Ce lundi 25 mai 2020 marque le 57ème anniversaire de la création de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) qui est devenue l’Union Africaine (l’UA).
A cette occasion, le président du Mouvement Panafricain des Leaders (MPL), Peter AFADODAN a fait un diagnostic du fonctionnement de cette institution panafricaine depuis cette date. Selon lui, le Continent africain est malade de ses leaders politiques. Lisez !!!
A QUAND LA REALISATION DES ETATS UNIS D’AFRIQUE ?
« Que ceux qui se sentent prêts avancent. Que ceux qui ne sont pas prêts restent sur place ». Cette déclaration a été faite par le feu Président Kadhafi lors du sommet de l’Union Africaine tenu à Accra le 27 Juin 2007. Pour le Président Kadhafi, les ambitions de l’Union Africaine ne doivent pas être bloquées par une minorité qui ne veut pas avancer. Malheureusement, quatorze ans après cette déclaration, rien ne bouge pour espérer la réalisation de la grande Afrique Unie. L’Afrique, on le sait bien, qu’elle est malade de ses leaders politiques. On ne le dira assez que le véritable problème de notre continent, est celui du leadership. Si non, comment comprendre soixante ans après les indépendances, les dirigeants africains n’ont pas pu réaliser l’unité africaine. Il existe toujours des clivages entre les régions en Afrique. Après soixante ans d’indépendance dans la balkanisation, l’Afrique demeure ce continent où la famine, les maladies, les épidémies sévissent, le plus au monde. Après soixante ans d’indépendance, l’Afrique est ce continent où toutes les organisations non gouvernementales, humanitaires et de développement sont présentes. Plus de soixante ans après les indépendances, l’Afrique continue de tendre la main à l’extérieur pour nourrir ses fils et filles. Plus de soixante ans après les indépendances, les africains continuent de s’entretuer et de se déchirer pour la conquête et de la conservation de pouvoir. Plus de soixante ans après les indépendances, les grands projets intégrateurs peinent à se réaliser. La Chine a pris cinquante ans pour se développer, nous, nous avons pris cinquante ans pour nous déchirer. L’avenir de l’Afrique, se trouve dans l’unité africaine, c’est-à-dire le panafricanisme, entendu comme la construction d’une Afrique unie, prospère, grande et qui joue un rôle fondamental sur la scène internationale. C’est l’idéologie que nos pères fondateurs nous ont léguée pour construire l’Afrique. C’est cette voie qu’ils nous ont donné. Pourquoi, nous refusons de la suivre ou faire semblant de la suivre ? La construction de la Grande Afrique, passe par son unité. La construction de l’unité africaine est un impératif qui doit s’imposer à tous. D’ailleurs, déjà en 1963, le Président Kwame NKRUMAH déclarait « tel est le défi lancé aux leaders de l’Afrique. Nous devons saisir cette occasion exceptionnelle pour montrer que le génie de notre peuple peut nous permettre de dépasser les velléités de séparatisme en multitude de petits Etats souverains, puis construire rapidement, pour la plus grande gloire de l’Afrique et le progrès de ses populations, une union des Etats africains ». Croire en l’avenir de l’Afrique en dehors de son unité est une illusion. L’impératif de l’unité africaine doit devoir se réaliser à travers des grands projets intégrateurs. L’Union Africaine doit concevoir ces mégas projets et les réaliser pour le bonheur et pour la fierté des peuples africains. Le constat est amer. L’UA peine à prendre soin de notre maison Afrique. Beaucoup de chefs d’Etat pensent qu’ils peuvent donner un avenir radieux à leur peuple avec leurs ressources minières et pétrole. De ce fait, ils ne manifestent aucun intérêt pour les grands projets intégrateurs. Ils ignorent les enjeux géopolitiques actuels. La réalisation des mégas projets intégrateurs, vont contribuer énormément à la construction de la grande Afrique et butera la pauvreté hors du continent. Les grands projets intégrateurs qui sont souhaitables, entre autres : – La construction des barrages hydroélectriques ; – Des centrales nucléaires civiles ; – La construction de chemin de fer TGV Dakar-Mogadiscio-Cap-Abuja-Conakry-Dakar ; – La construction des autos routes qui relient les différentes capitales entre elles ; – La construction des grandes industries de production de biens ; – La construction de grands ports et aéroports ; – La construction des grandes universités d’ingénieurs et de scientifiques ; – Des grandes fermes agricoles et des grandes sociétés agroalimentaires ; – La construction des grands hôpitaux équipés ; – La renaissance de la compagnie AIR AFRIQUE ; – Construire et lancer des satellites dans l’espace. La Chine a réussi à construire en trente ans le premier réseau ferroviaire et routier au monde et le deuxième réseau aéroportuaire au monde. Sur les dix ports, les plus grands au monde, sept se trouvent en Chine. Contrairement à l’Afrique, après soixante ans d’indépendance, il est toujours difficile de voyager en Afrique. Sur les dix grands ports au monde, aucun n’est en Afrique. Sur les dix grands aéroports au monde, aucun n’est en Afrique. Nous avons passé soixante ans à nous occuper des crises politiques inutiles qu’on pouvait éviter si l’indépendance n’était pas acquise dans la balkanisation, ou du moins, si nos cœurs étaient démocratiques. Les autres ont pris cinquante ans pour s’occuper des mégas projets de développement de leur pays. Africains, réveillons-nous ! Un autre épisode qui m’attriste le plus, est celle de la compagnie air Afrique. La compagnie AIR AFRIQUE, une compagnie qui faisait la fierté de tout un continent, a fait faillite faute d’une gestion saine et rationnelle. Certaines langues disent que les projets des compagnies nationales et privées avaient précipité sa faillite. Je suis de cet avis. La gestion de cette compagnie était une gabegie aux vues et aux sus de tout le monde. On pouvait faire trainer un avion de la compagnie dans un aéroport durant des heures pour attendre une femme, une maitresse ou un enfant d’un chef d’Etat africain. C’était vraiment une merde, la gestion de cette compagnie. Les gens se sont organisés pour faire couler cette compagnie au profit des projets égoïstes. Voir le nom de son pays sur un avion qui ne peut relier votre capitale à toute l’Afrique ou votre capitale à une ville européenne, n’est que pure orgueil. Les compagnies nationales ou privées ne peuvent couvrir toute l’Afrique et relier le monde à l’Afrique. D’ailleurs, combien de ces compagnies relient l’Europe ou les USA avec leur capitale ? Les billets restent très chers en Afrique et peu d’africains voyagent par avion en Afrique. La renaissance de la compagnie AIR AFRIQUE, avec une gestion saine et rigoureuse, pourrait aider à régler tous ces problèmes. Il faut un leader panafricain et courageux pour porter ce projet. Les compagnies nationales pourront fondre une partie de leurs actifs dans la nouvelle compagnie AIR AFRIQUE. La seconde partie de leurs actifs, pourrait servir pour les vols nationaux. Certains constats sont révoltants pour la jeunesse africaine. Par exemple l’uranium africain, sert à produire de l’électricité dans les centrales nucléaires françaises pour éclairer la France. Au même moment, les populations des pays comme le Niger, manquent de l’énergie électrique. Un autre projet qui peine à se réaliser, faute de réelle volonté politique des dirigeants africains, est celui des passeports africains. Pour rappel, le 23 février 2017, lors de sa 661ème réunion, le conseil de paix et de sécurité de l’UA, a exhorté tous les Etats membres à adopter le passeport africain et à appliquer le protocole relatif à la libre circulation des personnes, facteur de prospérité. A ce jour ce projet n’est pas toujours effectif. En attendant l’avènement des Etats Unis d’Afrique, que les leaders décident de donner la possibilité aux africains d’avoir un passeport africain pour circuler librement en Afrique, reste une noble ambition. L’adoption du passeport africain va de pair avec la suppression des visas pour les africains. Mais, ce qui me rend perplexe, c’est que, pourquoi, en attendant l’adoption du passeport africain, l’UA ne peut pas suivre l’exemple de la CEDEAO (seize pays) qui a supprimé les visas à tous ses ressortissants ? Si la CEDEAO avec 16 pays, a réussi à le faire, pourquoi l’UA ne peut pas le faire avec un peu de volonté politique ? Je suis tout le temps sidéré de payer visa avant de me rendre dans un pays africain. Je suis encore plus atteint dans mon âme d’africain de voir certains Etats africains, refuser le visa aux jeunes africains qui veulent aller chercher leur bonheur dans un autre pays africain. Quelle honte pour notre continent ! L’Afrique a besoin de nouveaux leaders panafricains qui sont prêts à avancer, qui sont prêts à trouver un compromis pour réaliser les Etats Unis d’Afrique. Le rôle de la jeunesse est d’encourager et de soutenir les champions qui sont prêts à avancer. La jeunesse aura tort de soutenir un leader non panafricain. Nous devons continuer d’espérer et de croire en l’avenir de l’Afrique. Nous devons aussi mobiliser de toutes nos énergies et ressources pour l’avènement des Etats Unis d’Afrique. Tout le monde sera gagnant avec les Etats Unis d’Afrique.
Peter AFADODAN