L’ONG Créativité/Développement en collaboration avec le Collectif des ONG pour la Défense des Droits des Communautés, a organisé ce jeudi 3 juin 2021 une table ronde sur la problématique liée au droit d’accès des femmes au foncier en République de Guinée. La rencontre a eu lieu dans un espace hôtelier à Conakry et a mobilisé plusieurs acteurs. Le thème portait sur : « l’accès sécurisé des femmes aux ressources foncières en Guinée : enjeux et pistes de solutions ». L’objectif était de faire un état des lieux de cette problématique, analyser les initiatives de réformes engagées dans le pays sur la gouvernance foncière en lien avec les droits des femmes. Aussi de partager les expériences entre les participants, promouvoir le principe de participation des femmes à la gouvernance foncière suivi de la formulation des recommandations envers les parties prenantes.
La présidente de l’ONG Créativité/Développement, Nentegou Barry justifie le choix de cette thématique et dévoile ses attentes : « Dans la plupart des régions administratives, l’activité économique est essentiellement basée sur l’exploitation des ressources minières, l’agriculture et l’élevage. La terre est donc un élément capital pour la promotion des activités économiques, surtout en milieu rural. Les femmes continuent de faire l’objet de discriminations. L’organisation de cette table ronde fait suite à un plaidoyer communautaire que nous avons mené l’année dernière ; un plaidoyer qui a porté sur le droit d’accès des femmes au foncier dans les zones impactées par la Société minière de Boké (SMB). En 2020 notre ONG en partenariat avec le fond global pour les droits humains mondiaux a mis en œuvre un projet d’appui à l’accès des femmes aux ressources foncières dans les zones impactées par la société minière de Boké (SMB) dans les localités de Kolaboui et de Katougouma. Donc il était question d’élargir ce plaidoyer au niveau national dont l’une des activités porte sur un cadre de concertation entre tous les acteurs notamment les propriétaires terriens, des cadres de l’administration publique, des partenaires techniques et financiers, des acteurs de la société civile, des leaders religieux, des hommes de médias afin d’échanger les expériences, analyser les obstacles et faire des propositions concrètes pour des interventions plus efficaces qui pourraient contribuer à améliorer l’accès des femmes au foncier et à son contrôle », a-t-elle souligné.
De son côté, le coordinateur du collectif des ONG pour la Défense des Droits des Communautés, Amadou Bah a au nom de leur organisation réitéré leur soutien à l’endroit de l’ONG Créativité/Développement porteuse dudit projet, qui fait parti des priorités du collectif : « Aujourd’hui notre collectif est engagé dans plusieurs plaidoyers en faveurs des communautés, dans nos recherches il s’est avéré que les femmes sont lésées dans l’accès au foncier. Pourtant au niveau rural, elles constituent un maillon important en matière de développement rural. Donc, nous sommes en train de tirer la sonnette d’alarme afin que les décideurs prennent en compte les recommandations de nos organisations respectives. Car, nous avons réalisé des études qui nous ont permis de focaliser notre intervention sur des thématiques spécifiques d’où l’organisation de cette table ronde, où des acteurs sont invités à mûrir la réflexion qui par la suite sera versée dans nos différentes notes de plaidoyer qui seront adressées au Ministère de l’Agriculture et de l’Elevage, celui des Mines mais aussi celui de la Ville et de l’Aménagement du Territoire » a-t-il annoncé.
Déjà, des représentants de ces différents départements ministériels ont pris part à cette table ronde, c’est le cas notamment du directeur général adjoint du Bureau stratégique du développement du ministère de l’Agriculture et de l’élevage, monsieur Jean Luc Fabert, et de Madame Batouly Kaba, la directrice générale adjointe au Ministère des Droits et de l’autonomisation des femmes.
Monsieur Jean Luc a, au nom du Ministre de l’Agriculture et de l’Elevage, salué l’initiative de la tenue d’une table ronde sur cette problématique. Il a rassuré les initiateurs le soutien et l’accompagnement de son département pour l’atteinte des objectifs. En se basant sur la Constitution de la République de Guinée, il dira que l’obligation est faite à l’Etat de garantir à chaque citoyen une meilleure qualité de vie dont le droit à la sécurité alimentaire et nutritionnelle. : « Nous mettons l’accent sur les femmes, pas en exprimant des textes en connotation genre féminin, mais plutôt des activités en faveur et pour les femmes et par les femmes. D’où l’organisation des activités de réflexion sur l’autonomisation des femmes, sur l’entreprenariat des femmes. Pour nous, laisser ces femmes hors du champ de développement de notre pays, c’est serait de se priver de plus de la moitié de la Guinée ; car, les statistiques prouvent que la moitié de la population féminine vaut mieux un peu plus que celle masculine. Donc, le Ministère de l’Agriculture et de l’Elevage en fait une préoccupation majeure raison pour laquelle, le bureau de stratégie et du développement est parmi vous » a-t-il souligné.
De renchérir, la directrice générale adjointe au Ministère des Droits et de l’autonomisation des femmes, Madame Batouly Kaba dira qu’il existe déjà une volonté politique pouvant accompagner les femmes dans leurs droits. Et que : « celles-ci représentent 80% dans le domaine rural et participent activement au processus du développement de la Guinée à travers l’agriculture. Donc, les recommandations qui sortiront de cette table ronde de ce jeudi 3 juin 2021, constitueront de nouvelles stratégies pour notre département pour impliquer effectivement et de façon efficiente les femmes dans le processus de développement socio-économique durable de la Guinée », a-t-elle dit.
Au cours de son exposé, la présidente de l’ONG Créativité/Développement, Nentegou Barry a rappelé les principaux obstacles des femmes que son organisation a pu identifier sur le terrain en basse guinée à savoir entre autres : « la faible représentativité de celles-ci au sein des districts, de l’administration locale ; l’arrivée massive des sociétés minières dans la zone, l’augmentation de la démographie, enregistrement individuel, menace de l’héritage matrilinéaire qui jusqu’ici protégeait l’accès des femmes ; méconnaissance des textes juridiques, car on saurait réclamer un droit qu’on ignore ; faible pouvoir économique des femmes », a-t-elle énuméré.
Oumar M’Böh