Parcours d’une femme d’influence qui façonne l’administration guinéenne avec méthode, humilité et efficacité.
En République de Guinée, certains parcours se tracent sans tapage, mais avec une profondeur et une rigueur qui imposent le respect. Celui de Fatoumata Binta Barry s’inscrit précisément dans cette veine. Cheffe de cabinet du Ministère de l’Économie et des Finances depuis mars 2025, elle incarne une nouvelle génération de hauts fonctionnaires guinéens : compétents, modernes, discrets et résolument engagés au service de l’État.
Une expertise nourrie à l’international
Derrière son calme apparent se cache un parcours académique et professionnel dense, patiemment construit au fil des années. Formée en France, diplômée d’un Master 2 en Systèmes d’information et aide à la décision de l’Université Toulouse 1 Capitole, Fatoumata Binta Barry a d’abord affûté ses armes à l’étranger. Pendant plus de dix ans, entre la France, le Canada et la Guinée, elle exerce en qualité de consultante en Intelligence d’affaires, un domaine pointu qui l’oblige à conjuguer analyse stratégique, traitement de données complexes et conseil décisionnel à haut niveau.
Cette décennie de pratique internationale lui confère une double culture professionnelle précieuse : la rigueur des standards occidentaux et la compréhension fine des réalités africaines. Deux atouts qui allaient s’avérer déterminants pour la suite de son parcours.
Une ascension discrète mais méthodique dans l’appareil d’État
En mars 2022, elle entre officiellement dans le cercle des décideurs administratifs guinéens avec sa nomination au poste de Directrice Nationale du Foncier Rural et du Patrimoine. Un secteur à la fois sensible et stratégique, où les enjeux de sécurisation foncière, de gestion des terres agricoles et de prévention des conflits domaniaux sont vitaux pour la stabilité et le développement du pays.
Avec une approche méthodique et collaborative, elle restructure cette direction souvent confrontée à des tensions multiformes. L’identification et la sécurisation des domaines agricoles de l’État sont menées avec efficacité ; les bases d’une réforme foncière ambitieuse sont posées. Au sein de son équipe, elle insuffle une culture de résultat, de transparence et d’innovation administrative.
Ses premiers résultats impressionnent. À peine dix mois plus tard, en janvier 2023, Fatoumata Binta Barry est appelée à de plus hautes fonctions : Cheffe de cabinet au Ministère des Transports. Un portefeuille névralgique au cœur des priorités économiques et logistiques du pays. Ici encore, sa signature est immédiatement perceptible : diagnostic rapide des dysfonctionnements internes, redynamisation des équipes, promotion des compétences locales, rationalisation des procédures.
Durant ses deux années à la tête du cabinet, elle parvient à créer un climat de travail propice à l’efficacité, dans un ministère souvent confronté à la pression des urgences et à la complexité des grands chantiers d’infrastructures. Loin de chercher la lumière médiatique, elle avance avec la même discrétion, appuyée par une exigence professionnelle constante.
Le 6 mars 2025, un nouveau défi d’envergure s’ouvre : par décret présidentiel, elle est nommée Cheffe de cabinet du Ministère de l’Économie et des Finances, par le Président de la République, Général Mamadi Doumbouya. Un ministère central, véritable tour de contrôle des finances publiques, où chaque décision engage la trajectoire économique de l’État.
Lors de son installation officielle, ses premiers mots donnent la mesure de sa vision et de son engagement : « J’ai pleinement conscience de la responsabilité qui m’échoit en intégrant ce département stratégique. Je m’engage à travailler avec détermination, en suivant les orientations de Monsieur le Ministre Mourana Soumah et la vision du CNRD, afin de contribuer efficacement à l’atteinte de notre mission commune. »
Depuis cette date, fidèle à ses principes, elle pilote le cabinet avec la même rigueur, attachée à une gouvernance fondée sur la compétence, institutionnelle et le souci permanent de l’intérêt général.
À l’heure où la promotion du leadership féminin est plus que jamais un enjeu de gouvernance sur le continent, Fatoumata Binta Barry en offre une illustration vivante, mais sans chercher à en faire une revendication. Par son parcours et son professionnalisme, elle démontre que les femmes guinéennes, lorsque les opportunités et la méritocratie leur sont offertes, sont capables de répondre aux plus hautes exigences des fonctions d’État.
Son approche managériale est souvent saluée pour son équilibre entre exigence et bienveillance. Proche de ses collaborateurs, à l’écoute des équipes, mais fermement attachée aux principes de discipline administrative et de neutralité politique, elle s’impose peu à peu comme l’un des visages les plus crédibles de la nouvelle technocratie guinéenne.
En quelques années, Fatoumata Binta Barry est parvenue à construire une carrière respectée, exemplaire, sans faire de bruit, mais en laissant partout où elle passe une empreinte durable et indélébile. Sa trajectoire démontre que l’administration guinéenne est capable de se régénérer, de se moderniser et de s’appuyer sur des profils techniques compétents, indépendamment des logiques partisanes.
Dans un contexte africain où la qualité des ressources humaines reste un levier décisif du développement, son parcours est une invitation à poursuivre la professionnalisation de la haute fonction publique et à faire émerger des talents féminins aux responsabilités les plus élevées.
L’histoire de Fatoumata Binta Barry n’est peut-être qu’au début. Mais déjà, elle illustre avec force qu’en Guinée aussi, l’administration peut s’écrire au féminin pluriel de l’excellence.
Oumar M’Böh
