Le comité de pilotage de la réforme foncière agricole, a en partenariat avec l’Agence française de Développement (AFD), tenu ce mercredi 17 mai 2023 dans un espace hôtelier de la place à Conakry, sa toute première réunion. Elle a été présidée par le ministre de l’Agriculture et de l’Elevage, Mamoudou Nagnalen Barry en présence des Secrétaires généraux des départements ministériels de l’Agriculture et de l’Élevage et de l’Urbanisme de l’Habitat et de l’Aménagement du territoire ainsi que des membres dudit comité venus des secteurs public et privé ainsi que d’ONGs.
L’objectif est de : ‘’doter le pays à travers le Ministère de l’Agriculture et de l’Elevage, des outils de sécurisation foncière adaptés aux spécificités du secteur agricole de la Guinée et adaptés à chaque type d’acteur, du petit paysan aux agro-entrepreneurs’’.
Selon la secrétaire générale du ministère de l’Agriculture et de l’Elevage, Hawa Sylla : « En République de Guinée, le code foncier et domanial qui régit la gestion foncière, ne traite que du foncier rural que de façon très marginale. Il ne présente aucune réponse adaptée aux problématiques foncières agricoles et crée un vide juridique en la matière. Ce qui fait que le contexte actuel est marqué par une situation de tensions et de pressions foncières inégalées dans notre pays. Cette situation résulte de plusieurs facteurs, notamment l’accroissement démographique, l’expansion urbaine, les changements climatiques et la dégradation de l’environnement, le développement des activités minières. En conséquence, les conflits fonciers liés à l’utilisation des ressources foncières agricoles se multiplient. Ils gangrènent les relations sociales entre nos communautés rurales, mais également au sein de chaque communauté, et jusqu’à l’intérieur même des familles… il est donc primordial de mettre en place au profit de tous les acteurs un nouveau système de gouvernance foncière réellement transparente et sécurisante qui permettra à tous d’investir sereinement dans les activités agricoles, sylvicoles, d’élevage et de production halieutique continentale. Je peux assurer que cette réforme s’inscrit au nombre des grandes priorités de mon Département et qu’elle bénéficiera de tout le soutien politique nécessaire » a-t-elle promis.
Pour le ministre de l’Agriculture et de l’Elevage, Mamoudou Nagnalen Barry, le réforme foncière Agricole est « le travail le plus important » pour son département : « Je suis impressionné par la mobilisation des différents acteurs concernés parce que c’est le travail le plus important que nous sommes en train de faire avec la refondation ; ce ne sont pas des tracteurs, ou encore des semences, mais c’est d’abord la législation, la règlementation qui est la base de tout développement agricole et nous avons espoir qu’avant la fin de cette transition, un nouveau texte sur le foncier rural sera adopté et que ce texte sera inclusif pour permettre aux petits paysans, aux femmes, et aux jeunes d’accéder de façon sécurisé à la terre tout en étant attractif pour les grands investisseurs et surtout en protégeant les générations futures. Nous sommes dans une transition, une opportunité de prendre des décisions fortes, impartiales et neutres. C’est un enjeu sous régional aussi, parce que la Guinée a un potentiel agricole important, un grenier pour la sous-région et si les terres agricoles ne sont pas protégées, c’est la sécurité alimentaire de toute la région qu’on est en train de mettre à risque. Donc, pour moi faire des textes appropriés sur le foncier rural est le travail le plus important pour le ministère de l’Agriculture et de l’Elevage » a-t-il justifié.
La mise en place du comité de pilotage de la réforme foncière agricole intervient après quelques mois de la tenue des états généraux du fonciers ‘’EGF’’. Cette démarche du ministère de l’agriculture et de l’élevage est soutenue et accompagnée par l’Agence Française de Développement (AFD).
Le représentant de cette organisation à l’occasion de la première réunion dudit comité, Timothée Ourbak responsable de Pôle Accord de Paris a expliqué les raisons de leur soutien et a rassuré de leur engagement pour la suite : « C’est un réel plaisir pour moi d’être parmi vous ce matin pour participer à cette première réunion du comité de pilotage qui réunit plusieurs acteurs qui permettront de doter la Guinée d’une politique foncière agricole et d’une loi sur le foncier agricole. Les questions foncières et notamment le foncier rural sont cruciales sur la planète, particulièrement en Afrique de l’Ouest, et comme nous accompagnons d’autres projets ailleurs, nous avons décidé aussi d’accompagner la réforme de la politique foncière ici en Guinée. Donc, les ministères, le monde paysan, la société civile, les collectivités locales, les secteurs de la recherche, le secteur privé doivent pouvoir ensemble, élaborer mettre en œuvre suivre et évaluer la politique foncière agricole ici en Guinée. L’AFD, soutient le ministère de l’agriculture et de l’élevage via un projet d’appui aux statistiques agricoles et au foncier ; un des objectifs de ce projet est de travailler sur la feuille de route de la réforme foncière agricole via la direction nationale du foncier rural. Pour nous, la mise en place de ce comité de pilotage, est une pierre angulaire de la réforme foncière agricole qui est impulsé par le gouvernement et l’AFD accompagne ce projet financièrement via la direction nationale du foncier rural » a-t-il souligné.
Du côté des participants, c’est un ouf de soulagement de voir la mise en place de ce comité de pilotage. C’est le cas de monsieur Macky Bah, directeur exécutif de l’ONG ACORD (Association Coopération, Recherche pour le Développement), pour lui c’est une : « occasion pour l’ensemble des acteurs impliqués de présenter tout ce qui a été fait dans le cadre des travaux relatifs à la réforme foncière en Guinée, avant et après la tenue des états généraux du foncier et de voir comment aider les communautés à mieux sécuriser leurs terres au niveau national. La Guinée depuis plus de 20 ans n’a que le code foncier domanial, et si le ministre exprime l’engagement des autorités à doter notre pays des textes sur le foncier, c’est une très bonne chose, car le code mérite d’être corrigé, parce qu’il ne prend pas en compte la problématique liée à la sécurisation foncière et surtout au foncier agricole. Donc, pour pouvoir accompagner ce département, je demande au comité de pilotage de capitaliser tout ce qui a été fait » a-t-il recommandé.
Le but est l’élaboration d’une politique foncière agricole et d’une loi foncière agricole qui permettront à coup sûr de sécuriser les droits des acteurs du foncier agricole, et notamment les femmes dont l’accès sécurisé est souvent rendu difficile par nos coutumes.
Oumar M’Böh pour www.lavoixdupeuple.info