Le secteur Agricole est l’un des principaux pourvoyeurs d’emplois en République de Guinée, à une frange importante de la population. Malheureusement, il peine à atteindre les objectifs escomptés et ce malgré les investissements consentis par l’État et ses partenaires depuis belle lurette.
Malgré la volonté des différents gouvernements qui se sont succédé à la tête du Ministère de l’Agriculture, les réformes engagées par l’Etat n’ont pas permis d’atteindre l’autosuffisance alimentaire tant souhaitée par les populations guinéennes. Au nombre des difficultés énumérées dans un rapport du conseil national de la transition (CNT), à l’occasion de l’examen et de l’adoption de la Loi d’Orientation Agricole ‘’LOA’’, l’on peut citer entre autres : « la vétusté des infrastructures routières, la faiblesse de la chaîne de transport, le faible accès à la terre et au financement, l’insuffisance de magasins de stockage, l’insuffisance d’unités de transformation, le faible accès aux prêts bancaires, la caducité du cadre juridique, la faible mécanisation etc. ».
Cette situation devrait être corrigée afin de permettre aux acteurs du secteur de tirer le meilleur profit de leur labeur. Malheureusement, ce n’est pas avec l’actuel Ministre de l’Agriculture et de l’Elevage, Mamoudou Nagnalen Barry. Parce que ce dernier a publiquement exprimé son incapacité à atteindre l’autosuffisance alimentaire en ce moment. Devant la représentation nationale il a affirmé ceci : « nous avons encore beaucoup, beaucoup à faire. Mais par rapport aux années précédentes, les autorités de la Transition font encore mieux. Mais par rapport aux potentialités de la Guinée, on n’a pas encore fait assez. Donc, il faut que l’État continue à investir dans l’Agriculture. Et c’est grâce au Général Mamadi Doumbouya que nous avons commencé à parler des milliers de milliards d’investissement dans l’Agriculture ; avant c’était 500 milliards ou 400 milliards de francs guinéens, mais ce n’est qu’à l’arrivée du CNRD à sa tête le Général Mamadi Doumbouya que nous parlons de 1 500 milliards pour les agriculteurs. C’est un départ qu’il faut soutenir, oui il y’a des avancées dans l’achat des tracteurs et de l’engrais mais il y’a beaucoup de choses qui restent à faire notamment les pistes rurales, les aménagements parce qu’avec notre budget actuel, même dans une seule préfecture nous ne pouvons pas faire des aménagements » a-t-il affirmé.
Si dans plus de trente préfectures, le ministère de l’Agriculture ne peut même pas aménager une seule avec tous les efforts consentis dans ce secteur, l’on peut dire que c’est aveu d’impuissance de la part du Ministre Mamoudou Nagnalen Barry et tous les cadres dudit département, de Conakry à Yomou.
Bien que la Guinée possède les facteurs requis pour être un exportateur majeur de céréales, elle importe chaque année et ce, depuis plusieurs années, environ 25 % du riz consommé, équivalant à 300.000 tonnes et évaluées à des dizaines de millions de dollars de décaissement au Trésor Public. Pourtant, des rapports indiquent que le potentiel des terres arables en Guinée est estimé à 6,2 milliards d’hectares, dont la partie cultivée représente seulement 26 %.
En dépit des dispositions prises pour combler le gap grâce à l’élaboration, depuis deux décennies, notamment de la Lettre de Développement agricole (LDA, 1991-1998), la Lettre de Politique agricole (LPA, 1998-2005) et la Politique nouvelle de Développement agricole (PNDA), et Vision 2015, le secteur agricole bat de l’aile. L’ancien Président, Pr Alpha Condé, dans une de ses premières déclarations, avait promis de s’engager à faire de son pays « un scandale agricole », grâce aux énormes potentialités qui, selon lui, sont ignorées au profit de l’exploitation des richesses minières dont la Guinée regorge.
Ces déclarations avaient incité les responsables du Fonds international pour le développement agricole (FIDA) à dépêcher une délégation pour remettre, à titre de contribution aux engagements du chef de l’Etat élu, une enveloppe de 20 millions de dollars US.
Aux dires de nombreux observateurs, la Guinée pourrait se positionner comme le grenier de l’Afrique de l’Ouest, mais c’est lorsque le département arrive à gagner un ministre qui a une très grande vision du secteur Agricole et non un minimaliste car, beaucoup reste encore à faire.
Oumar M’Böh