Une trentaine d’employés de la société Winning Africa Shipyrad Engineering (WASE) sont en grève depuis plusieurs mois. Ce débrayage fait suite à : « au non-respect du protocole d’accord signé entre nous travailleurs et les responsables de cette société ». Pour rappel, après le dépôt de notre plateforme revendicative sur nos conditions de vie, le 8 juin 2022 à la direction générale, nous informe monsieur Soumah de la délégation Syndicale de WASE, nous avons eu des négociations avec nos employeurs qui ont abouti à la signature le 16 Août 2022, d’un Protocole d’accord entre nous sous la médiation des autorités préfectorales de Boké. Dans ce document d’une page dont notre rédaction détient copie, il est indiqué que : « Les parties signataires du présent protocole d’accord expriment la volonté de collaboration de façon étroite dans le cadre du respect des lois et règlements qui régissent les relations de travail entre Employeurs et Employés en République de Guinée ».
Mais malheureusement regrette le syndicaliste Djibril Soumah : « nos employeurs n’ont pas honoré leur engagement, c’est ce qui nous a amené à leur adresser un mémorandum de rappel le 24 Août 2022. Dans lequel nous avons rappelé tous les 14 points de nos revendications. Malheureusement, aucun issu n’a été trouvé pour le moment après des négociations » a-t-il regretté.
De son côté, monsieur Amadou Traoré de l’Inspection préfectorale de Travail de Boké est revenu sur les différentes négociations menées entre employeurs et employés qui ont abouti au protocole d’accord, mais dit être surpris que l’affaire soit arrivée à la justice.
Il raconte : « Les travailleurs avaient fait un préavis de grève avec une plateforme de revendications, on a négocié avec eux jusqu’à trouver un point d’entente le 16 juillet dernier et on a signé le protocole d’accord. Après cette signature je suis allé à Conakry. C’est de là-bas que les travailleurs m’ont appelé pour me dire qu’on leur avait donné leurs bulletins mais avec une prime qui manquait. C’était un vendredi, je leur ai dit de m’attendre, je devais rentrer le lundi. Mais on m’a dit que le lundi les travailleurs vont aller en grave, j’ai anticipé mon voyage et je suis rentré le samedi voir les chinois pour leur demander d’ouvrir la porte pour les négociations. Les chinois disent non. On a fait des négociations le 16 et ils vont en grève le 28 pendant que les acquis même de la négociation devraient commencer le 01 Août. Les Chinois disent qu’ils ne veulent plus négocier, les gens peuvent aller en grève, seulement ils ont demandé aux travailleurs qu’en grevant de respecter la loi conformément à l’article 431.7 du code du travail guinéen qui stipule (L’employé a le droit de grever mais ne doit pas empêcher ceux qui ne veulent pas aller en grève d’aller au travail, ni empêcher l’employeur à accéder à son site ou empêcher les travailleurs d’une autre société d’exercer leurs activités). Finalement, la direction dit qu’elle est fatiguée, elle négocie plus, que les gens peuvent aller en grève. Le lundi, ils sont allés en grève. Selon la direction, ils ont barricadé l’accès, personne ne rentrait. C’est après que la direction est venue faire un constat pour prendre des mesures. De négociations en négociations, nous avons demandé aux travailleurs d’enlever les barricades et de quitter les lieux. Le troisième jour, ils ont quitté les lieux. Tous ces trois jours j’étais là-bas, les travailleurs disent qu’ils ont barricadé pour sécuriser le site mais la direction a saisi son avocat pour aller en justice, parce que selon elle, barricader est une violation du code pénal. Ensuite, au total ils sont au nombre de 105 travailleurs, les chinois avaient installé des caméras de surveillance à travers lesquelles ils ont pu détecter 32 personnes qui ont participé à cette barricade-là. Ils ont procédé à la suspension des contrats de ces 32 travailleurs jusqu’à la fin du jugement. Mais dans le lot il y a 21 personnes qui n’ont pas accepté d’aller en grève et qui continuent à travailler. En plus, sur les 105, il y a 42 travailleurs qui ne sont pas concernés par la suspension, la direction leur a demandé de venir travailler s’ils veulent mais les 32 c’est après le jugement. Les délégués syndicaux ont instruit aux autres de ne pas venir et cela a duré pendant tout le mois d’Août. Mais vers la fin, les chinois nous ont appris que parmi les 42 qui ne sont pas concernés par la suspension, certains venaient quand même. J’ai informé la situation à ma hiérarchie à l’inspection générale du travail à Conakry, mais finalement la direction a maintenu sa version qu’elle va en justice. Comme aller à la justice aussi est un droit, l’inspecteur général du travail a dit ok vous pouvez y aller. Mais si après le jugement la justice se prononce en faveur de certains travailleurs, vous allez payer entièrement leurs salaires pendant tout le temps qu’ils ont fait à la maison. La direction dit qu’elle est d’accord, elle va respecter la décision de la loi. Jusqu’à présent nous sommes dans cette situation et nous attendons ce jugement » a-t-il indiqué.
Aux dires des employés aucune plainte n’est pour le moment déposée au Tribunal de Boké. Et notre reporter a posé la question à monsieur Traoré Amadou de l’inspection générale préfectorale de travail de Boké. Est-ce que vous avez cherché à savoir si réellement la société a porté plainte à Boké ? il répond en disant : « Ils m’ont dit qu’ils ont porté plainte et qu’ils ont même reçu la décharge ».
Selon les travailleurs, aucune plainte de ce genre n’est arrivée là-bas.
Peut-être que la société a porté plainte ailleurs, a-t-il ajouté avant de dire : « nous attendons le jugement, si les travailleurs ne sont pas coupables, ils seront tous dédommagés pour le temps qu’ils ont fait à la maison. Dans le cas contraire, la loi s’applique. Vous devez comprendre que quand un dossier quitte Boké pour l’inspection générale du travail à Conakry, moi ce sont les ordres que j’attends après » a-t-il conclu.
Contacté par notre rédaction sur cette situation, les responsables de la société Winning Africa Shipyrad Engineering (WASE) qui auparavant n’avaient pas souhaité communiquer, ont finalement décidé de donner toutes les informations relatives à cette situation dans les prochains jours. Selon eux : « à cause des contradictions autour de la vérité et la réalité, je vous invite à travers ce présent mail de la part de la société Wase à rendre visite dans notre société pour connaître et présenter la vérité pour éviter de cacher la vérité au public et le peuple guinéen » nous ils écrit.
Affaire à suivre…
Oumar M’Böh pour www.lavoixdupeuple.info
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