Au Mali, toujours pas de résultats pour le référendum constitutionnel de dimanche dernier, mais un taux de participation provisoire est estimé à 38%. C’est ce qu’a annoncé ce mercredi après-midi l’Autorité indépendante de gestion des élections (Aige), qui avait convoqué la presse à Bamako. Les Maliens attendaient les résultats du référendum. Ils attendaient également des explications sur les accusations de fraudes massives ou sur la polémique autour du vote dans la région de Kidal. Il a eu lieu dans toute la région selon l’Aige, nulle part selon les observateurs électoraux et selon les sources jointes par RFI, qui décrivent des nominations de dernière minute dans les délégations locales de l’Aige pour contourner le blocage initié par les groupes armés signataires de l’accord de paix et organiser malgré tout un vote, ou un simulacre de vote, selon les positions.
Aucune précision sur ces points lors du point presse de l’Aige, mais quelques premiers enseignements : selon l’Autorité indépendante de gestion des élections, le taux de participation s’élève « à ce stade » à 38%.L’Aige précise que plus de 24 000 des 24 416 bureaux de vote ont déjà été traités, sans compter les militaires : ils avaient voté par anticipation une semaine plus tôt, dès le 11 juin, mais le dépouillement de leur vote s’effectue « au même moment que celui du scrutin général » et n’a pas encore été pris en compte. 38% de participation, c’est 10 points de plus que l’estimation de la Mission d’observation électorale. Un écart plus que conséquent et qui pourrait encore se creuser. En effet, le président de l’Aige, Maître Moustapha Cissé, précise que le taux de participation « est susceptible d’évoluer favorablement » avec l’arrivée progressive des nouveaux résultats. Quel pourcentage total pour le oui, pour le non, quelle participation et dans quelles parties du territoire ? Les Maliens seront fixés au plus tard ce vendredi 23 juin, conformément au délai légal. Le Front uni contre le référendum demande son annulation, ce front uni contre le référendum, qui rassemble les nombreuses organisations politiques et de la société civile qui appelaient à voter « non » ou à ne pas aller voter dimanche, a dénoncé mardi 20 juin dans un communiqué un scrutin « entaché d’irrégularités » et appelé les autorités de transition à en tirer les conséquences.
Parmi les membres de ce Front uni qui entend défendre la démocratie malienne : la CMAS, le mouvement de l’influent imam Mahmoud Dicko. « Il y a eu des irrégularités et des manquements le jour du vote, explique le coordinateur du CMAS, Youssouf Daba Diawara. On a constaté qu’il y a beaucoup d’endroits où les gens n’ont pas pu aller voter, et on a constaté des fraudes massives. Par exemple, là où il y a des déplacés, dans le Nord et dans la région de Mopti, les gens ne sont pas présents, mais on a des vidéos où l’on voit des gens émarger à la place des autres. Au-delà de tout cela, lors du vote des militaires qui s’est passée par anticipation [le 11 juin, une semaine avant le reste de la population le 18 juin, NDLR], il n’y avait pas de liste électorale, il n’y avait pas de liste d’émargement, tu venais et tu votais comme bon te semble. Ça décrédibilise le scrutin. Les autorités doivent annuler purement et simplement cette élection. L’organe de gestion qui a été mis en place [l’Aige, créée par les autorités de transition et qui organisait dimanche son premier scrutin, NDLR] est vraiment décrié et nous demandons aussi la démission de ses membres, car ils ont montré qu’ils ne peuvent pas organiser des élections transparentes au Mali. »
Mamoudou DAMAN pour www.lavoixdupeuple.info