Nous sommes bien en Guinée, le pays des espoirs ratés, des rendez-vous manqués, des opportunités jamais saisies. Le pays des poètes et théoriciens dont l’unique talent est de faire jongler leurs habituels gros mots face à nos mortels maux. Dans ce pays, la gueule a pris la place du cœur. Oui en Guinée on a la grande gueule pour ses intérêts individuels mais jamais le cœur pour la patrie.
Nous sommes dans le pays où les meilleurs sont ceux qui ont appris à aboyer et à secréter leur venin de démagogie, d’opportunisme et de fourberie dans une insensée et agaçante rhétorique pour berner et laminer un peuple en souffrance.
La Guinée, c’est aussi le pays où les corrompus donnent des leçons aux intègres, les malhonnêtes aux honnêtes, les vicieux aux vertueux, les anciens dignitaires aux nouveaux. Dommage pour le pays de AST !
Ces pseudos intellectuels qui tirent aujourd’hui à boulet rouge sur la transition en cours exhibent sans le savoir non seulement la profondeur de leur limite mais aussi et surtout la couleur de leur rage à cause des ambitions personnelles non assouvies. Le sens de leur conviction est déterminé par celui de leur intérêt. Sinon où étaient ces démocrates circonstanciels, ces intellos en carton lorsque le 05 septembre 2021, le colosse du palais Mohamed V, s’emparait du pouvoir en violation des principes démocratiques et dissolvait la constitution ? Qui a pu broncher un mot ou oser ciller les yeux ? Y a-t-il parmi les griots d’aujourd’hui quelqu’un qui a pu simplement rappelé au CNRD que son pouvoir n’était pas légal ?
Le putsch du 05 septembre n’a pas été seulement salué, il a été célébré en fanfare et accueilli dans la plus grande ferveur. En ces moments là, le Colonel n’était pas un démon à diaboliser, mais un ange qui ressuscitait l’espérance. Il était pris, comme le prédisait Camara laye dans DRAMOUS, pour le « lion noir » qui devra sauver la Guinée. Foutez donc lui la paix ! Il n’est nullement intéressé par vos diatribes. Pour ce qui est du coup perpétré, il s’agissait d’une délivrance que ces « prophètes de la démocratie » ont applaudi de plein gré.
Quel moustique les a donc piqués pour que subitement, ils se transforment en des snipeurs dont la cible est ceux qu’ils ont adulés il y a moins de deux ans? L’hypocrisie est vraiment guinéenne.
Qu’il soit politique ou non, au pays ou en dehors du pays, l’intellectuel guinéen est malheureux ; il est à la fois son problème et celui de son pays ; il est une déception et une malédiction.
Durant 64 ans, la seule mission qu’il a su bien accomplir est celle de parler; et le seul trophée qu’il a remporté est celui du meilleur orateur. Merci Messieurs les grands discoureurs pour votre brillance, pour votre art dans le maniement de la langue. Vous feriez bonne compagnie avec Jean Luc Melanchon. Mais la Guinée n’a pas besoin de vos services. Parce que comme vous le constatez vous-même, la Guinée est désormais dans le concret, le réel. Il n’y a plus de place pour la distraction et le folklore. Nous voulons enfin voir ce pays bâti à la hauteur de ses potentialités. Et cela ne se fait pas par le bruit des gueules, mais par le battement des cœurs, le patriotisme.
Cette transition est une occasion importante, comme celles que nous avons lâchement manquées hier et avant-hier, de mettre ce pays sur les rails. Elle est l’occasion de faire face pour une fois à l’essentiel. Depuis des décennies, nous ne faisons que mettre des bulletins dans les urnes. Et pour quel résultat ? A présent, les bulletins peuvent attendre. Ils ne sont point la préoccupation des millions de guinéens confrontés à la dure bataille du quotidien. Un quotidien fait de souffrance et de misère. Il faut y faire face, et urgemment.
Pour l’heure, le CNRD le fait bien. Pas question de céder au chantage des délinquants financiers déguisés en politiques et soutenus par des intellectuels aux abois. Le pays est en chantier, c’est ce qui compte.
OUSMANE SIDIBÉ
Citoyen engagé