Une adresse à la nation au ton ambigu et conflictogène, dans un discours écrit depuis son exil doré en Turquie.
A lire entre les lignes, on comprend aisément que l’ancien locataire du palais Sékhoutoureya a du mal à accepter son sort, celui d’un exilé contraint d’y demeurer, du moins pour tout le temps que devrait durer la transition ouverte par les militaires du CNRD.
A cet effet, et ça en a tout l’air, le coup de force qui l’a éjecté du pouvoir qu’il n’a, d’ailleurs, jamais voulu en partager tout le temps de son règne, et qu’il exerçait, depuis son troisième mandat, d’une main de fer, est pour lui une humiliation devant laquelle il ne veut donc pas courber l’échine. C’est pour cela, qu’Alpha Condé a revendiqué son fauteuil qu’on lui a chipé.
« Je reste encore le Président élu de la Guinée » a-t-il dit dans son message. Cela sonne pour le CNRD auquel le message est destiné, comme un tour de contorsion. Et bizarrement, ses opposants d’alors, à défaut d’applaudir cette sortie, de peur de renier publiquement leur conviction d’entant, s’en accommodent. Eux, qui soutenaient, à l’époque, que leur partenaire d’aujourd’hui exerçait un mandat illégal.
Par-dessus tout, les militaires sont néanmoins conscients que l’auteur de ces propos, fera tout pour se donner les moyens de ses actions.
Alpha Condé donne l’impression de ne plus avoir la tête qui roule dans la sciure. Il semble désormais décider de se venger de ceux qui l’ont renversé et qui lui ont fait subir l’avanie de sa vie. Peu importe le risque que cela comporte pour ses lieutenants en prison.
D’ailleurs, et sûrement, il n’en a cure. Sans doute, dans un coin de sa tête, trotte la complicité ou la complaisance de ces derniers. Il doit leur en vouloir pour leur apathie à ne pas violemment protester contre son éviction.
Le soutien tacite au CNRD, du RPG, le parti qu’il a fondé, tout au début de la transition, est pour lui, la preuve de la trahison.
Peut-être que tout cela n’est qu’illusion. En tout cas, l’ancien opposant historique, qui y croit sans l’avouer publiquement, revient à ses anciennes amours dont il ne s’était en réalité jamais éloigné. Le fait de s’opposer.
Reste à savoir, s’il peut bien se battre seul. Mais ce qui est sûr, il va tout de même s’essayer sans compter sur ses militants inconditionnels, qu’il a en partage avec la junte, de par les origines des nouveaux dirigeants du pays.
Alors, dans un premier temps, son immense carnet d’adresses à l’international pourrait lui servir à quelque chose, dans son combat pour l’honneur.
Et puis, les perspectives disruptives dans le pays, annoncées avec conviction par les Cassandres, qui ne sont pas contredits par la crise politique qui se dessine à l’horizon.
Ce qui est clair, le combat entre Alpha Condé et ses tombeurs de la junte, va barder.
In Djoma