Les files d’attente s’allongent, les distributeurs restent vides, les commerçants s’inquiètent. Depuis plusieurs semaines, la rareté du cash en Guinée ne cesse d’alimenter les conversations, les frustrations et parfois même les spéculations les plus folles. Face à ce climat tendu, le gouverneur de la Banque centrale de la République de Guinée (BCRG), Karamo Kaba, a pris la parole ce mercredi à Conakry, en marge d’une conférence sur les perspectives économiques régionales.
Interrogé sur la disponibilité de l’argent liquide, le patron de l’institution monétaire a reconnu un déséquilibre, mais s’est voulu rassurant. Selon lui, « il ne s’agit pas d’une crise profonde, mais d’un épisode passager, dû en partie à une préférence toujours marquée des Guinéens pour les transactions en espèces. « Celui qui est bancarisé ou qui utilise Orange Money, PayCard, Kulu ou Soutra Money vit normalement », a-t-il indiqué, plaidant pour un recours plus large aux outils numériques.
Si la tension reste palpable dans les marchés et les banques, Karamo Kaba en appelle à la patience. Il affirme que des retards dans la livraison des nouveaux billets sont en cours de résorption. « En août, on va recevoir beaucoup de billets. Et en septembre, beaucoup, beaucoup, beaucoup de billets », a-t-il insisté, visiblement déterminé à rassurer sans détour.
Le gouverneur n’a pas éludé l’impact du contexte politique sur le climat économique. « L’incertitude, c’est ce que vous ne pouvez pas probabiliser », a-t-il lancé, pointant du doigt les comportements de repli et d’anticipation qui amplifient les tensions.
La BCRG promet un retour à la normale à partir de septembre. Reste à voir si les promesses tiendront face à la pression du terrain.
Djoumè SACKO