,4% en 2022 contre 5,6 en 2021. De 2023 à 2026, elle augmenterait à un taux de 5,8%. Le taux de croissance du secteur secondaire atteindrait 7,5%. C’est le principal pool dynamique de l’économie guinéenne en 2022 et à 6,1% en moyenne annuelle durant la période 2023-2026 soutenue par le secteur minier et les perspectives associées. La croissance du secteur tertiaire sera de 3,4% en 2022 et de 5,7% pour la période 2023- 2026. Cette perspective résulterait de la reprise des activités au niveau de tous les secteurs. La fin de la pandémie et la réorganisation de la chambre de commerce contribueront à la relance du sous-secteur du commerce qui sera décisif par rapport à cette bonne perspective » a-t-il détaillé.
Le ministre Lanciné Condé a aussi abordé la question liée à l’inflation qui : « est projetée à 12,7% en 2022 contre une moyenne annuelle de 9,8% en 2024 avant de se situer à 8% en 2026. Les réformes et l’assainissement du secteur monétaire soutiendront cette projection en 2022 ».
Les priorités du gouvernement 2023-2025 sont entre autres : « la projection repose sur la refondation de l’Etat ; la rectification institutionnelle ; la réforme de la Justice ; la construction et la réalisation des services sociaux de base Éducation et santé ; la mise en place d’un cadre de gouvernance efficace ; l’amélioration du cadre financier macro-économique ; la construction des infrastructures routières de qualité, l’amélioration des transports urbains et inter urbain ; la mise en place des outils permettant la gestion des dépenses publiques… ».
Pour sa part, le Gouverneur de la Banque Centrale de la République de Guinée, Karamo Kaba a développé la politique monétaire mise en place par les nouvelles autorités depuis l’avènement du CNRD aux commandes du pays depuis le 5 septembre 2021. A cet effet il déclare ceci: « Dans le contexte de la guerre en Ukraine et la persistance de la pandémie de la COVID-19, selon les projections du FMI, la croissance économique mondiale ralentirait à 3,6 % en 2022, contre 6,1 % en 2021. La guerre en Ukraine a entraîné des hausses des cours des matières premières et la généralisation des pressions sur les prix. L’inflation dans les pays avancés se situerait à 5,7% en 2022. Elle serait de 8,7% dans les pays émergents et les pays en développement. En Afrique, l’activité économique dans la CEDEAO ralentirait à 4,1 % en 2022, contre 4,6 % en 2021. Cette croissance serait portée principalement par le Nigeria dont l’économie a bénéficié de l’embelli du cours du pétrole ».
De poursuivre, Karamo Kaba dira que la BCRG a également mis en place : « une plateforme électronique interbancaire de change entre la BCRG et les banques commerciales, afin de digitaliser les transactions sur les devises, ainsi qu’un dispositif de suivi des positions de change brute en vue de rendre plus dynamique et liquide le marché interbancaire de change.
Ces actions ont permis de conforter les réserves de change qui ont augmenté de 14,3 % par rapport à fin décembre pour atteindre 1 408,3 millions USD à fin juin 2022. Ces efforts de mobilisation ont permis d’atteindre un niveau supérieur à trois mois d’importations.
L’amélioration des réserves de change a favorisé l’appréciation du franc guinéen par rapport aux principales devises. A fin juin 2022, sur le marché officiel, le franc guinéen s’est apprécié de 4 % par rapport au dollar et de 9% par rapport à l’euro. La prime de change s’est fixée à 0,1 % par rapport au dollar et 0,019% par rapport à l’euro à fin juin 2022.
En outre, la masse monétaire a progressé de 3,8 % par rapport à fin décembre 2021 pour se situer à GNF 42 108,2 milliards à fin mai 2022, en raison de l’accroissement des avoirs extérieurs nets de 40,2 96, contenu par une contraction des avoirs intérieurs nets de 7,5 %. La hausse des avoirs extérieurs nets s’explique principalement par la baisse des engagements liée à la mise à disposition des allocations DTS et du rapatriement des recettes d’exportations »..
De renchérir, le ministre du Budget, Moussa Cissé a détaillé le support du tout premier document budgétaire du CNRD, qui a pris le pouvoir le 5 septembre 2021. Ce support, précise-t-il, est issu des réalités des populations guinéennes particulièrement celles de l’intérieur du pays, dont les réalités ont été prises en compte à l’occasion de l’immersion gouvernementale. Cela nous a permis de prendre de grandes orientations. Pour lui, la lutte contre la corruption, les détournements des deniers publics mais aussi la lutte contre la pandémie COVID-19 sont salutaires.
Il est question de se projeter dans le futur en termes d’hypothèses de relance économique. Donc : « Les dépenses du budget de l’Etat sont projetées globalement à 127.701, 78 Mds dont 36 787, 36 Mds en 2023. Leur taux d’accroissement annuel est projeté à hauteur de 16% sur la période 2023-2025. Le budget général projeté à 124 258, 67 Mds se décompose en dépenses courantes pour 52, 62% et les dépenses d’investissement pour 48,38%. La structure du budget général et particulièrement celle des dépenses courantes sur la période est constituée à hauteur de 42% par les dépenses de transfert et 37% par des dépenses de personnel. Par rapport à 2022, le volume des dépenses courantes de 2023 baisse de 4,2% car l’investissement a été privilégié comme vecteur de la croissance de notre économie. Les dépenses d’investissement qui se chiffrent à 59 000 Mds sont financées à hauteur de 40, 85% sur ressources intérieures et s’accroissent de 41,74% en 2023 par rapport à 2022 atteignant ainsi 8,5% du PIB prévisionnel. Les projections se portent à hauteur de 12,2% en 2025 ».
A cette occasion, les différentes couches sociales ont eu la voie au chapitre de la société civile, aux structures féminines en passant par les associations de jeunesse et des personnes vivant avec handicap. Toutes et tous ont plaidé pour leur implication dans le processus d’élaboration budgétaire en vue de la prise en compte de leurs préoccupations.
Oumar M’Böh
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