La sous-préfecture de Gbessoba, dans la préfecture de Beyla, a été secouée ce jeudi par une manifestation populaire contre la délégation spéciale communale. À l’origine de cette mobilisation : des accusations de mauvaise gestion et de détournement de fonds visant le président de la délégation spéciale, Lanciné Donzo, ainsi que deux autres responsables locaux.
Les manifestants, majoritairement des jeunes, dénoncent une gestion opaque des finances communales. Selon eux, les fonds alloués au fonctionnement de la commune et aux projets sociaux auraient été détournés par le président de la délégation spéciale, le receveur communal Cheick Touré, et le secrétaire général Issa Bamba.
Une session publique attendue depuis 16 mois
Interrogé par notre rédaction, le président de la jeunesse de Gbessoba, Gbaty Mamady Camara, a exprimé le mécontentement de la population :
« Cela fait plus de 16 mois que nous réclamons la tenue d’une session publique de la délégation spéciale. Nos demandes ont été systématiquement rejetées, jusqu’à ce que l’intervention du sous-préfet et l’implication des ressortissants du village permettent la tenue d’une première session. »
Au cours de cette session, les jeunes ont appris que la commune disposait d’un fonds supérieur à 600 millions de francs guinéens. Malgré les explications fournies, la population n’a pas été convaincue et a exigé la présentation de relevés bancaires pour clarifier la situation financière. Les autorités communales ont alors promis de les transmettre dans un délai d’une semaine, promesse non tenue selon les manifestants.
Mairie fermée et clés remises aux sages
Face au silence persistant des responsables, les jeunes ont annoncé un préavis de grève, resté sans réponse. Ils ont alors organisé une marche pacifique, au terme de laquelle ils ont procédé à la fermeture symbolique de la mairie, remettant les clés aux sages du village. Ces derniers les ont ensuite confiées au sous-préfet.
Des accusations corroborées par un conseiller communal
Moussa Camara, conseiller communal, soutient les accusations portées contre les dirigeants de la délégation spéciale :
« La gestion communale est accaparée par trois personnes : le président, le receveur et le secrétaire général. Nous, les autres conseillers, sommes marginalisés. La jeunesse a raison de se faire entendre. Chaque fois que nous demandons des comptes, ils se renvoient mutuellement la responsabilité. »
Des autorités préfectorales à l’écoute
Informé de la situation, le préfet de Beyla, le Colonel Ibrahima Souley Camara, s’est rendu à Gbessoba avec une délégation administrative et des forces de sécurité pour apaiser les tensions. À leur départ, le calme était revenu dans la localité, mais les revendications persistent.
La jeunesse continue d’exiger la transparence sur les finances de la commune, notamment la présentation immédiate des relevés bancaires. Le préfet a promis que les préoccupations des citoyens seront prises en compte dans les meilleurs délais.
AGP