Alors que le pays est qualifié de scandale agricole avec une zone de plus de plus de 50% cultivable, la Guinée peine toujours à assurer son autosuffisance alimentaire. Pour preuve, avec le réajustement des taxes en Inde d’où la Guinée importe du riz, tous les autres produits ont connu une hausse des prix. Interrogé par nos confrères du site www.lerevelateur224.com, le Directeur exécutif de l’ONG ACORD Guinée (Association de Coopération et de Recherche pour le Développement), a fait des propositions.
Selon monsieur Macky Bah : « La première chose à faire, c’est d’aller vers la diversification de la production. Ce n’est pas importé des tracteurs, importé des milliers de tonnes d’engrais qui vont nous aider à augmenter notre production. L’utilisation des intrants chimiques contribue à la dégradation de nos sols et de la santé de notre population. A date aucun médecin ne peut vous dire aujourd’hui voici l’effet nocifs des intrants chimiques dans l’organisme humain. Un engrais que vous mettez dans le sol, il peut faire 50 ans sans se transformer, c’est pour vous dire combien de fois c’est dangereux. Et aujourd’hui, même pour nettoyer nos cours, nous utilisons les herbicides. Donc, pour moi, il faut que l’État pour tous les investissements qu’il est en train de faire, qu’il revoit un peu sa politique, qu’il revoit sa stratégie. On a des documents qui sont très bien élaborés, nous devons donner la primauté à la valorisation et l’accompagnement des petits exploitants qui sont dans les villages, qui sont dans les communes. Ils sont dans les bas-fonds, ils sont sur les parcelles très réduites. Avant, c’est à travers l’exploitation de ces basfonds que la Guinée forestière parvenait à nous nourrir tous à Conakry et inonder nos marchés. Aujourd’hui, toutes ces parcelles sont presque abandonnées, les producteurs qui disposent de peu de moyens sont en train d’utiliser les produits chimiques pour les bonifier. Pourquoi ne pas alors penser autrement pour aider ces organisations paysannes qui sont à la base, à renforcer leurs capacités sur l’utilisation des engrais organiques et bio pesticides. Tout récemment, ACORD a envoyé 30 jeunes au Mali auprès de la CNOP/Mali pour apprendre l’utilisation des engrais organiques. Ils ont appris l’utilisation des engrais organiques qu’on appelle bokaschi. C’est pourquoi, nous suggérons à l’État de mettre devant la promotion de l’agro-écologie. Cela va nous aider à améliorer notre système de production et rationnaliser l’utilisation des engrais chimiques au profit des engrais organiques, protéger notre environnement et contribuer à réduire les effets liés au changement climatique » a-t-il précisé,
De nos jours, plusieurs acteurs agricoles existent mais souffrent d’un accompagnement de l’État. Alors pour atteindre l’espoir escompté, Macky Bah, conseille.
« Aujourd’hui, il y a assez de problèmes au niveau de l’agriculture, mais l’État ne voit pas ces problèmes, il se focalise sur l’importation. La dernière fois, Monsieur le Ministre de l’agriculture disait lors de son passage au CNT, qu’il faut que la population Guinéenne s’habitue à manger de l’igname et réduire la consommation du riz. Non ! On ne peut pas obliger quelqu’un à manger de l’igname, alors qu’au Foutah par exemple, c’est le tarot et le fonio qu’on connait (…) Pourquoi ne pas amener les gens à manger traditionnel et à diversifier la production ? Donc, moi je me dis, si on veut aller vers l’autosuffisance alimentaire pour combler ce gap, parce qu’aujourd’hui tous les pays sont victimes, l’Inde qui est le seul pourvoyeur en denrées alimentaires est en train aussi de se repositionner, c’est d’appuyer les petits exploitants agricoles sur leurs petits lopins de terres a travers des pratiques locales, des pratiques traditionnelles pour s’acheminer vers la transition agro-écologique. C’est bon d’avoir des multinationales qui viennent exploiter nos terres, ils ont un objectif claire et peuvent cohabiter avec les petits exploitants. Et enfin valoriser nos centres de recherche. Ces centres peuvent aider les producteurs à améliorer leurs semences, à faire des tris, parce qu’avec le changement climatique, on n’arrive plus à gérer l’utilisation des semences de longue durée. Il faut que les centres soient équipés, l’argent qu’on met de gauche à droite, il faut le mettre sur les centres de recherche qui vont nous aider à travers la recherche pour améliorer notre système de production. Appliquez la recherche dans les champs des organisations paysannes à la base, identifier les semences de qualité, des semences à courte durée qui peuvent aider le petit producteur à augmenter son revenu » a-t-il lancé
Mamadou Mouctar Sylla pour www.lavoixdupeuple.info