Blanchi des accusations qui le visent, celui qui fut l’homme de confiance du président déchu Alpha Condé séjourne discrètement en Côte d’Ivoire.
Il était sorti des écrans radars depuis plusieurs mois. Selon nos informations, Tibou Kamara, l’ancien conseiller personnel de l’ex-président Alpha Condé (avec rang de ministre d’État), a pu librement quitter Conakry mi-janvier pour Abidjan. La justice guinéenne l’a blanchi des accusations de détournement de deniers publics, blanchiment d’argent, corruption et complicité dans l’affaire « Nabayagate », du nom de Zenab Nabaya Dramé, l’ancienne ministre de l’Enseignement technique, suspectée d’avoir détourné 15 millions de dollars entre 2014 et 2018.
Visite à Blaise Compaoré
Son passeport, jusque-là confisqué par les autorités de transition, lui a été restitué et son assignation en résidence surveillée a donc été levée. Au terme de son interpellation, au lendemain du coup d’État de septembre 2021, il avait été placé sous contrôle judiciaire et reconduit à son domicile, où il était depuis reclus.
En Côte d’Ivoire, Tibou Kamara se fait discret, préférant éviter les apparitions publiques. Plusieurs autres ex-ministres d’Alpha Condé sont en effet toujours détenus à Conakry. Il a ainsi renoncé à se rendre à Yamoussoukro, où se jouait le premier match du Syli national, l’équipe guinéenne, engagée dans la Coupe d’Afrique des nations (CAN), qui se tient dans le pays jusqu’au 11 février.
L’ancien porte-parole du gouvernement d’Alpha Condé, qui fut aussi le ministre de l’Industrie et des PME de ce dernier, s’est installé dans un grand hôtel d’Abidjan, où il devrait être rejoint par son épouse Mariam qui vit au Maroc avec leurs enfants. Dans la capitale ivoirienne, il est allé saluer l’ancien président burkinabè Blaise Compaoré, en exil depuis 2014, et prévoit également de rendre plusieurs visites de courtoisie à des politiques ivoiriens.
Tentatives de médiation
Cet ancien journaliste, fondateur de l’hebdomadaire L’Observateur en 2003, a toujours su habilement rebondir sous les pouvoirs successifs à Conakry. Nommé en 2008 président du Conseil national de la communication par Lansana Conté, il fut aussi ministre de la Communication sous Moussa Dadis Camara.
Ami avec Alpha Condé depuis de nombreuses années, il a été soupçonné d’avoir joué un rôle dans l’attaque du domicile du président en juillet 2011. Il a passé cinq ans en exil, avant que ce dernier, tout juste réélu, ne l’invite à rentrer au pays afin d’assister à son investiture. Médiateur de l’ombre aux premières heures de ce second mandat, il est ensuite revenu dans les bonnes grâces d’Alpha Condé, qui l’a nommé conseiller personnel début 2017, avant de le faire entrer au gouvernement en 2018.
Après l’arrivée au pouvoir de Mamadi Doumbouya et alors qu’il était assigné à résidence à Conakry, plusieurs chefs d’État africains comme le Togolais Faure Essozimna Gnassingbé ou l’Ivoirien Alassane Ouattara avaient plaidé en faveur de sa libération auprès du colonel et président de la transition guinéenne.
Jeune Afrique