Depuis plus d’un mois, des employés de la société Winning Africa Shipyard Engineering (WASE) de Boké, sont en grève. Ils dénoncent la ‘’violation’’ par leurs employeurs chinois du protocole d’accord qu’ils ont signé avant le déclenchement de leur mot d’ordre de grève. Ceux-ci ont porté plainte contre certains grévistes qu’ils accusent d’avoir barricader les entrées du site de la société pendant quatre (4) jours. A date, il n’y a pas de dialogue entre ces deux parties (employés grévistes et employeurs chinois), pour cause, l’inspecteur général préfectoral de travail de Boké, monsieur Amadou Traoré est accusé par les responsables syndicaux des employés de ‘’rouler’’ pour les chinois à leur détriment. Selon eux, ce dernier se rend seul auprès des chinois à Dapilon et ne les rencontre pas pour des échanges. Donc, ils ne souhaitent plus sa médiation, ont-ils déclaré.
Joint au téléphone, Djibril Soumah de la centrale syndicale de la société WASE a justifié les raisons de cette décision : « Quand il y a un problème entre les employeurs et nous les employés, monsieur Traoré Amadou, l’inspecteur de travail peut venir là-bas à huis clos, parler avec les Chinois et lorsque nous venons à notre tour, il ne dit pas la vérité aux Chinois. Dans les conditions normales, c’est quand il y a conflits qu’on négocie. Mais à chaque négociation, monsieur Traoré n’a jamais dit la vérité pour nous départager et dire celui qui a raison ou celui qui a tort. Un bon inspecteur doit dire la vérité à chaque partie et si c’est nous qui avons tort nous allons accepter et il doit nous prouver comment nous avons tort. Mais il a refusé cela. Même devant la centrale USTG on lui a reproché cela » a-t-il déploré.
A la question de savoir qu’est-ce qu’ils demandent à présent, est ce qu’ils souhaitent qu’il soit changé pour la suite des négociations, il a répondu par l’affirmative.
En tout cas, nous n’avons pas confiance en lui parce que la loi dit : »l’inspecteur ne doit pas aller auprès de l’employeur pour des négociations sans aviser les délégués syndicaux » a rappelé le syndicaliste Soumah.
Est-ce que l’inspecteur vous a rencontré à Boké là-bas ?
Non, il ne nous a jamais appelé pour nous voir nous les délégués syndicaux, jamais. Nous voyons l’inspecteur seulement lorsque nous voulons déposer des courriers à son niveau ou à l’occasion des négociations.
Vous avez dit qu’il part à la société plusieurs fois, est ce que c’est vrai ? Oui, a-t-il répondu, il part plusieurs fois dans la société sans nous informer.
Effectivement, cet inspecteur a été trouvé au site de la société WASE sis à Dapilon par notre reporter, lorsque ce dernier est allé interviewer les responsables de cette société sur la grève des employés. Interrogé par notre rédaction sur les raisons de sa présence auprès des autorités de la société WASE seul sans être en compagnie avec au moins un syndicaliste, il se justifie. : « Les syndicalistes ne sont pas autorisés à aller à la société parce que leur contrat est suspendu pour le moment. Il y a une plainte contre eux et la direction dit qu’elle ne va pas les recevoir. Moi quand je venais j’avais déjà un autre travail à faire ici, je suis allé les écouter, voilà les raisons de ma présence sans les syndicalistes » a-t-il dit sans pour autant parler du travail dont il s’agissait.
Depuis le début de la grève, avez- vous cherché à rencontrer les syndicalistes ? lui avons posé cette question. Mais il est resté muet, sur cette question. Il dit tout de même »connaître toute la situation, et comme l’affaire est au pénal nous on attend le jugement’’.
Le jugement a-t-il été programmé ?
Quand l’affaire est au niveau de la justice, nous on se retire, a-t-il ajouté.
Aux dernières nouvelles, nous avons appris qu’il y a une rencontre entre la société, les autorités, les travailleurs, les syndicalistes et vous lundi prochain, vous le confirmez ?
Officiellement je ne suis pas informé, mais j’ai appris que le sous-préfet va venir dans la salle de négociation. Est-ce que vous êtes en concertation avec les autorités de là-bas vous en tant qu’inspecteur général préfectoral de Boké par rapport à cette affaire ? Nous on a fait notre médiation jusqu’à ce que les responsables de la société aient annoncé le dépôt de leur plainte. À l’inspection, nous sommes des médiateurs. La saisine de l’inspection est facultative, on fait notre partie du travail. Nous ne pouvons pas imposer à un syndicaliste ou à un employé de ne pas grever, nous venons faire la méditation. Et le protocole d’accord devrait entrer en vigueur le 1er Août et le 28 juillet ils ont déposé un préavis de grève. Moi je ne vois pas un motif réel des syndicats d’aller en grève parce que ce qu’ils ont évoqué là, le problème était résolu. Ils ont dit qu’on a omis une prime, l’employeur a reconnu et il a dit, comme j’ai déjà viré vos salaires, je vais payer la prime en espèces. Ils ont dit non nous on va aller en grève, je ne sais pas pourquoi. C’est ce qui a rendu la tâche difficile, a regretté Amadou Keita.
A date étant en contact avec la direction générale de la société WASE, est qu’elle est prête pour revenir à la table de négociation ou poursuivre la procédure judiciaire ?
Même à Conakry quand nous sommes allés à l’inspection générale, la proposition de monsieur l’inspecteur général adjoint était de se retourner et de leur demander de négocier. Mais ils ont dit qu’ils ne vont plus négocier, ils ont porté plainte à la justice et c’est leur droit aussi.
N’avez-vous pas pu les convaincre afin qu’ils puissent retirer leur plainte ?
On a tout fait. Mr le préfet colonel Sény Silver Camara même était venu avant qu’on aille à Conakry. Le préfet pouvait trouver une solution entre ces deux parties, mais les délégués syndicaux eux-mêmes disent si leurs employeurs veulent aller en justice qu’ils aillent. C’est ainsi que le préfet a dit d’accord, qu’il n’est pas ni juge ni syndicaliste, qu’ils peuvent aller en justice et il s’est retiré. Moi ce que j’ai constaté, c’est un problème de manque de formation ou manque de professionnalisme des syndicalistes qui a aggravé la situation.
Est-ce que ce n’est pas par manque d’un accompagnement de votre part en tant qu’inspecteur, ce manque de concertation entre vous et les syndicalistes ?
Mais nous avons toujours eu des concertations.
Les syndicalistes disent que vous ne les avez jamais rencontrés. Que répondez-vous ?
Si je ne les avais pas rencontrés, comment allait- on allait faire un protocole d’accord ?
Que c’est vous qui avez écrit le document après venir les soumettre.
Mais tout le monde a signé, ils ont eu 10% d’augmentation sur le salaire de base, c’est nous qui avons négocié avec leur centrale aussi. Normalement c’est la centrale syndicale qui accompagne les délégués, nous nous sommes des médiateurs, on fait un arbitrage, a-t-il conclu.
Du côté de la Direction générale de la société WASE, la question de renégocier avec des travailleurs grévistes n’est pas à l’ordre du jour pour le moment. Selon elle : « notre processus de poursuite des grévistes illégaux est déjà en cours, nous croyons et respectons la Loi de la Guinée, et la Loi nous donnera un résultat juste et équitable. Nous espérons que les grévistes peuvent respecter la Loi et les autorités gouvernementales, la Loi est très sacrée et personne ne peut violer la loi. S’ils respectent vraiment la loi et l’état de Guinée et pensent aux intérêts des autres employés, ils devraient attendre patiemment le jugement de la loi au lieu de perturber le processus judiciaire pour tromper le public » a-t-elle répondu.
Affaire à suivre…
Oumar M’Böh/Ibrahima Saapy Diallo
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