Personnage atypique de la magistrature guinéenne, Alphonse Charles Wright est le
Président par intérim du Tribunal de Première Instance de Dubréka, poste qu’il occupe depuis le 10 juillet 2021 à la faveur d’une promotion qualifiée par beaucoup, d’expulsion hors de Conakry. Ce, d’autant plus que ce magistrat émérite connu pour son intrangigeance et son impartialité dans les grands dossiers de justice (politique) était devenu une épine sous les pieds du régime du président déchu Alpha Condé.
L’on se souvient encore de l’étonnement général et l’émotion qui ont caractérisé la relaxe de Oumar Sylla alias Foniké Menguè membre du FNDC acquitté le 27 août 2020 par le même juge qui le dédouanait de toutes les charges liées à son interpellation dans le cadre de la campagne de répression organisée alors contre les opposants au 3e mandat. Cette décision avait valu au juge (Alphonse) tous les soupçons et l’yre à peine voilés de certains caciques du régime déchu. « J’ai été mis sur écoute parce que pour eux je suis un magistrat de l’opposition » laisse entendre récemment Alphonse Charles Wright sur sa page Facebook au compte de ses innombrables témoignages accablants contre la justice guinéenne sous l’ère Condé.
Et l’homme en robe de poursuivre « Certains avaient peur de dire que nous étions des collègues de peur qu’ils ne soient considérés comme des antisystème », faisant allusion à tous ces magistrats dont la plupart étaient devenus l’ombre du RPG, alors parti au pouvoir jusqu’à la date fatidique du 5 septembre 2021.
Aujourd’hui Alphonse Charles Wright peut bien savourer sa bravoure et mériter plus encore le respect de nombre de ses compatriotes pour qui il entre dans l’histoire par la grande porte. Il aura dit la vérité jusqu’au bout, bravant toutes les menaces et répudiations qui si elle n’ont pas eu raison de lui, ont pesé lourd lors de sa dernière mutation.
« En parlant du juge Alphonse Charles Wright dont tout le monde est fier aujourd’hui et à juste raison, il ne faut pas oublier cette grande dame, Mme Irène Marie Hadjimalis, Présidente de la deuxième chambre de contrôle de l’instruction de la Cour d’appel de Conakry. Elle a toujours fait preuve d’une indépendance, d’une impartialité, d’une intégrité et d’un courage extraordinaires toutes les fois qu’elle a été amenée à statuer sur des dossiers concernant des membres de l’opposition et du FNDC. » s’efforce de rappeler Maître Mohamed Traoré qui persiste et signe
« Elle (Mme Irène Marie Hadjimalis) n’a reculé devant aucune pression. En fin de compte, on refusait même de lui confier la gestion de certains dossiers. Fait rarissime dans les annales de la justice guinéenne, sa récusation a même été demandée dans un dossier. Par qui ? Le parquet. En effet, ce n’est pas tous les jours qu’un procureur demande la récusation d’un juge. C’est dire combien de fois, cette dame, par ailleurs membre du CSM, dérangeait » conclut celui qui se fait appeler l’avocat du peuple et pour qui
Mme Irène Marie Hadjimalis a aussi droit à tous les hommages dûs à sa probité « dans cette ambiance dit-il, de lynchage médiatique de la justice dont celle-ci est la seule responsable. »
De Alphonse Charles Wright à Irène Marie Hadjimalis en passant par Kelefa Sall et Doura Chérif, la Guinée peut espérer encore. Et comme l’affirmait le Cononel Mamady Doumbouya, nouvel homme fort du pays, la justice sera la boussole qui orientera chaque citoyen ». Autant dire que tout juge se doit désormais d’être honnête dans ses activités régaliennes pour inspirer le comportement des autres. Même si les habitudes ont la vie dure en GUINÉE !
Habib THIAM