Son nom est Kamara Youssef. Président de l’association Amal aux Maisons des Livreurs à Bordeaux en France. Une structure née d’un vécu réel, né d’un constat, né d’une injustice répétée. Il le dit sans détour : « Nous avons vécu les difficultés. Nous avons vu les problèmes, alors nous avons décidé de nous rassembler. » Amal a commencé en 2019. Elle a obtenu sa légalisation en 2022. Depuis, c’est devenu un appui réel : accompagnement administratif, orientation, conseils face aux restaurateurs, face à la police, face aux plateformes. Oui. Toutes les démarches d’un livreur, Amal y répond.

Ce combat n’est pas théorique. Il est concret. Parce que derrière ces sacs isothermes qui traversent la ville, il y a des hommes. Certains cumulent 63 heures de vélo par semaine et récupèrent 50 euros. Certains avalent 103 kilomètres pour atteindre la même somme. La rémunération est faible. Les plateformes ne veulent pas écouter. La pression est constante. L’injustice est visible.
Et pourtant , quelque chose bouge à Bordeaux. L’association sensibilise. La mairie a donné un espace où les livreurs peuvent recharger, réparer, souffler, boire un café. Même la police reconnaît l’existence et le rôle de l’association. Les choses changent peu à peu. Une dynamique naît. Une nouvelle attitude se construit.
De trois membres au départ, Amal en compte aujourd’hui 504. C’est une réalité : quand des travailleurs isolés s’organisent, ils deviennent une force. Mais l’association demande aussi une responsabilité collective : apprendre le code de la route. Parce que la ville ne pardonne pas l’imprudence. Parce que trop d’entre eux se font percuter. Parce que la sécurité passe aussi par la discipline.
Ceux qui pédalent ne demandent pas la charité. Ils demandent le respect, et un cadre digne. À présent, tout le monde sait. Et chacun devra assumer ce qu’il fera de cette vérité.
Un entretien avec Youssouf Kamara depuis Bordeaux avec Oumar M’Böh pour www.lavoixdupeuple.info










