Depuis l’arrivée des nouvelles autorités au Sénégal, les patrons de presse affirment qu’ils tirent le diable par la queue. Ils ont décrété le mardi 13 août « journée sans presse » pour sensibiliser l’opinion.
Confrontée à des difficultés financières depuis l’arrivée du nouveau gouvernement, la presse sénégalaise observera une « journée sans presse » ce mardi 13 août. Les patrons de presse, réunis au sein du Conseil des diffuseurs et éditeurs de presse du Sénégal (CDEPS), ont lancé un cri d’alarme dans un éditorial commun publié ce lundi, intitulé « La mort programmée des médias sénégalais ».
Selon eux, la presse traverse « l’une des périodes les plus sombres de son histoire » depuis près de trois mois, soit le temps que vient de passer le tandem Bassirou Diomaye Faye-Ousmane Sonko à la tête de l’Etat.
Le CDEPS dénonce notamment le blocage des comptes bancaires, la saisie de matériels de production, l’annulation unilatérale de contrats publicitaires, le gel des paiements ainsi que le refus de toute concertation. Ces mesures, jugées injustes, ont motivé l’appel à cette journée sans presse dans le but de « sensibiliser l’opinion nationale et internationale » sur la situation.
Mamadou Ibra Kane, président du CDEPS et propriétaire des quotidiens sportifs Stades et Sunu Lamb, a récemment souligné que malgré deux demandes d’audience, le régime dirigé par Bassirou Diomaye Faye n’a pas encore daigné recevoir les représentants de la presse. Il rappelle notamment la contribution de cette dernière dans « l’affermissement de la démocratie » dans ce pays, qui a connu en mars dernier sa troisième alternance au pouvoir après 2000 et 2012. Aujourd’hui, les patrons de presse soupçonnent les nouvelles autorités de vouloir mettre en place une « entreprise de dénigrement » visant à décrédibiliser la presse.
Le CDEPS avertit qu’il s’agit d’une tentative de contrôle de l’information et de domestication des acteurs des médias, menaçant ainsi gravement la liberté de la presse au Sénégal. « Nous sommes aguerris pour avoir expérimenté les méthodes des pouvoirs précédents pour comprendre ce qui se trame. Il s’agit de noircir le décor et procéder ensuite à une sélection artificielle et une liquidation des entreprises de presse privée, en fonction de ses intérêts politiques immédiats. L’objectif visé n’est autre que le contrôle de l’information et la domestication des acteurs des médias. C’est tout simplement la liberté de presse qui est menacée au Sénégal », a-t-il averti, précisant que « la presse demeure » malgré les difficultés alors que « les régimes passent ».
Parallèlement, le Président Faye avait reçu, début juillet, la Convention des jeunes reporters du Sénégal (CJRS). Ces derniers avaient exposé les difficultés qu’ils rencontrent quotidiennement dans les entreprises de presse, notamment la précarité salariale, le manque de formation et l’absence de sécurité sociale.
Ils avaient également plaidé pour une fiscalité plus flexible pour les groupes de presse, alors que plusieurs d’entre eux sont accusés de ne pas respecter leurs obligations fiscales.
Le président Faye, tout en soulignant l’importance du respect du paiement de l’impôt, s’est montré inflexible, indiquant que contrairement à son prédécesseur Macky Sall, qui avait effacé une dette fiscale de 40 milliards de francs CFA à la fin de son mandat, il n’y aurait aucun effacement fiscal sous son administration. « Ce chantage ne marche pas. S’ils (les patrons de presse) veulent des solutions, j’attends qu’ils m’écrivent », avait lancé le dirigeant sénégalais de 44 ans.
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