« QUOI QU’ON PENSE ET DISE, PERSONNE NE PEUT REFUSER AU LEADERS DU CNRD SON ENGAGEMENT INITIAL A CHANGER RAPIDEMENT ET POSITIVEMENT LE PAYS.
Même les ennemis farouches de cette transition militaire reconnaissent sans ambages que le CNRD a réussies à actionner un inestimable coup d’accélérateur sur de nombreux projets et programmes de développement qui s’étaient arrêtés par le poids de la mauvaise gouvernance qui avait fini par asphyxier le régime du PRAC.
Il est indéniable qu’il y a eu de grands investissements publics surtout dans le domaine des routes avec une accélération admirable.
Comme beaucoup d’intellectuels objectifs ont pu le constater en observant un peuple satisfait de cet élan infernal pris par les nouvelles autorités transitionnelles qui répondent ainsi aux besoins et à sa demande sociale pressante d’un « peuple martyre fatigué de vivre avant d’avoir vécu. » selon Monseigneur ROBERT SARAH.
De même beaucoup de réformes engagées contre la corruption à grande échelle ont été à la pointe des attentes du peuple qui devrait en principe garder cet état d’esprit positif pour continuer à accompagner le CNRD. Jusqu’à la fin de cette transaction de tous les ESPOIRS.
Mais que s’est-il réellement passé pour que l’enthousiasme populaire du 5 Septembre baisse d’intensité de façon très drastique ?
La majorité des observateurs de forme penseront que c’est le CNRD et son gouvernement qui ont commencé à battre de l’aile à travers quelques dérapages ciblés !
Au crible d’une analyse profonde des nombreuses réformes douloureuses mais indispensables engagées par les nouvelles autorités, moi je pense que ces ruptures d’enthousiasme populaire sont techniquement les effets des réformes douloureuses sur tout quand elles touchent à la fois tous les secteurs vitaux et les intérêts croisés des lobbies sociopolitiques et économiques.
Pour moi, les choses se passent plutôt comme elles devraient se passer mais le vrai problème se situe dans l’ESPRIT ET LES TERMES DE LA PLANIFICATION FAITE PAR LE CNRD pour mieux conduire cette transition militaire.
Voici en réalité le problème technique de programmation d’esprit ou postulat qui n’a pas été suffisamment pris en compte et qui a faussé certaines précisions induisant l’enchaînement des actions à mettre en œuvre pour refonder l’Etat guinéen gravement sinistré par les devances répétées de régimes successifs depuis 1958.
En termes de POSTULAT pour la meilleure conduite d’une transition, il y a l’incontournable et l’indispensable travail préliminaire qui est d’AMENAGEMENT DE L’ESPACE DE LA TRANSITION pour permettre d’opérer des RUPTURES avec la situation initiale déliquescente et des SUTURES avec la situation souhaitée par tous les guinéens.
En ANALYSE TRANSITIONNELLE dès lors qu’une transition survient dans un contexte où tous les secteurs vitaux de l’Etat et de la république sont profondément déliquescents au point d’empêcher tout développement par une mauvaise gouvernance structurelle, certaines libertés fondamentales deviennent des obstacles si elles ne sont pas contrôlées.
Les réformes douloureuses qui imposent une adhésion de force sont antinomiques aux libertés sociopolitiques et à la liberté totale de la presse.
Si vous tenez à l’une des alternatives, vous êtes obligés de vous débarrasser de l’autre pour réussir les réformes douloureuses qui sont la raison qui a engendré la transition.
En Guinée, les autorités transitionnelles ont très vite annoncé que la transition s’adosserait sur l’Eta de droit avec la justice comme boussole.
D’abord au NORMATIF, le CNRD aurait suspendu immédiatement dès les environs du 5 Décembre 2021 tous les PARTIS POLITIQUES ET LES ORGANISATIONS DE LA SOCIÉTÉ CIVILE pour engager immédiatement un programme de 2 ans de refondation du système sociopolitique guinéen qui reste pour tous les spécialistes du développement rapide, le premier obstacle pour réussir les réformes douloureuses.
Je ne connais aucune transition de refondation qui a réussi avec les remous sociaux politiques engendrés par les acteurs sociopolitiques et ceux de la presse qui ne sont jamais indépendants des manipulations géopolitiques.
Voyons l’exemple du SINGAPOUR, du GHANA, du RWANDA et que sais-je, » le principe de base a été de circonscrire et contrôler les acteurs sociopolitiques et la presse en leur imposant un éditorial de débat en adéquation avec la ligne de développement de la transition.
Le gros problème de la transition guinéenne a été d’annoncer le respect scrupuleux des droits de l’homme sans les opposer au droit fondamental du peuple qu’est le DÉVELOPPEMENT.
Le CNRD a été tellement clément qu’il a maintenu fonctionnel les mouvements syndicaux et tous les partis politiques y compris celui qui était au pouvoir.
Pour reprendre la main sans trop de bruit, les autorités transitionnelles doivent réfléchir sur des actions stratégiques systémiques et chronologiques qui pourraient aider à impulser de nouvelles dynamiques de développement en réponse aux besoins et à la demande sociales pressante.
Il s’agira au point de vue opérationnel de prendre un ensemble de décisions stratégiques de rectification pour engager avec plus de vigueur les réformes douloureuses indispensables pour le développement et l’ancrage démocratique du pays.
Entre autres, je pense qu’il pourrait être stratégique de :
1- Annoncer une pause stratégique d’évaluation profonde du processus enclenché pour identifier les points et actions ratés et ceux réussis.
2- Élargir le CNRD à une équipe de Guinéens parmi les plus Compétents dans tous les domaines de développement et représentant toutes les catégories sociales du pays.
3- Assigner à cette équipe d’élite du pays de ré identifier et ré prioriser tous les problèmes et solutions pour non pas un retour précipité à l’ordre constitutionnel mais pour l’émergence rapide de la Guinée qui reste la panacée pour la viabilité démocratique.
4- Dissoudre les nomenclatures et les structures gouvernementales actuelles pour les aligner exclusivement aux priorités identifier avec de nouveaux organigrammes technique avec des secrétariats techniques , des responsables de programmes, des responsables d’évaluation et les chefs de sections strictement techniques qui fonctionneraient sur la base de la gestion axée sur les résultats avec des budgets alloués axés aussi sur les résultats.
5- Procéder à un autre exercice inclusif et participatif de ré planification indépendante basé sur l’atteinte des résultats de changements pour déterminer une durée normative de la transition sans contraintes ni des politiques encore moins de la communauté internationale.
6- Ré organiser l’administration publique en fonction des priorités retenues en vue de mieux atteindre les résultats attendus.
7- Ré évaluer les cadres promus et positionner les guinéens COMPETENTS qui allient parfaite connaissance, expérience et intégrité.
8- Créer une stratégie de mentorat rapide et de formation en management publique pour préparer les jeunes à acquérir l’expérience avant leur prise effective de fonction
9- Ré caler et adapter la loi fondamentale sur ces nouvelles réalités.
10- Imposer une véritable pause stratégique et une ligne cadrée de conduite aux acteurs sociopolitiques et de la presse pour soutenir la nouvelle orientation.
Sans prétendre être exhaustif, je pense quant à moi que c’est de cette façon que les guinéens pourraient transformer cette transition en vraie opportunité pour poser les bases de l’émergence et mettre en œuvre une démocratie durable et viable.
En dépit de tout ce qui précède, les guinéens doivent souhaiter à ce que le CNRD n’arrête pas les profondes et douloureuses réformes pour des raisons de pression internes ou externes dans le but d’accélérer adéquatement le retour à l’ordre constitutionnel, car ce sera une avalanche rythmée de plusieurs autres transitions dans les décennies à venir.
Ainsi, la Guinée continuera à tourner en rond au lieu de progresser et se développer au prorata de ses immenses potentialités
En bon entendeur salut.
Aimé Stéphane MANSARE.
SOCIOLOGUE.
Expert consultant en sciences sociales du développement.
PDG IPCJGUINEE.